Wendy Lee, section locale 575, enSolidarité
L’accès aux soins de santé primaires en Ontario a atteint un seuil critique.
Chercher en vain un médecin de famille est désormais la dure réalité de nombreuses personnes, comme en témoignent, par exemple, les images impressionnantes de Walkerton, en Ontario, où 1 000 résidents ont bravé des températures glaciales dans l’espoir d’être parmi les 500 patients qui seront acceptés par un nouveau médecin traitant. Les 500 autres ont été laissés pour compte. Juste un autre symptôme de notre système de santé public défaillant.
Le problème ne se limite pas aux régions rurales.
Le Réseau de santé de Scarborough (SHN), où je travaille, a créé une branche du service des urgences pour tenter de compenser le recours élevé aux services d’urgence. Reconnaissant que certaines visites aux urgences sont celles de patients sans médecin traitant qui sont atteints de maladies chroniques, le SHN tente de faire face aux besoins croissants des patients avec les ressources limitées que lui procure le gouvernement en créant des capacités d’innovation pour pouvoir fournir des soins supplémentaires.
Cette crise croissante a été au cœur des débats de l’Assemblée de l’Ontario Health Coalition (OHC), qui s’est tenue les 25 et 26 janvier derniers au YMCA du centre-ville de Toronto. Avec plus de 150 participants en personne et 90 autres en virtuel, l’Assemblée a réuni des professionnels de la santé, des chercheurs, des représentants politiques et des citoyens intéressés dans le but d’élaborer des stratégies pour protéger et solidifier les soins de santé publics en Ontario.
Doug Allan, membre de longue date du conseil d’administration de l’OHC et éminent chercheur en soins de santé, a dressé un tableau sombre de l’état actuel des choses dans les hôpitaux de l’Ontario. « Tous les hôpitaux sont en crise, avec des déficits avoisinant déjà les 800 millions de dollars », a-t-il déclaré. Avec 35 000 emplois hospitaliers vacants dans toute la province et la réduction de la capacité d’accueil des hôpitaux, l’Ontario a besoin de 4 700 lits supplémentaires juste pour stabiliser le système. Pourtant, le gouvernement du premier ministre Doug Ford ne s’est toujours pas engagé à établir une assise financière stable et soutenue pour le système.
Monsieur Allan a également souligné la poursuite incessante du programme de privatisations, citant les services de chirurgie de la cataracte où les 20 % les plus riches en Ontario en ont bénéficié tandis que le reste de la population recevait moins de soins. Plus de détails de Doug Allan dans The Jacobin.
Soins de longue durée
La situation des soins de longue durée (SLD) en Ontario n’est pas meilleure. La Dre Vivian Stamatopoulos, universitaire de premier plan dans la recherche sur les soins de longue durée, a appelé le gouvernement Ford à adopter le projet de loi 218, qui met les sociétés de SLD à but lucratif à l’abri de toute responsabilité juridique et financière.
« Pour obtenir justice, les familles doivent désormais faire des pieds et des mains », a-t-elle expliqué. Malgré les pertes de vies catastrophiques enregistrées dans les foyers de soins de longue durée pendant la pandémie de COVID-19, l’Ontario n’a pas repris ses inspections régulières des établissements. Pire encore, certains des exploitants privés les moins performants se sont vu attribuer de nouveaux marchés publics, suscitant de sérieuses préoccupations relativement à la surveillance et à la responsabilisation.
Le Dr Dick Zoutman, spécialiste des maladies infectieuses, a souligné la nécessité d’une vigilance soutenue à l’égard de la COVID-19. « La Covid a été la troisième cause de décès au Canada en 2021, 2022 et 2023 », a-t-il fait remarquer. Malgré cela, le gouvernement Ford a largement abandonné les mesures préventives, même si les hôpitaux sont les principaux endroits de transmission. « La COVID longue touche 36 % des personnes qui ont contracté la COVID, ce qui signifie qu’un tiers des travailleurs de la santé en souffrent », a ajouté M. Zoutman, soulignant l’impact à long terme sur la main-d’œuvre d’un système déjà à bout de souffle.
Une des principales préoccupations soulevées à l’Assemblée était le rôle des équipes Santé Ontario (ÉSO). Ross Sutherland, infirmier et auteur de False positives – Private Profit in Canada’s Medical Laboratories, a soutenu que les :ÉSO n’avaient pas réussi à améliorer la coordination des soins de santé. « Il n’existe aucun plan véritable pour organiser et gérer les soins primaires d’une manière qui puisse bénéficier au public », a-t-il dit. Avec les élections provinciales qui approchent, il a souligné l’importance de profiter de ce moment pour exiger des changements.
JP Hornick : Ensemble, nous gagnerons.
JP Hornick, à la présidence de l’OPSEU/SEFPO, a également assisté à l’Assemblée, livrant un vibrant appel à l’action. « Ce gouvernement tient à ce que nous nous sentions isolés et impuissants, mais il ne nous connaît pas », a déclaré JP Hornick. « Les soins de santé publics ne sont pas une simple question de politique abstraite. Ils concernent nos familles, nos communautés et notre dignité. » JP a souligné l’importance d’agir ensemble, exhortant les participants à se mobiliser dans leurs communautés pour repousser la privatisation rampante au sein du système de santé de l’Ontario.
Natalie Mehra, directrice générale de l’OHC, a clôturé l’Assemblée en mettant en garde contre l’influence croissante au Canada des soins de santé à but lucratif à l’américaine. « Le United Health Group a réalisé des profits de 16 milliards de dollars l’an dernier alors même qu’on l’accusait des taux de refus des compagnies d’assurance les plus élevés des quatre plus grandes entreprises aux États-Unis », a-t-elle déclaré. « C’est l’avenir que Ford nous promet, et nous ne devons l’en empêcher. »
Tandis que nous nous dirigeons vers des élections provinciales anticipées qui coûteront 175 millions de dollars aux Ontariens, il est important de tenir compte du message clair de l’Assemblée de l’Ontario Health Coalition : Le système public de soins de santé de l’Ontario est menacé et des mesures doivent être prises maintenant. Avec les élections qui se profilent à l’horizon, l’urgence de se battre pour un système de santé bien financé, accessible et véritablement public n’a jamais été aussi grande. Le pouvoir de stopper la privatisation et de demander des comptes au gouvernement est entre les mains des électeurs de l’Ontario. Comme l’a dit JP Hornick, « Ensemble, nous gagnerons. »