Plus de 100 résidents de la région de Niagara ont assisté à une assemblée publique mardi soir dernier à Ste-Catharines pour exprimer leur frustration et leur colère en ce qui concerne la médiocrité des soins à domicile dans leurs communautés.
L’assemblée publique était organisée par la section locale 294 du SEFPO, actuellement en grève contre CarePartners, une compagnie détenant un contrat du Centre d'accès aux soins communautaires local pour la prestation des soins à domicile.
Le président du SEFPO, Warren (Smokey) Thomas, a ouvert la réunion. « Les soins à domicile et communautaires sont en crise », a-t-il déclaré, « avec toutes ces entreprises privées de soins de santé qui n’ont qu’un seul but en tête, celui de faire le maximum de profits possible, la situation ne va pas en s’améliorant. Et ces entreprises accumulent les profits en réduisant les salaires et en forçant les travailleurs à hâter les traitements. Et il ne faut pas oublier les salaires énormes que reçoivent leurs dirigeants ».
Selon le premier vice-président/trésorier du SEFPO, Eduardo (Eddy) Almeida, CarePartners veut imposer un système de salaire à la tâche, rémunérant les infirmières à la visite plutôt qu’au nombre d’heures travaillées. Si l’on tient compte du fait que certaines visites peuvent prendre jusqu’à deux heures, les maigres 17 dollars reçus par visite se traduisent souvent par un salaire inférieur au salaire minimum.
La vice-présidente régionale du SEFPO, Deb Tungatt, animait la soirée. Les dirigeants élus assistant à l’assemblée comprenaient la députée provinciale NPD Cindy Forster, le maire de Ste-Catharines, Walter Sendzik, le conseiller municipal Michael Britton et John Dunstall, de Grimsby. Sue Hotte, de la Niagara Health Coalition, et Barb Jefferies étaient nos conférencières vedettes.
De nombreux résidents ont exprimé leur frustration face à la médiocrité des soins à domicile qu’eux ou des membres de leur famille avaient reçu. Martha Dunlop, une patiente, résidente de Niagara, qui avait subi une intervention chirurgicale au mois d’août dernier et avait besoin d’un suivi postopératoire pour changer le pansement sur sa plaie, a pris la parole. Elle aurait dû retourner au travail quelques semaines après, mais à cause de la grève, plutôt que de recevoir ses soins à domicile, Martha a dû se rendre jusqu’à une clinique locale. Elle a dit qu’à une occasion, l’infirmière qui s’occupait d’elle était tellement pressée qu’elle ne prenait même pas la peine de changer ses gants entre les patients. Sa plaie est devenue gravement infectée et elle a dû prendre des antibiotiques. Elle a arrêté de les prendre il y a deux semaines, mais n’a pas encore reçu la permission d’aller travailler de son médecin. Une procédure routinière s’est inutilement transformée en quelque chose de super compliqué.
Un certain nombre de personnes présentes à l’assemblée ont partagé l’histoire de membres de leur famille qui, après une intervention toute simple, s’étaient retrouvés dans une horrible situation en raison du manque de soins ou des soins inadéquats organisés par le CASC local. Des infirmières manquent des rendez-vous en raison d’erreurs sur les horaires et les aidants familiaux doivent souvent se battre avec les fournisseurs de soins locaux pour obtenir les soins dont les patients ont besoin.
On a fréquemment entendu dire qu’il ne fallait pas blâmer les travailleurs. « Je vous promets que votre santé nous tient vraiment à cœur, mais ce système déficient nous transforme en travailleuses à la chaîne et nous détestons cette situation », a déclaré Erin Warman, présidente de la section locale 294. « Les membres de la communauté ne voient aucune continuité dans les soins, se trouvent face à du personnel différent et à de nouveaux visages plus souvent qu’on peut l’imaginer et reçoivent des traitements inadéquats d’infirmières qui n’ont pas vraiment l’air d’aimer leur travail. »
Madame Warman a demandé aux membres de la communauté « d’écrire des lettres ou des courriels, d’utiliser les médias sociaux, de téléphoner, de faire pression, de se rassembler et de protester en vue d’un changement dans les soins de santé. Plutôt que de se diviser, les travailleurs de première ligne et les membres du public doivent travailler ensemble pour exiger que des changements soient apportés à notre système de soins de santé. »
La grève des travailleurs de la section locale 294 engagée contre CarePartners a commencé le 10 avril dernier; la section locale amorce une médiation avec la Commission des relations de travail de l'Ontario le 26 novembre, laquelle sera suivie d’une audience pour déterminer si la section locale est en droit de demander l’arbitrage de leur première convention collective.
Voir le reportage vidéo de l'assemblée publique ici.
Le président du SEFPO, Smokey Thomas
La présidente de la section locale 294, Erin Warman, et la vice-présidente régionale du SEFPO, Deb Tungatt