Le 17 avril, le Canada célèbre la mise en œuvre des dispositions sur l’égalité de la Charte canadienne des droits et libertés. La Charte, qui est entrée en vigueur en 1982, a profondément transformé les droits de la personne au Canada pour la dernière génération. La Charte a été signée il y a 38 ans, mais l’article 15 sur les droits à l’égalité est entré en vigueur trois ans plus tard parce que les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux devaient modifier leurs lois pour y inclure des dispositions sur l’égalité.
L’article 15 stipule que toute personne est égale devant la loi, a droit à la même protection et au même bénéfice de la loi, indépendamment de toute discrimination, notamment des discriminations fondées sur la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, le sexe, l’âge ou les déficiences mentales ou physiques.
Il faut malheureusement beaucoup de temps à une société avant que les lois adoptées s’appliquent universellement. Plusieurs décennies après cette avancée majeure, les peuples autochtones, les Noirs, les membres d’autres communautés racialisées, les femmes et les membres d’autres groupes visés par l’équité sont toujours confrontés à d’importantes inégalités de revenus. L’écart entre les riches et les pauvres continue de croître au Canada et la première priorité budgétaire des gouvernements doit être la réduction des inégalités de revenus.
La pandémie de la COVID-19 met en évidence les conséquences de ces inégalités. Dans certaines industries, des travailleurs sont plus exposés à l’infection, ne peuvent pas travailler à distance et sont moins susceptibles d’avoir droit à un congé payé par l’employeur.
Des femmes, en particulier les femmes racialisées, sont confinées dans des professions à bas salaire qui sont associées à cinq domaines particuliers, que l’on appelle les « 5 C » (pour caring, clerical, catering, cashiering et cleaning en anglais), soit les emplois de bureau, les services de traiteur, les emplois de caissiers, le nettoyage et la prestation de soins (p. ex., soins de santé, les soins aux enfants, les soins de longue durée). Bien que les employées de bureau soient en mesure de travailler à la maison, les travailleuses qui occupent les autres professions ne peuvent pas faire du télétravail. En outre, dans quatre de ces professions (la prestation de soins, les services de traiteur, les emplois de caissiers et le nettoyage), il s’agit de travailleurs et de travailleuses de première ligne qui jouent un rôle de premier plan pour combattre le virus et procurer des services essentiels.
Le 16 mars dernier, le Centre canadien de politiques alternatives a publié un rapport dans lequel il souligne la nécessité d’améliorer les congés payés pour les travailleurs canadiens à faible et moyen revenu et notre système d’assurance-emploi pour les personnes qui sont au chômage. Les changements temporaires concernant l’Assurance-emploi et l’ajout de congé de maladie que le gouvernement fédéral a mis en place récemment sont une réponse à certaines de ces injustices. Ces changements doivent être permanents si nous voulons que notre charte des droits devienne une réalité, selon le président du SEFPO, Warren (Smokey) Thomas.
« Les Autochtones, les personnes racialisées et les membres des groupes visés par l’équité étaient déjà confrontés à une discrimination systémique avant la COVID-19 », a déclaré le président Thomas. « La pandémie nous a montré le rôle essentiel que jouent les membres de ces groupes dans notre société. Et si nous voulons vraiment reconnaître ce fait, nous devons pérenniser les changements concernant l’admissibilité à l’AE et les congés de maladie payés une fois que cette crise derrière nous. »