« Le coût de l’écart salarial pour les femmes est stupéfiant! Et le sacrifice n’a rien à voir avec un objectif social démontrable. Faire valoir, comme certains l'ont fait, que nous n’avons pas les moyens de payer le coût de l’équité salariale pour les femmes, laisse entendre que les femmes se doivent d'accepter un salaire inférieur tant et aussi longtemps que les autres priorités financières n'ont pas été satisfaites. » (traduction libre)
Madame la Juge Rosalie Abella
On marque la Journée de l'équité salariale le 19 avril en Ontario. C'est parce qu’avec un écart salarial de 30 pour cent, il faut aux femmes en moyenne trois mois et demi dans la nouvelle année pour gagner ce que les hommes ont gagné jusqu’au 31 décembre de l'année précédente.
Le Comité provincial des femmes du SEFPO appuie un changement systémique réel et solide en vue de refermer l’écart salarial entre les sexes.
Attention à l’écart salarial au Congrès
Lors du déjeuner du Comité provincial des femmes, cette année au Congrès, Fay Faraday, conférencière d’honneur et avocate en justice sociale, a expliqué l’écart salarial entre les sexes comme suit :
« Une femme aurait besoin de travailler jusqu’à l’âge de 79 ans pour accumuler ce qu’un homme aurait gagné jusqu’à 65 ans. Elle devrait travailler jusqu’au mois de décembre pour gagner ce qu’un homme gagne jusqu’au mois de septembre. En moyenne, une femme travaille 13 ans « gratuitement » par rapport à ce que gagne un homme durant toute sa vie. »
L’écart salarial est en moyenne de 30 pour cent lorsqu’on compare le salaire des femmes au salaire des hommes, mais l’écart se fait encore plus sombre si l’on examine les revenus des femmes immigrantes et autochtones. Pour les immigrantes, l’écart est de 53 pour cent; pour les femmes autochtones, il est de 43 pour cent.
Comme Madame Faraday l’a expliqué, de plus en plus de femmes se retrouvent dans des emplois à temps partiel précaires. En 2014, 70 pour cent des travailleurs à temps partiel et au salaire minimum étaient des femmes, une proportion qui n’a pas changé en 30 ans. Les femmes ne travaillent pas moins d’heures parce qu’elles le veulent, elles travaillent moins d’heures parce que le plus souvent, les industries dans lesquelles elles sont en grande concentration ne leur offrent que des emplois précaires ou du travail flexible. Et vu qu’un grand pourcentage de femmes travaillent dans le secteur public, il est plus vraisemblable qu’elles se retrouvent à des emplois qui sont privatisés et sous-traités.
On constate un écart salarial entre les sexes dans tous les emplois et secteurs de l’industrie. On le voit aussi dans tous les groupes d’âges et niveaux d’éducation. Même l’expérience semble élargir le fossé. Et ce fossé ne cesse de s’élargir avec chaque échelon que gravit une femme sur l’échelle salariale. Dans la tranche supérieure des 10 pour cent des femmes qui gagnent en moyenne 109 000 $ par année, le manque à gagner est de 37 pour cent par rapport aux hommes aux revenus les plus élevés, soit une différence de 2,24 millions de dollars sur une carrière de 35 ans. Pour plus d’information, consultez Every Step you Take: Ontario's Pay Gap Ladder.
Madame Faraday a également identifié un certain nombre de politiques qui contribuent à élargir l’écart salarial, notamment l’inégalité des revenus, les soins non rémunérés, l’augmentation des emplois flexibles, l’austérité et le déclin des syndicats.
Madame Faraday a déclaré que lorsque les gouvernements poursuivent les gels salariaux et privatisent des services publics essentiels, comme les services sociaux et les soins de santé, les femmes sont forcées de jeter un pont pour combler l’écart des soins en travaillant gratuitement et ces emplois deviennent de plus en plus précaires. Tous ces facteurs contribuent également à élargir l’écart salarial. L’élimination des programmes sociaux qui offrent formation et éducation aux femmes contribue à élargir l’écart salarial. Le refus de financer des services de garde d'enfants, soins aux aînés et soins aux personnes qui vivent avec des invalidités accessibles et abordables contribue à élargir l’écart salarial. L’élimination du financement des organismes du secteur public qui ont des obligations en matière d’équité salariale contribue à élargir l’écart salarial.
La privatisation dépend de tirer parti du travail non rémunéré ou sous-payé des femmes. Ceci aussi contribue à élargir ou maintenir l’écart salarial.
Mais l’écart salarial entre les sexes n’est pas seulement une pratique d’affaires malsaine, c’est une violation des droits fondamentaux de la personne. Chaque cas d’écart salarial entre les sexes est un cas de discrimination qui doit être abordé et résolu.
Madame Faraday a déclaré que l’intervention active des gouvernements et des entreprises était nécessaire pour transformer les politiques et pratiques gouvernementales qui contribuent à l’inégalité et à la pauvreté des femmes.
Ce qu’il faut faire, c’est étudier l’écart dans un éventail d’endroits plus large, parce que tant de dynamiques contribuent à élargir l’écart salarial. La réforme ne doit pas se faire à un endroit particulier, elle doit se faire en consolidant l’équité salariale, en rendant les emplois moins précaires, en augmentant le salaire minimum, en faisant la promotion d’une stratégie en matière de soins publics et en facilitant la syndicalisation. Comme l'a dit Madame Faraday :
« Rien de tout cela n’est simple et nous ne devrions pas essayer de simplifier les choses. Nous devons un par un éliminer les différents obstacles qui nous empêchent de parvenir à l'égalité. » (traduction libre)
Nous devons aussi supprimer les iniquités pour tout le monde, pas seulement pour les femmes qui tombent dans le fossé des 30 pour cent, mais aussi pour celles qui ont un fossé de 47 pour cent à franchir.