Mois national de l'histoire autochtone : Notre devoir de mémoire doit nous orienter vers l’autochtonisation pour l'avenir

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En juin, l’OPSEU/SEFPO se joint à la communauté nationale pour célébrer le Mois national de l’histoire autochtone. Cette célébration annuelle vise non seulement à rendre hommage à l’héritage et à l’histoire riche et actuelle des Premières Nations, des Métis et des Inuits de l’Île de la tortue, mais également à réfléchir à la façon dont l’histoire autochtone sous-tend notre présent collectif en tant que personnes visées par un traité.

Il y a beaucoup de choses à célébrer ce mois-ci – le Cercle des Autochtones est heureux de célébrer l’élection de Tina Stevens en tant que membre du Conseil visé par l’équité de l’OPSEU/SEFPO. Membre de la Première Nation algonquine de Kitigan Zibi, Tina a également des origines avec la communauté ojibwe de Kettle Point et Stoney Point. Tina appartient au Clan du huard, qui est étroitement lié aux postes qu’elle a occupés relativement dans son emploi, son syndicat et des groupes autochtones extérieurs. Un plus grand leadership autochtone à la table, en particulier à l’OPSEU/SEFPO, est une initiative cruciale qui prend de l’ampleur au sein du mouvement syndical pour aborder et démanteler le colonialisme institutionnel et transmettre le savoir autochtone.

Le 28 mai 2024, Sol Mamakwa, député provincial Kiiwetinoong, est devenu le premier député provincial à prononcer une allocution en langue autochtone, l’anishininiimowin, à l’Assemblée législative de l’Ontario – l’enregistrement officiel et la transcription ont également été enregistrés en anishininiimowin dans le hansard. Après des siècles d’effacement par l’État des langues, des cultures et des cérémonies autochtones – qui avaient été déclarées « illégales » et punissables, il s’agit d’un moment historique et d’une réappropriation culturelle dans la chambre de la législature, que vous pouvez regarder ici.

Le poids de nos nombreuses histoires sur le présent

L’histoire est toujours en train de se faire – imprimant nos dettes et traumatismes historiques sur le présent. C’est en 2021 que plus de 200 sépultures anonymes ont été découvertes sur le site du pensionnat pour Autochtones de Kamloops. Depuis, plus de 2 500 sépultures anonymes ont été découvertes dans d’autres anciens sites de pensionnats et des recherches se poursuivent. Dans l’Ouest, le mouvement #SearchTheLandfill a reçu le soutien des syndicats qui réclament des fouilles sur le site d’enfouissement du chemin Brady pour y localiser des femmes, filles et personnes bispirituelles autochtones disparues ou assassinées (FFADA2). Les personnes qui ont survécu à ces traumatismes historiques et les familles touchées par une perte vivent à nos côtés – elles sont des membres syndiqués, nos collègues ou nos voisins. La résistance aux politiques génocidaires d’assimilation du Canada ne peut être assumée par les seules communautés autochtones. À l’avenir, nous devons mettre à profit les leçons des mouvements Idle No More, 1492 Land Back Lane à Six Nations, des défenseurs des terres de la nation Wet’suwet’en dans le Nord-Ouest et de la résistance de la communauté Kanehsatà:ke à l’Est. Comment peut-on donner sens à cette ère de « réconciliation » lorsque des terres autochtones sont encore prises sous la menace d’armes à feu au peuple Wet’suwet’en; lorsque les enfants autochtones représentent 7,7 % de la population enfantine au Canada et pourtant plus de la moitié des enfants placés en famille d’accueil; lorsqu’on continue à découvrir des fosses communes?

Bien que populairement adoptée par la politique dominante et les responsables gouvernementaux, la décolonisation ne doit pas être un mot à la mode ni une métaphore abstraite. La décolonisation implique la mise en œuvre matérielle d’actes concrets tels que le retour des terres, ainsi que le respect et l’intégration des connaissances autochtones relativement à l’intendance des terres. Reconnaître l’histoire coloniale ne suffit pas – un simple discours de pure forme ignore comment les politiques actuelles continuent de structurer le pouvoir colonial. Privilégier les gestes esthétiques et performatifs à des véritables changements à l’égard de nos concitoyens autochtones nous prive de notre responsabilité de bâtir un avenir commun et de démanteler les structures d’oppression.

