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COVID-19 et mentorat d'une étudiante en sciences infirmières

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Qui aurait pensé qu’une étudiante en sciences infirmières choisirait un foyer de soins de longue durée en pleine pandémie pour faire son stage de formation pratique en soins infirmiers, qui est obligatoire pour obtenir le diplôme.

Ce fut ma première réaction lorsque la direction m’a annoncé qu’une étudiante en sciences infirmières avait été embauchée pour travailler comme préposée aux services de soutien à la personne (PSSP) au Foyer de soins de longue durée d’Edgewater Gardens, à Dunnville, en Ontario. Elle avait décidé de terminer sa formation pratique en sciences infirmières en se portant candidate pour occuper un poste de PSSP durant l’été.

Alissa Lambert, une étudiante en sciences infirmières au Collège Georgian, campus de Barrie, a donc commencé son stage sous ma tutelle en mai dernier.

Ouah!  J’ai bombardé la direction de questions! Que pensaient-ils? Qui était donc cette Alissa? Ai-je vraiment le temps de gérer une étudiante? Quel sera le rôle et l’implication des enseignants? Est-ce un emploi sûr pour une étudiante? Qui peut vraiment avoir envie de vivre une telle expérience durant une pandémie après avoir lu les gros titres sur les décès dans les foyers de SLD et les règles strictes que nous devions suivre à ce moment-là?

Le premier jour de travail d’Alissa, notre établissement en était à son 73e jour de confinement. Nous étions toujours en période d’adaptation à notre nouvelle réalité en milieu de travail. J’ai été agréablement surprise par Alissa qui avait hâte d’apprendre et de relever le défi.

Lorsque notre établissement est en « confinement », les résidents ne peuvent pas quitter le foyer et aucun visiteur ni aucun proche ne peuvent leur rendre visite, à l’exception des patients qui sont en soins palliatifs. Tout le monde devait porter un ÉPI et le personnel devait effectuer des contrôles de température deux fois par jour et un test de dépistage par écouvillonnage à la COVID-19 toutes les deux semaines.

Si Alissa était intimidée par tout cela, elle ne l’a pas montré.

Près de deux mois plus tard, Alissa est actuellement à mi-parcours des 450 heures qu’elle doit effectuer pour terminer sa formation pratique en soins infirmiers. Ayant eu l’occasion de travailler durant les trois quarts de travail, elle a suivi toute une courbe d’apprentissage!

Je suis, avec surprise, ravie de dire que nous avons vécu toutes les deux une expérience hors du commun.

En participant à cette nouvelle façon de dispenser des soins en pleine pandémie, Alissa a appris que rien n’est impossible. Elle a appris à aiguiser son esprit critique, à améliorer sa communication avec les médecins, à faire des réunions virtuelles avec des spécialistes, à améliorer les pratiques de contrôle des infections et à travailler en étroite collaboration avec l’équipe de soins, puisque les ressources externes sont indisponibles durant cette période.

Lorsqu’on lui a demandé pourquoi elle avait voulu terminer sa formation pratique en pleine pandémie de COVID-19, elle a répondu : « Pourquoi pas! Je voulais me mettre au défi de travailler durant une pandémie et vivre cette expérience pour de vrai, ne pas seulement lire des histoires sur le sujet dans un manuel de cours. J’ai appris ce qu’est vraiment la COVID-19 et j’ai vu les conséquences humaines de la COVID-19. »

Étant donné que les règles et les directives concernant les foyers de SLD changent presque quotidiennement, nous devons continuellement adapter notre plan pour répondre aux besoins des résidents et du personnel. Nous continuerons à désinfecter nos vêtements personnels au travail, à porter notre équipement de protection individuelle, à répondre aux questions de dépistage en arrivant au travail et en partant du travail, à nous laver les mains à de nombreuses reprises, à vérifier notre température deux fois par quart de travail et à effectuer des tests par écouvillonnage bihebdomadaires afin de dépister une éventuelle contamination à la COVID-19. En dehors du travail, nous nous engageons à pratiquer la distanciation sociale en maintenant nos interactions sociales au strict minimum. Grâce à nos sacrifices personnels, il n’y a eu à ce jour aucune contamination à la COVID-19 parmi les résidents et le personnel depuis plus de 136 jours.

Alissa terminera son stage en ayant amélioré ses compétences pratiques bien au-delà des cathétérisations, des injections intramusculaires (IM), des procédures de pansements stériles, l’administration de médicaments et d’analgésiques narcotiques. Durant cette pandémie, elle a acquis une expérience qui ne pourra jamais être remise en doute.

En réfléchissant au mentorat d’Alissa en pleine pandémie de COVID-19, je réalise combien cette pandémie m’a donné une nouvelle perspective sur la façon de considérer ma propre carrière en soins infirmiers. Après 31 années d’expérience en tant qu’infirmière auxiliaire autorisée, j’ai moi aussi acquis un grand nombre de nouvelles compétences.

Comme le disait Florence Nightingale : « Ne perdez jamais une occasion d’acquérir une expérience pratique, aussi petite soit-elle, car c’est merveilleux de voir la rapidité à laquelle les graines de moutarde germent et s’enracinent solidement ». [Traduction libre]

Shannon Nolan, IAA
Foyer de SLD Edgewater Gardens
Trésorière de la Division des IAA de l’OPSEU/SEFPO
Présidente de la section locale 214 de l’OPSEU/SEFPO, membre du CPDP