Tirer des leçons du passé pour un avenir meilleur : Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale (21 mars)

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Le 21 mars, nous nous joignons aux travailleuses et travailleurs du monde entier pour célébrer la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. Créée par les Nations Unies en 1966, cette journée honore et commémore les vies perdues lors du massacre de Sharpeville, il y a soixante-quatre ans. Le 21 mars 1960, à l’époque de l’apartheid, la police coloniale ouvre le feu sur des manifestants pacifiques qui protestent contre les « lois relatives aux laissez-passer » ségrégationnistes et racistes de l’Afrique du Sud. Cet acte manifeste de la violence d’État coûte la vie à 69 personnes et fait des centaines de blessés.

Le thème de cette année, « Une décennie de reconnaissance, de justice et de développement : Mise en œuvre de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine », marque la clôture de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine des Nations Unies. Les horreurs du passé nous rappellent comment les puissances économiques et politiques se fédèrent pour enraciner les violences systémiques, telles que le racisme et le racisme anti-Noirs à l’échelle mondiale. La discrimination raciale, qui fait partie intégrante des structures systémiques et des institutions d’aujourd’hui, est une injustice que nous devons combattre dans nos milieux de travail et l’arène politique.

Nous appelons tous les membres de l’OPSEU/SEFPO à faire preuve d’une solidarité sans faille en matière d’équité. Prendre en compte l’histoire de la discrimination raciale dans nos milieux de travail et au Canada, c’est prendre en compte les systèmes interconnectés et mondiaux d’oppression.

En Afrique du Sud, le 21 mars est un jour férié, qui est également reconnu comme la Journée des droits de la personne par le militant anti-apartheid et le défunt président sud-africain Nelson Mandela. Le Canada doit apprendre de cette journée commémorative.

Le soutien du Canada au régime d’apartheid en Israël (Amnistie internationale) met en exergue la collusion entre les pouvoirs pour maintenir les systèmes mondiaux d’oppression. Récemment, l’Afrique du Sud a déposé une plainte contre la campagne génocidaire israélienne à Gaza devant la Cour internationale de justice (CIJ), et la Cour a reconnu, dans sa décision, l’ampleur de la tragédie et recommandé un cessez-le-feu. Le Canada a néanmoins choisi de soutenir Israël dans sa contestation juridique.

Le gouvernement fédéral canadien a également été confronté à une myriade de critiques et de procédures au niveau national en ce qui concerne les droits de la personne au cours des décennies et la surreprésentation des enfants autochtones et noirs au sein du système de bien-être de l’enfance de l’Ontario. Dans certaines provinces, les jeunes autochtones représentent jusqu’à 74 pour cent des enfants pris en charge. Les défenseurs des droits des autochtones ont souligné qu’il s’agissait d’une perpétuation de « la rafle des années 60 » – la séparation violente et systémique des enfants autochtones de leurs familles par l’État.

Partout au Canada, des processus racistes de longue date, tels que les détentions à la frontière et les politiques fédérales préférentielles en matière d’immigration, renforcent la discrimination raciale et le pouvoir politique. Les détenus noirs et racialisés, les demandeurs d’asile africains en particulier, font face à des périodes de détention beaucoup plus longues.

Le nombre de décès causés par des actions policières est également en hausse depuis l’an 2000, et les membres des communautés autochtones et noires sont frappés de manière disproportionnée. Alors qu’ils ne représentent que 3,5 pour cent de la population canadienne, les membres de la communauté noire comptent pour près de 1/10e de la population carcérale totale. Les peuples autochtones représentent le tiers de tous les détenus, mais seulement cinq pour cent de la population adulte au Canada.

Ces disparités raciales s’étendent à tous les secteurs. En tant que syndicalistes, nous sommes conscients que les personnes des communautés noires, autochtones et racialisées sont frappées de manière disproportionnée par les inégalités en matière de soins de santé, les inégalités salariales, les pratiques d’embauche discriminatoires, le chômage et le sous-emploi, et que notre lutte contre ces inégalités est indissociable de notre lutte contre le racisme.

Dans le cadre de cet effort visant à regarder l’histoire en face, l’OPSEU/SEFPO a récemment créé et pourvu sept nouveaux sièges d’équité au Conseil, qui permettront au syndicat de répondre aux demandes des membres qui souhaitent que le Conseil exécutif reflète la diversité de l’effectif. Ce processus, qui a pris plus d’une décennie avant de voir le jour et qui découle des recommandations du Projet de cartographie sociale, avait été appuyé et dirigé par la Coalition des travailleurs racialisés (CoTR). Nous sommes reconnaissants aux membres ordinaires du syndicat pour leur travail et l’adoption de l’amendement constitutionnel qui a permis la création de ces sièges d’équité au Congrès de 2023, et au Comité d’équité du conseil (CÉC), qui a travaillé d’innombrables heures pour conduire à bon terme un processus juste et équitable. Le syndicat souhaite la bienvenue aux sept personnes nouvellement élues à notre Conseil exécutif, en particulier aux femmes noires et autochtones qui ont été élues parmi elles.

Le changement, ça prend du temps, mais ça commence aujourd’hui – l’OPSEU/SEFPO déploie tous les efforts pour mener à bien les changements structurels attendus depuis longtemps. Au cours des dernières années, les membres ont adopté avec succès des amendements aux Statuts de l’OPSEU/SEFPO, comme le libellé suivant :

« identifier et démanteler activement le racisme anti-Noirs, le racisme anti-Autochtones et toutes les formes de racisme et de discrimination au sein de ses systèmes et structures afin que tous les membres aient pleinement accès aux services et puissent participer pleinement au Syndicat; et

« la formation obligatoire de l’OPSEU/SEFPO sur le démantèlement du racisme anti-Noirs, du racisme anti-Autochtones et de toutes les autres formes de racisme et de discrimination » que tous les dirigeants élus doivent suivre dans les 60 jours suivant leur entrée en fonction.

L’éducation est la voie à suivre sur le chemin qui mène à un avenir antiraciste. Le Programme de démantèlement du racisme systémique est maintenant obligatoire pour tous nos dirigeants élus, qui peuvent communiquer avec leur représentant du personnel pour s’inscrire.

Le samedi 23 mars 2024, la Coalition des travailleurs racialisés organisera son premier Sommet électoral depuis qu’elle est officiellement devenue un comité de l’OPSEU/SEFPO. C’est l’occasion de mobiliser les membres noirs et racialisés, d’élire leurs représentants, de contribuer au progrès du syndicat, et d’avoir un espace pour explorer et discuter des stratégies essentielles qui feront progresser les priorités du syndicat, et démanteler le racisme anti-Noirs grâce à des changements durables et significatifs.

Ce sont les étapes sur le chemin de l’unification de notre syndicat et d’un avenir antiraciste. Faisons que ce jour soit un appel à l’action pour le travail à venir. Alors que nous aspirons à un avenir exempt de discrimination raciale, nous devons tenir compte du fait que le racisme anti-Noirs, la xénophobie et l’intolérance religieuse persisteront au niveau mondial tant que les politiques, les frontières et les institutions les renforceront.

Nous ferons tous partie de l’histoire un jour – tirer des leçons du passé, c’est pouvoir regarder l’histoire en face.

En solidarité,

Peter Thompson, président de la Coalition des travailleurs racialisés (CoTR)
JP Hornick, présidente de l’OPSEU/SEFPO
Laurie Nancekivell, première vice-présidente/trésorière de l’OPSEU/SEFPO

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