Les professionnels de la santé lancent un avertissement à propos du plan de la province d’acquisition d’hôpitaux privés

DPH: Division des professionnels hospitaliers
Facebook
Twitter
Email

Cette année marque le 60e anniversaire du programme social le plus apprécié au Canada : l’assurance-maladie publique. Au cours des deux dernières années, les Canadiens ont vu de première main à quel point notre système de soins de santé public à but non lucratif est important.

Toutefois, la pandémie a également mis en évidence les lacunes causées par 25 années d’austérité et de coupes budgétaires. Malgré les appels hauts et forts à la reconstruction de la capacité de notre système public de soins de santé, nous sommes une fois de plus confrontés à la menace de la privatisation.

Plus tôt ce mois-ci, la ministre de la Santé de l’Ontario, Christine Elliott, a annoncé des plans visant à permettre à des hôpitaux privés, également appelés établissements de santé indépendants, d’opérer en Ontario. Lors d’une conférence de presse au début du mois de février, Mme Elliott avait déclaré que l’Ontario a des capacités parce que le gouvernement « fait en sorte de permettre aux établissements de santé indépendants d’exploiter des hôpitaux privés ».

Les hôpitaux privés sont interdits en Ontario depuis les années 1970, et ce, pour de bonnes raisons. Actuellement, nous avons trois hôpitaux privés, lesquels avaient été exclus au moment de l’adoption de la législation interdisant les hôpitaux privés, et le champ de pratique de ces établissements demeure limité.

L’interdiction d’exercer qui s’applique aux hôpitaux privés est importante parce que la grande majorité d’entre eux sont à but lucratif et n’améliorent pas la capacité. Plutôt, ils drainent notre système public de ressources précieuses, lesquelles finissent dans les poches de grosses entreprises à but lucratif.

Les hôpitaux privés épuisent notre capacité, ils ne nous aident pas à la reconstruire.

Ils n’acceptent que les patients avec les problèmes « les plus simples », effectuant des procédures rapides sur des patients présentant les risques les plus faibles, dans un effort visant à maximiser les profits. C’est ce que les militants de la santé appellent une stratégie d’écrémage, dans laquelle ces établissements choisissent les procédures les plus rentables et renvoient les cas plus compliqués aux hôpitaux publics.

De plus, ils facturent également aux patients des frais d’utilisation et d’autres coûts supplémentaires pour augmenter davantage leurs profits.

Ils s’accaparent des professionnels de la santé du système public, qui est déjà désespérément en sous-effectif. Des lois sur le plafonnement des hausses salariales comme le projet de loi 124 n’aident pas.

Et ce qui est le plus inquiétant, c’est qu’elles mettent les profits au cœur de notre système public de soins de santé. Nous n’avons pas besoin de chercher plus loin que les soins de longue durée pour comprendre pourquoi c’est un problème. Pendant la pandémie, nous avons constaté avec horreur que les établissements de soins de longue durée privés avaient des conditions pires et des taux de mortalité bien plus élevés que les foyers publics.

La pandémie a prouvé que les profits n’ont pas leur place dans les soins de santé.

On ne peut nier que l’Ontario vit une crise de capacité dans le secteur des soins de santé. Mais autoriser l’exploitation d’hôpitaux privés n’est pas la solution. Si nous avons les moyens de privilégier les profits des entreprises, alors nous avons sûrement les moyens d’investir adéquatement dans notre système de santé public à but non lucratif et de reconstruire sa capacité, d’investir dans des lits et du personnel et de payer ce personnel équitablement pour leurs efforts héroïques.

Tandis que nous allons rouvrir l’Ontario, nous ne devons pas permettre à la crise de COVID-19 de justifier la privatisation de notre système public de soins de santé bien-aimé. Après soixante ans, nous devrions être plus avisés.

Maintenant que nous nous approchons des élections provinciales, nous devons être prêts à nous battre pour notre système.

Solidairement,

Warren (Smokey) Thomas
Président de l’OPSEU/SEFPO

Eduardo (Eddy) Almeida
Premier vice-président/trésorier, OPSEU/SEFPO

Sara Labelle
Présidente, Division des professionnels hospitaliers de l’OPSEU/SEFPO

Related News