SEFPO Coalition des traveailleurs racialises

Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale

OPSEU / SEFPO flag
Facebook
Twitter
Email

Le 21 mars : 50 ans de lutte contre le racisme

Proclamée en 1966 par l'Organisation des Nations Unies, la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale est célébrée chaque année le 21 mars, pour commémorer ce jour de 1960 où, à Sharpeville (en Afrique du Sud), la police a ouvert le feu et tué 69 personnes lors d'une manifestation pacifique contre les lois sur la ségrégation raciale imposées par le régime de l'apartheid.

En proclamant la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale en 1966, les Nations Unies ont engagé la communauté internationale à redoubler d'efforts pour éliminer toutes les formes de discrimination raciale. La résolution des Nations Unies souligne également le fait que le racisme et le système de l'apartheid constituent un « déni des droits humains fondamentaux » et des « obstacles sérieux au développement social et économique ».

Cette année, les Nations Unies célèbrent la Journée internationale en reconnaissant les défis et les réalisations de la Déclaration et du Programme d'action de Durban (DPAD). Adoptée en 2001, lors de la Conférence mondiale contre le racisme, à Durban, en Afrique du Sud, la DPAD propose des mesures concrètes afin de lutter contre le racisme et toutes les formes de discrimination raciale.  Ce document, qui comprend des recommandations précises pour lutter contre la discrimination à l'égard des personnes d'ascendance africaine, des autochtones, des migrants, des réfugiés et d'autres groupes, engage la communauté internationale à respecter les principes de l'égalité des droits et l'autodétermination.

Dans une déclaration récente, des experts des Nations Unies en matière de droits de la personne ont exprimé leur profonde préoccupation en ce qui concerne l'augmentation des actes de haine et de xénophobie. Selon eux, « très peu de progrès ont été accomplis depuis la Conférence de Durban il y a 15 ans, en matière de lutte contre le racisme, l'afrophobie, les discriminations raciales, la xénophobie et l'intolérance ».

Au Canada, le racisme et ses répercussions prennent des formes variées et de nombreuses personnes et communautés racialisées sont quotidiennement les victimes de racisme, d'injustice sociale et d'inégalités. Le Caucus des gens de couleur du SEFPO attire l'attention sur trois questions cruciales en ce qui concerne le racisme et la discrimination raciale :

  • le profilage racial, le racisme au sein de la police et la violence policière;

  • les lois discriminatoires telles que le projet de loi C-24, la Loi renforçant la citoyenneté canadienne, et le projet de loi C-51, la Loi antiterroriste, et

  • la lutte contre le travail précaire et les diverses formes d'inégalités économiques, à l'instar du Programme des travailleurs agricoles saisonniers qui a des répercussions profondes sur les travailleurs racialisés

Pour en savoir plus sur ces questions stratégiques, consultez le site du Caucus des gens de couleur.

La Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale a pour objectif d'encourager les gens à redoubler d'efforts pour éliminer toutes les formes de discrimination raciale. Elle nous rappelle que c'est notre responsabilité collective de lutter contre toutes les formes de discrimination et d'oppression raciale qui nuisent aux droits de tous les travailleurs de se syndiquer et à la lutte des syndicats pour l'équité dans nos milieux de travail et collectivités.

N'oublions pas les travailleurs migrants qui nous nourrissent

Un mot du président du Caucus des travailleurs de couleur.

Chaque année, le 21 mars, les Canadiens et Canadiennes commémorent la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale. Certains s'interrogent peut-être sur la nécessité de célébrer une journée pour mettre fin au racisme. Chaque jour, nous voyons tous quotidiennement des reportages sur la guerre, la famine et la pauvreté dans le monde. La « race » et la discrimination raciale sont au centre d'un trop grand nombre de ces histoires.

Le Canada et les États-Unis ont une longue histoire de colonialisme raciste dans leurs relations avec les populations autochtones et racialisées.

