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Une « plaisanterie cruelle » en réponse aux besoins des personnes ayant un trouble du développement

TORONTO – Le gouvernement de l'Ontario a annoncé l'abolition des listes d'attente pour les services à domicile aux personnes atteintes d'un handicap de développement, mettant à jour un problème encore plus grave, selon le syndicat représentant les quelque 12 000 travailleurs aux services de développement.

Selon Warren (Smokey) Thomas, le président du Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario, les services aux personnes atteintes d'un handicap de développement sont en pleine crise de financement.

« Le gouvernement nous a joué un tour de passe-passe, sortant de cette liste d'attente 6 000 adultes vivant avec une invalidité pour les diriger sur son tout nouveau programme « Passeport » à financement direct », a-t-il déclaré. « Ce programme n'a rien d'une solution à long terme pour les personnes qui ont besoin de soins et leurs familles. Au lieu de ça, il les oblige à chercher les soins dont elles ont besoin dans la communauté. »

L'idée du financement direct est certes attrayante pour les familles, a-t-il ajouté. « L'idée derrière ce programme est qu'elles sont les mieux placées pour obtenir de l'aide parce qu'elles savent exactement de quoi elles ont besoin. Mais ont-elles vraiment les ressources qu'il faut pour acquérir ces soutiens? Avec une subvention maximale de 35 000 $, comment peuvent-elles obtenir l'équivalent de ce qu'elles reçoivent aujourd'hui auprès des quelque 400 organismes à but non lucratif dans la province et des 18 000 employés à leur service? »

Selon Thomas, une subvention à la va-vite de 35 000 $ peut sembler être un don du ciel pour une famille complètement stressée avec un être cher sur une liste d'attente, mais quand il s'agit de se procurer les services nécessaires, une telle somme ne permettra guère d'aller plus loin que des soins de répit de base. Ces familles seront tentées de payer le minimum possible pour faire travailler cet argent plus longtemps, ce qui pourra se traduire par l'embauche de personnes moins qualifiées, avec moins d'expérience en matière de soins aux personnes vulnérables.

« C'est une cruelle plaisanterie que de faire passer ce programme pour un grand succès alors qu'on sait que c'est en fait une forme de privatisation. Le gouvernement remet de l'argent aux personnes handicapées et à leurs familles et leur dit de se débrouiller plutôt que de financer un système de soutien équitable pour les personnes qui ont des besoins en matière de développement.

Le programme « Passeport » laisse des agences – et des organismes à but lucratif – prélever dix pour cent du financement pour défrayer les coûts d'administration, ouvrant tout grand la porte aux profits pour les organisations privées, aux dépens des personnes handicapées et des personnes qui les soutiennent », a-t-il ajouté.

Patti Markland, présidente du secteur des Services de développement du syndicat, a déclaré que le site Web du gouvernement explique même comment embaucher un travailleur de soutien sur la Craig's List ou sur Kijiji.

 « Une telle façon de procéder peut-elle vraiment conduire à l'embauche de personnel qualifié? De plus, ces personnes devront se débattre avec la Loi sur les normes d'emploi pour s'assurer de respecter les lois, sans compter qu'il faudra aussi qu'elles tiennent compte des retenues exigées par l'Agence du revenu du Canada. C'est beaucoup demander à des gens qui sont déjà surchargés de responsabilités », a-t-elle ajouté.

« Les personnes qui vivent avec un handicap de développement sont déjà considérées comme des citoyens de deuxième classe dans cette province. On ne devrait pas les exposer à davantage d'exploitation de la part d’individus qui cherchent à faire grossir leurs profits », a souligné Thomas.

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