Avec la saison des feux de forêt qui commence plus tôt chaque année, la crise climatique ne cesse de s’aggraver en Ontario – et les peuples autochtones demeurent aux premières lignes de la préservation des terres et de l’eau. Pendant ce temps, les gouvernements fédéral et provinciaux continuent, de concert avec les industries, d’enfreindre les traités; l’extraction des ressources continue de causer des dommages irréversibles dans les collectivités du Nord; et les enfants de la Première Nation de Grassy Narrows qui grandissent aux abords de la rivière polluée par les rejets industriels présentent des symptômes d’empoisonnement au mercure. Des rapports publiés plus tôt ce mois-ci indiquent que les niveaux de mercure – méthylmercure, la forme de mercure la plus toxique – ne font qu’augmenter dans la rivière Wabigoon près de Grassy Narrows en raison des rejets industriels et des déversements de déchets de l’usine de papier en amont dans les années 1960-1970. Comment peut-on reléguer le colonialisme au « passé », alors que plus de 90 % des membres de la communauté de Grassy Narrows souffrent d’un certain degré d’empoisonnement au mercure, qui peut être transmis de la mère à l’enfant d’une génération à l’autre?

On ne peut pas passer sous silence le rôle de l’industrie, du développement industriel, dans le racisme environnemental ni les préjudices générationnels à l’heure où nous devons assumer notre devoir historique en tant que signataires de traités pour réparer les préjudices d’hier, d’aujourd’hui et de demain – dans la poursuite de la réconciliation matérielle.

À l’occasion de la 2024 Grassy Narrows River Run qui aura lieu à Tkaronto/Toronto le 18 septembre prochain, nous invitons tous les membres de l’OPSEU/SEFPO à s’inscrire et à marcher avec les jeunes et les membres de la communauté de Grassy Narrows pour montrer que nous sommes à leurs côtés sur le chemin de la justice et de la liberté. Inscrivez-vous ici : https://freegrassy.net/grassy-narrows-river-run-2024/

Pas d’emplois sur une planète morte : la lutte contre le colonialisme est une question qui nous concerne tous

Les Premières Nations, les Métis et les Inuits résistent depuis des siècles aux mêmes logiques que celles que les syndicalistes combattent depuis des décennies – des logiques qui conduisent à la précarité des travailleurs, à des conditions de travail dangereuses, aux bas salaires, aux monopoles et à la cupidité des entreprises.

Plusieurs siècles de dépossession et de déplacement des peuples autochtones, dont le sommet de l’iceberg est aujourd’hui des projets de construction de pipelines et de vol continu de terres, qui sont régentés par la logique impitoyable du capitalisme qui érode notre relation à la terre. Comment le capitalisme a-t-il façonné notre compréhension de la propriété et de ce qui peut être acheté, vendu ou échangé?

Citons le professeur Blackfoot de la Première Nation Kainai, à Albert, pour qui « [les peuples autochtones] ne sont pas les seuls propriétaires en vertu du précepte du Créateur; la terre appartient aux générations passées, à celles et à ceux qui ne sont pas encore nés, aux plantes et aux animaux. La Couronne a-t-elle déjà reçu une cession des titres de leur part? »

Au cours du Mois national de l’histoire autochtone, nous invitons les membres de l’OPSEU/SEFPO à réfléchir à la façon dont la lutte contre le colonialisme s’inscrit dans les principaux combats de notre époque – les luttes contre la privatisation, la destruction de l’environnement, l’effondrement écologique, l’érosion des droits et libertés collectifs. Il n’y a pas d’emplois sur une planète morte, et notre devoir de mémoire doit nous orienter vers l’autochtonisation pour sauvegarder tous les projets de vie sur la Terre.

Rejoignez-nous à la Conférence sur l’eau en septembre

Dans le cadre de la poursuite de notre travail vers un avenir commun, nous invitons les membres de l’OPSEU/SEFPO à se joindre à nous en septembre à la Conférence sur l’eau, qui se tiendra du 27 au 29 septembre à London, (Ontario) (Région 1) sur les terres traditionnelles des peuples Anishinaabeg, Haudenosaunee, Lenape, Attawandaron et Wendat. Plus de détails à venir – veuillez consulter le site Web et le calendrier de l’OPSEU/SEFPO.

En solidarité,

JP Hornick, présidence de l’OPSEU/SEFPO
Laurie Nancekivell, première vice-présidente/trésorière de l’OPSEU/SEFPO
Krista Maracle, présidente du Cercle des Autochtones de l’OPSEU/SEFPO

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