La vie des Noirs compte.
Ces quelques mots décrivent bien les sentiments de chagrin, de douleur et de frustration soulevés par la mort récente et inutile de deux Noirs, au Canada et aux États-Unis, mettant en cause la police.
Âgée de 29 ans, Regis Korchinski-Paquet était une jeune Noire de Toronto. Elle est décédée le 27 mai 2020. La police de Toronto a répondu à un incident domestique dans lequel ils ont observé une femme sur un balcon du 24e étage. Peu de temps après, la jeune Korchinski-Paquet faisait une chute mortelle.
George Floyd était un Noir de 46 ans vivant à Minneapolis. Il est décédé le 25 mai dernier. Tandis que M. Floyd était menotté et plaqué au sol, un policier blanc nommé Derek Chauvin l’a maintenu avec son genou posé sur le côté droit de son cou pendant 8 minutes et 46 secondes. Monsieur Floyd ne réagissait déjà plus depuis 2 minutes et 53 secondes. « Je ne peux pas respirer » ont été les dernières paroles qu’a prononcées M. Floyd. Des paroles qui nous ramènent au décès brutal d’un autre Noir, en 2014, du nom d’Eric Garner, asphyxié par un policier du service de police de New York (NYPD), Daniel Pantaleo, qui tentait de l’arrêter. Plaqué au sol, M. Garner avait répété ces mots 11 fois.
Breonna Taylor était une Noire de 26 ans, technicienne en soins médicaux d’urgence. Elle a été tuée le 13 mars 2020 durant une descente bâclée chez elle, à Louisville, Kentucky. Tandis qu’elle dormait, Breonna a été criblée d’au moins huit balles. La police était à la recherche d’un suspect dans une enquête sur une infraction relative à des drogues… qui était déjà en état d’arrestation.
Ahmaud Arbery, un Noir de 25 ans, a été tué le 23 février 2020 à Brunswick, près du Comté de Glynn, en Géorgie. Deux civils blancs armés, du nom de Travis et Gregory McMichael, se sont mis à le poursuivre un dimanche après-midi tandis qu’il faisait son jogging. Gregory, l’aîné des McMichael, avait travaillé pour le service de police du comté de Glynn. Les accusés se sont fait arrêter 74 jours après le décès de M. Arbery, et ce, essentiellement parce que la vidéo de sa mort était devenue virale et que les membres de sa communauté de partout aux États-Unis dénonçaient l’incident.
C’est ce à quoi le racisme ressemble en 2020.
Des manifestations au Canada, aux États-Unis et en Europe ont démontré l’engagement solide de gens de toutes les races et antécédents à dénoncer le racisme systémique. On sait bien que les communautés noires en particulier sont assujetties à des taux plus élevés de surveillance et d’incarcération par le système de justice pénale. Le même système qui est censé servir et protéger ne cesse de manquer à son devoir envers les citoyens racialisés.
« Je suis extrêmement attristé de voir qu’en 2020, le racisme et les injustices à l’égard des membres de la communauté noire continuent de ressembler à cela, avec des vies inutilement perdues », a déclaré Warren (Smokey) Thomas, le président du SEFPO. « Je soutiens les manifestations pacifiques parce que les gens veulent se faire entendre et méritent des réponses. C’est normal. Les leaders forts sont ceux qui sont prêts à s’asseoir, à écouter et à s’engager dans des conversations difficiles, parce que c’est la seule façon de faire en sorte que des changements importants se produisent », a-t-il encore dit.
En outre, la pandémie de COVID-19 a exposé à quel point les communautés noires sont affectées de façon disproportionnée à de nombreux paliers socio-économiques. Par exemple, ils sont plus susceptibles d’avoir des emplois précaires mal payés, aisément assujettis à des mises à pied. Ils sont plus susceptibles de souffrir de maladies chroniques et sont souvent mal assurés, limitant leur accès aux soins de santé. Et enfin, ils sont plus susceptibles de vivre dans des logements insalubres ou d’être sans abri, les rendant plus susceptibles aux maladies infectieuses.
Les gens qui vivent dans la pauvreté ont aussi plus de peine à respecter les mesures de distanciation sociale. De nombreuses familles à faible revenu doivent se fier les unes aux autres pour joindre les deux bouts. Beaucoup d’entre eux doivent aller travailler sans mesures de santé et de sécurité. Ils n’ont pas non plus d’autre choix que de mettre leurs ressources en commun, comme leur voiture ou leur espace de vie.
En outre, les parents des communautés noires doivent expliquer à leurs enfants qu’ils risquent de se faire arrêter et même tirer dessus en raison de la couleur de leur peau.
« Ce sont là les réalités des Noirs qui vivent en Amérique du Nord de nos jours», a déclaré Peter Thompson, président de la Coalition des travailleurs racialisés du SEFPO. « Corriger les sources profondes du racisme systémique, qui remonte à l’époque où les Noirs ont été amenés ici comme esclaves, est la raison d’être de ces manifestations », a-t-il ajouté.
Il ne suffit pas d’être « choqué ». Être « outré » n’est pas un signe de solidarité. Et adopter une attitude « complaisante » est inacceptable. Mais surtout, garder le silence excuse ou justifie l’injustice fondamentale et la discrimination fondamentale envers les Noirs. Il est temps de mettre fin à ce traitement injuste parce que la vie des Noirs compte.