Ottawa – Conditions de travail insoutenables, ressources insuffisantes et vaines promesses de temps meilleurs. Ressentant l’urgence du moment, c’est ce dont parlent les travailleurs de la protection de l’enfance de la région d’Ottawa. Après neuf mois de négociations, pour plus de 320 travailleurs de la Société de l’aide à l’enfance d’Ottawa (SAEO), le délai de grève approche à grand pas. À moins qu’une entente de principe ne soit conclue avant minuit une le 6 juillet prochain, ces membres de la section locale 454 de l’OPSEU/SEFPO seront en grève et des piquets de grève seront mis en place le matin du 8 juillet.
« Ça fait des années que nous nous plaignons de la détérioration de nos conditions de travail, tandis que des bureaux se ferment les uns après les autres droit sous nos yeux », a déclaré Michele Thorn, présidente de la section locale 454 de l’OPSEU/SEFPO. « Les travailleurs vont au-delà de leurs descriptions d’emploi pour combler les lacunes laissées par un gouvernement qui omet de financer les autres organismes communautaires, comme il le fait d’ailleurs avec nous. Et des enfants continuent de passer au travers des mailles du filet à des taux alarmants. »
« Nous sommes conscients des répercussions d’un arrêt de travail complet, mais les conditions actuelles sont insoutenables », a ajouté Mme Thorn. « Comment peut-on assurer la sécurité des enfants, des jeunes et des familles avec si peu de travailleurs? »
La section locale 454 de l’OPSEU/SEFPO représente les travailleurs de première ligne en protection de l’enfance, les conseillers en enfance et auprès des jeunes, le personnel de soutien administratif et de la TI, ainsi que le personnel des services directs, les travailleurs au bureau de placement, à la réception téléphonique et du système de placement familial et d’adoption, ainsi que les autres travailleurs de la Société d’aide à l’enfance d’Ottawa. Le syndicat et l’employeur se sont rencontrés une dernière fois mardi dernier pour une médiation, mais les pourparlers ont échoué après qu’il soit devenu clair que des améliorations en ce qui concernait les enjeux clés, tels que la protection contre les licenciements massifs et les augmentations salariales tant attendues n’étaient pas sur la table.
Le syndicat demande à l’agence d’accorder la priorité à l’accomplissement de son mandat, à savoir d’assurer « la sécurité et le bien-être des enfants et des jeunes » et de résister aux nouvelles coupures dans les ressources mises à la disposition des familles et des communautés. Comme le gouvernement Ford n’agit pas, ce travail doit être entrepris à la table des négociations.
« L’employeur prévoit des licenciements massifs imminents que nous ne pouvons pas nous permettre de faire et qui auraient un impact grave sur les familles que nous soutenons », a encore dit Mme Thorn. « Nous sommes déjà aux prises avec des taux élevés d’épuisement professionnel tandis que nous essayons de maintenir le rythme avec des cas de plus en plus complexes et des ressources qui s’amenuisent. Les mises à pied auront des conséquences désastreuses sur la charge de travail et ne feront que rendre plus difficile pour le personnel de garder les familles ensemble. »
À l’instar de nombreux organismes du secteur, la SAE d’Ottawa est aux prises avec une crise de recrutement et de maintien en poste due à des salaires trop bas, laquelle exerce une pression encore plus grande sur les travailleurs restants.
Les travailleurs de la SAE ressentent eux aussi l’impact de la hausse du coût de la vie, selon Michele Thorn. « Lors de la dernière ronde de négociations, le projet de loi 124 a eu un gros impact sur nos salaires. Nous avons dû nous y faire. L’employeur avait promis qu’il se « rattraperait » la prochaine fois. C’est toujours « la prochaine fois », mais c’est maintenant que nous souffrons. Notre travail est de plus en plus complexe et nous avons besoin de ressources pour relever les défis qui se présentent à nous. »
« Nous en avons marre de nous plaindre sur l’ampleur de la crise à la SAE et d’avoir l’impression que personne ne nous écoute », a ajouté Mme Thorn. « Si la province ferme les yeux sur la situation, nous sommes prêts à lutter publiquement et sur la ligne de piquetage. »
« Les enfants méritent mieux que des promesses », a déclaré JP Hornick, qui préside l’OPSEU/SEFPO. « Si Ford se souciait vraiment des enfants, son gouvernement ne continuerait pas de mettre en danger les enfants les plus vulnérables dans nos communautés, dont des centaines dans la région d’Ottawa et des milliers à travers la province, en continuant de sous-financer les Sociétés d’aide à l’enfance. »