De nos jours, des politiciens tels que Donald Trump fondent leurs campagnes sur une rhétorique raciale et inflammatoire. Trump affirme qu'un groupe de personnes, principalement les immigrants et les communautés racialisées, sont responsables de la baisse du niveau de vie et de la réussite qui a touché les autres Américains. Pourtant, les gens qu'il blâme pour le ralentissement de l'économie sont les mêmes travailleurs racialisés et vulnérables qui sont exploités sans vergogne pour récolter les fruits et les légumes que nous mangeons.

Ce 21 mars, les membres du Caucus des gens de couleur tiennent à souligner le 50anniversaire du Programme des travailleurs agricoles saisonniers au Canada.  

Le Programme des travailleurs agricoles saisonniers (PTAS) est un programme qui permet aux employeurs d'embaucher des travailleurs étrangers temporaires pour répondre à la pénurie de main-d'œuvre dans le secteur agricole canadien.

Dans le cadre du PTAS, des travailleuses et travailleurs jamaïcains ont commencé à migrer vers le Canada en 1966.  Le programme concerne environ 18 000 à 20 000 travailleuses et travailleurs migrants qui arrivent chaque année au Canada en provenance des Caraïbes et du Mexique pour travailler dans les champs de tabac, les usines de transformation et de la conserve, les serres et les pépinières. Les contrats de travail sont d'une durée de trois à huit mois et les travailleurs sont renvoyés chez eux dès que leur contrat expire.  

Depuis 50 ans, les travailleurs agricoles saisonniers n'ont aucune facilité pour obtenir la citoyenneté canadienne. Une fois qu'on les a exploités, on les traite comme des travailleurs « jetables ». Les travailleurs agricoles saisonniers effectuent souvent des tâches éreintantes et dangereuses, de 12 à 15 heures par jour, sans avoir droit aux heures supplémentaires ou congés payés. De plus, ils se trouvent souvent exclus de certains droits fondamentaux en vertu des lois sur les droits de la personne, sur la législation sur la santé et la sécurité et de la plupart des aspects de la Loi sur les normes d'emploi.

En tant que Canadien de première génération d'origine jamaïquaine, c'est avec une profonde tristesse que j'écris ce texte sur les travailleurs racialisés qui sont exploités par des programmes de ce type depuis plus de 50 ans. J'estime que le PTAS n'est qu'une forme d'esclavage moderne – une forme d'esclavage institutionnalisée qui traite les travailleuses et travailleurs vulnérables comme une source de main-d'œuvre à bon marché.

Ceux qui me répondent que les gouvernements étrangers qui participent au PTAS ont conclu une entente avec le gouvernement canadien qui, avec sa « grande générosité », permet à des travailleurs saisonniers de gagner leur vie pour subvenir au besoin de leur famille dans leur pays d'origine, ne regardent pas la réalité en face. Les accords de libre échange et de restructuration globale ordonnés par les institutions financières internationales, telles que la Banque mondiale, ont contribué à appauvrir les économies des pays du Sud.  La plupart des travailleuses et travailleurs qui participent au PTAS sont eux-mêmes des petits exploitants agricoles en difficulté ou qui ont été expropriés. Et les gouvernements étrangers participants, dont sont originaires ces travailleurs agricoles saisonniers, ont souvent été forcés d'accepter les exigences des accords néolibéraux en dépit de leurs effets dévastateurs.

Les programmes tels que le PTAS réduisent les conditions de travail de l'ensemble de la population et montrent que le racisme est intégré dans le tissu de la société et de la culture canadiennes.

Le Caucus des gens de couleur invite le gouvernement Trudeau à réparer l'injustice sur l'accès à citoyenneté qui frappent les travailleurs migrants. Nous exhortons les membres du SEFPO à se souvenir que les personnes racialisées figurent parmi les travailleurs les plus mal payés et les plus précaires dans nos communautés et milieux de travail. Nous demandons aux membres de penser aux milliers de travailleurs migrants qui ont récolté les fruits et légumes que nous achetons tous à l'épicerie du coin.

En solidarité,

Peter Thompson,
Président du Caucus des travailleurs de couleur

Pour plus d'informations sur le Programme des travailleurs agricoles saisonniers, consultez le document : Justicia for Migrant Workers (en anglais)

Related News