Le 26 juillet 2024
Nous vivons une époque sans précédent en Ontario. Le 18 juin 2024, lorsque la section locale 454 de l’OPSEU/SEFPO, représentant les travailleuses et travailleurs de la Société d’aide à l’enfance d’Ottawa, et la direction de l’agence ont tenu une conférence de presse pour annoncer la dure vérité qu’elle était à « un point de basculement », il est devenu clair au public à quel point les temps sans précédent sont dangereux.
Nous sommes depuis six ans dans une « refonte » du système de bien-être de l’enfance, dirigée par le gouvernement, qui a entraîné le creusement de chaque système de soutien au service des enfants et des familles vulnérables – y compris les besoins spéciaux complexes, la santé mentale, la violence conjugale, l’éducation spéciale et la sécurité alimentaire. Nous sommes au milieu d’une tempête parfaite – une tempête qui frappe les enfants et les familles de l’Ontario. Une tempête qui prend des vies. Une tempête qui a placé nos systèmes de soins en chute libre.
Il est beaucoup trop facile d’être cynique et de penser que les grèves ne sont qu’une question d’intérêt personnel. Je sais que ce n’est pas vrai. Les travailleuses et travailleurs de la Société d’aide à l’enfance d’Ottawa se sont retrouvés dans un terrible choix de Hobson : ils rencontrent les enfants et les familles là où ils en sont; ils doivent décider si un enfant a besoin de protection; ils savent que la vie dans les services de protection de l’enfance est susceptible d’être entièrement difficile pour n’importe quel enfant; ils savent que les « foyers » pour enfants sont limités, s’ils existent seulement. En même temps, ils savent que laisser un enfant dans leur foyer biologique ou même avec des parents peut être périlleux en raison du manque de soutien sur lequel ces familles doivent compter, si des soutiens existent seulement. Pendant ce temps, comme l’ont admis les membres la direction, « On demande continuellement au personnel de faire plus avec moins de ressources ».
Je ne puis dire combien de fois un membre du personnel d’une Société d’aide à l’enfance m’a dit : « Je veux juste pouvoir faire le travail pour lequel je me suis préparé aux études, mais je ne peux pas le faire. » Les travailleuses et travailleurs vont au-delà de la portée de leur pratique pour combler les lacunes de la collectivité en matière de soins, tout en se pliant sous la pression financière engendrée par le sous-financement chronique et le traumatisme indirect qu’implique nécessairement ce travail. Certes, le péril dans lequel les enfants et les familles sont exposés est traumatisant. Il est également vrai que le danger est traumatisant pour les membres du personnel de la protection de l’enfance qui doivent être témoins du carnage de cette tempête parfaite entièrement créée par le gouvernement. C’est une situation impossible.
Selon moi, la grève à la Société d’aide à l’enfance d’Ottawa est un signal de détresse : un acte de courage. Il s’agit d’un signal de détresse en matière des besoins croissants, et toujours croissants, des enfants et des familles de nos collectivités. C’est un signal de détresse pour les membres du personnel qui doivent accompagner ces familles.
Je soutiens sans réserve les membres de la section locale 454 de l’OPSEU/SEFPO. En fait, je leur en suis reconnaissant. J’exhorte le gouvernement à intervenir avec le financement nécessaire pour stabiliser l’agence, sauver des postes et répondre aux exigences salariales équitables.
J’exhorte le gouvernement à collaborer avec l’OPSEU/SEFPO et d’autres organisations syndicales pour dépasser ce moment de crise, surmonter la tempête parfaite et créer une étoile du Nord où chaque enfant aurait ce dont il a besoin, lorsqu’il en a besoin, pour s’épanouir.
– Irwin Elman, ancien intervenant provincial en faveur des enfants et des jeunes l’Ontario de 2008 à 2019