Monsieur le Premier ministre, Madame la Ministre,
Le scénario mortel qui se joue dans les établissements de soins de longue durée en raison de la COVID-19 est terrifiant et évitable. Alors que notre province a disposé des financements suffisants pour bâtir un secteur public fort, nous sommes aujourd’hui aux prises avec les résultats de nombreuses années de négligence.
Exemple concret : Les inspections dans les foyers de soins de longue durée. Bien que frustrés et surchargés de travail, les inspecteurs sont résolus à assumer loyalement leurs obligations face à cette pandémie. Ils continuent d’enquêter sur ce qui doit être fait pour aplatir la courbe et sauver des vies même s’ils ne sont que 164 inspecteurs pour contrôler 626 foyers de soins de longue durée. Il est urgent d’augmenter maintenant les niveaux de dotation en personnel.
Fort heureusement, une grande partie, sinon la totalité, du travail d’inspection est effectué actuellement par téléphone, ce qui permet d’assurer la sécurité des inspecteurs, du personnel des foyers de soins de longue durée et de leurs résidents. Mais nous comprenons que votre gouvernement veut maintenant faire des inspections en personne. À cause du faible niveau des effectifs et des risques que font courir ces inspections à toutes les parties, ce plan est non seulement malencontreux, mais également superflu. Les inspections en personne ne nous fourniront pas plus d’informations que nous avons déjà.
Nous avons identifié les problèmes, encore et encore. Les travailleurs de la santé de première ligne ont dit aux inspecteurs qu’il reste encore beaucoup à faire pour aplatir la courbe. Dans certains de ces foyers, il y a des résidents qui ne reçoivent pas les soins dont ils ont besoin. Nous savons que les exploitants privés de foyers de soins de longue durée n’ont jamais élaboré de plan pour faire face à une telle maladie dans leurs établissements. Et c’est là le problème inhérent à la privatisation.
Le ministère des Soins de longue durée doit écouter le personnel de première ligne. Il n’a pas de plan pour assurer la sécurité des inspecteurs. Il a d’abord dit aux inspecteurs qu’ils doivent demander l’équipement de protection individuelle (ÉPI) aux foyers qu’ils visitent, quand ils arrivent. La plupart des inspecteurs ne sont pas des infirmiers diplômés. En fait, ils ont divers niveaux de formation et d’expérience et ils n’ont souvent pas reçu de formation spécifique dans la prévention des infections ni dans l’ÉPI. Les hauts fonctionnaires du ministère ont également demandé aux inspecteurs de rencontrer physiquement les résidents pour voir s’ils sont traités correctement. Nous savons déjà que ce n’est pas le cas. Les hauts fonctionnaires le savent aussi. Les foyers ont besoin de plus de personnel et d’équipements. Mettre en péril la santé des résidents et des inspecteurs n’apporte rien à l’heure actuelle.
Le gouvernement doit procurer aux foyers de soins de longue durée le soutien médical dont ils ont besoin pour faire face et reprendre le dessus – c’est-à-dire des travailleurs, qui contrairement aux inspecteurs, ont la capacité d’aider sur place. Envoyer plus de personnel de soutien, déplacer les patients qui n’ont pas de problème de mobilité, renvoyer le personnel des agences qui travaillent dans plusieurs foyers. Ce qu’il faut maintenant, c’est un plan. Ce qu’il faut maintenant, c’est de l’action.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier ministre, Madame la Ministre, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Warren (Smokey) Thomas, président du SEFPO