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La force du passé : Poursuivre l'activisme dans le monde de 2020

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Ces derniers mois, nous avons assisté à des manifestations de masse au Canada et aux États-Unis, notamment contre le racisme, Doug Ford et la construction d’un gazoduc sur le territoire des Wet’suwet’en. Il y a beaucoup de colère dans nos communautés au sujet du racisme, de la discrimination et de l’avenir dans nos pays respectifs. Des enjeux qui nous ont unis, mais également divisés. S’appuyant sur les mouvements précédents, des membres de la nation Wet’suwet’en et leurs alliés autochtones et canadiens ont manifesté pour protéger les droits environnementaux des Autochtones au Canada. Après la mort très médiatisée de George Floyd aux mains de policiers, des manifestations du mouvement Black Lives Matter (BLM) ont eu lieu et se poursuivent à l’heure actuelle au Canada, aux États-Unis et dans le monde entier. Les manifestations continuent, mais face à la fatigue qui commence à se faire sentir chez les activistes, face aux incessantes compressions et face au racisme systémique, chacun doit puiser au plus profond de lui-même pour trouver la force de continuer. Notre travail est primordial et nous n’avons pas besoin de regarder loin dans le passé pour trouver cette force.

Par l’intermédiaire du SEFPO et de nos organisations locales, nous sommes nombreux à avoir rejoint le mouvement au fil des ans pour promouvoir et mettre en lumière la voix de BLM et des Autochtones et exiger un changement de société. Au moment où nous cherchons à renforcer notre syndicat et le mouvement syndical, nous pouvons continuer à nous joindre à la lutte de nos alliés des mouvements pour la justice raciale. Comme l’a montré notre récente télétribune, beaucoup de nos membres sont profondément touchés par le racisme anti-Noirs. En tant que personne racialisée, je peux également me référer à mes propres expériences avec le racisme. Nous avons également tous un rôle à jouer pour éradiquer le racisme systémique. Nous pouvons non seulement soutenir ces mouvements, mais également tirer des leçons sur les raisons pour lesquelles ils ont commencé et la mobilisation ne faiblit pas. Le mouvement Black Lives Matter s’est cristallisé en 2014 après la mort d’Eric Garner aux mains de la police. Cette année marque le 30e anniversaire de la crise d’Oka durant laquelle les Forces canadiennes, la GRC et la police provinciale du Québec sont intervenues pour mettre fin aux manifestations pacifiques de la communauté Kanien’kehà:ka de Kanesatake. En cette année 2020, alors que la pandémie de COVID-19 sévit dans le monde entier, beaucoup d’entre nous peuvent avoir la tentation de s’interroger sur la pertinence de l’activisme. Mais il n’est pas nécessaire de chercher très longtemps pour voir que l’activisme porte fruit.

Les manifestations portent fruit. L’activisme porte fruit. Même en cette année 2020, nous avons pu nous rassembler et défendre nos droits. Le SEFPO a négocié avec succès la prime liée à la pandémie et une meilleure protection pour les travailleurs durant la COVID-19. Les manifestations des membres de la nation Wet’suwet’en et leurs alliés autochtones et canadiens ont abouti à la signature d’un protocole d’entente dans lequel les gouvernements du Canada et de la Colombie-Britannique reconnaissent les droits et les titres détenus dans le cadre du système de gouvernance propre à la nation Wetʼsuwetʼen. Les gouvernements canadien et britanno-colombien se sont en outre engagés à mettre en place un processus visant à négocier les compétences en matière d’aménagement du territoire, de ressources, ainsi que du bien-être des enfants et des familles sur une période de 12 mois. Suite aux manifestations du mouvement BLM aux États-Unis et dans le monde entier, les policiers impliqués dans la mort de George Floyd ont été arrêtés, plusieurs juridictions se sont engagées à réduire le financement de la police et à réallouer les fonds aux services sociaux afin de mieux répondre aux besoins de leurs communautés, de nombreuses autres se sont engagées à réformer leur service de police et des organisations non gouvernementales ont reconnu l’importance de mettre fin au racisme systémique.

Mais les nombreux autres incidents non résolus montrent qu’il nous reste encore beaucoup de travail à faire. Nous devons continuer la lutte pour nos membres de première ligne qui sont confrontés à des problèmes liés à la pandémie de COVID-19 dans leur milieu de travail. Citons également Regis Korchinski-Paquet, une jeune femme canadienne afro-autochtone de Toronto, qui a fait une chute mortelle lors d’une intervention policière.  Bien que les policiers aient récemment été disculpés de toute faute par la « police des polices », l’Unité des enquêtes spéciales de l’Ontario, sa famille croit que la police avait un devoir de diligence lorsqu’elle est entrée dans son appartement.  Et aucune accusation n’a été portée contre quiconque dans la mort de Breonna Taylor, qui a été tuée par la police dans son sommeil lors d’une intervention policière à son domicile. Deux déversements d’hydrocarbures se sont produits sur le territoire de Wet’suwet’en à la fin du mois de mai, comme le craignaient les membres de la communauté. Et la mort de Chantel Moore, membre de la première nation de Tla-o-qui-aht, lors d’une visite de la police pour vérifier son état de santé, montre qu’il nous reste encore beaucoup de chemin à faire.

L’action collective porte fruit. Les manifestations de cette année, qui ont rassemblé des gens de partout au Canada et dans le monde, montrent que lorsqu’on s’unit pour défendre tous nos droits, on peut accomplir de grandes choses. Nous devons continuer à tirer parti de nos réalisations pour défendre les droits des peuples racialisés et autochtones du Canada et du monde entier, éradiquer le racisme systémique et protéger nos droits et les droits de nos enfants à vivre dans un monde exempt de discrimination et de dégât causé à l’environnement. Nous devons continuer à défendre nos membres dans leur milieu de travail. Le coût de l’inaction est vraiment trop élevé.  En continuant la lutte ensemble, nous pouvons accomplir de grandes choses.

Riese Stuber, they/them/ils, délégué syndical de la section locale 649, membre du CPJT, représentant du Comité provincial des jeunes travailleurs de la Région 6, membre du Comité des relations employés-employeur pour le ministère du Procureur général