Oui, il existe des désaccords dans le mouvement syndical, comme l'a écrit le chroniqueur du Toronto Star, Martin Cohn, dans une de ses récentes chroniques. Mais c'est plutôt une bonne chose. Le débat est l'essence même de la démocratie.
Les dirigeants élus du SEFPO ont choisi de ne pas se joindre à « Working Families » ou de prendre leurs distances avec la Fédération du travail de l'Ontario pour de bonnes raisons. Nos membres travaillent dans des services qui répondent aux besoins de toute la population ontarienne. À ce titre, ils partagent des valeurs avec nombre de leurs concitoyens. Notre province dérive vers une économie à faibles salaires qui creuse les inégalités entre les riches et les pauvres.
Ces inégalités soulèvent des questions que nos dirigeants politiques préfèrent éviter. Qui est à la tête de l'Ontario? Où est le plan pour combattre les inégalités? Pourquoi tolérons-nous le « brocantage » des services gouvernementaux alors que l'Ontario dépense déjà moins par habitant pour les services publics que n'importe quelle autre juridiction au Canada? Comment peut-on atteindre l'égalité quand on continue à réduire le nombre de travailleurs du secteur public ou à privatiser des services?
Le chef conservateur, Tim Hudak, joue avec ces questions et avec la peur pour opposer son électorat aux travailleurs. Il se complaît à diviser les familles et les communautés. Pour atteindre son but, Hudak a dépêché l'un de ses députés d'arrière-ban, Monte McNaughton, pour lancer une attaque contre des dirigeants syndicaux, comme moi, qui s'opposent à la proposition controversée de son parti concernant le « droit au travail ».
Après cette attaque, j'ai mis au défi Tim Hudak de débattre publiquement avec moi et suggéré John Tory, son prédécesseur, pour animer le débat. Comme on pouvait s'y attendre, Hudak a refusé de débattre. Plus tard, il a expliqué son refus. « Je n'ai vraiment hérité d’aucun autre don que de celui de la parole dans la vie – et c'est pour ça que je me suis lancé en politique. » (traduction libre) Après cette étonnante révélation, Hudak, comme l’ancien chef conservateur, Frank Miller, devrait devenir une simple note de bas de page dans l'histoire.
Dans notre système économique, richesse rime avec pouvoir. Richesse rime aussi avec sécurité lorsque la société est harmonieuse, pacifique et égalitaire. Mais cette implacable marche vers le profit nuit au plus grand bien de la société.
À la différence des conservateurs et de leurs alliés néo-libéraux, nous, les travailleurs syndiqués, avons de bonnes réponses aux questions posées. Nous estimons que l'Ontario a besoin de services de santé publics et durables, d'un système d'éducation solide et d'une justice équitable pour tous. Nous avons besoin d'un environnement sain et de services sociaux forts. L'Ontario a besoin d'une économie prospère avec des emplois bien rémunérés, afin que les gens qui ont le désir et la volonté de réussir puissent atteindre leur but.
C'est pourquoi le SEFPO se doit de dire la vérité aux personnes au pouvoir. Nous présentons des faits tandis que le Parti progressiste-conservateur choisit de fausser la réalité sociale et économique. En retour, nous sommes attaqués par leurs acolytes de la droite et du monde des affaires. Au lieu d'encourager le débat public, ils veulent l'étouffer.
Lorsque nos adversaires, les partisans de la droite, attaquent la recherche, la science, les groupes communautaires et les syndicats, ils cherchent aussi à détourner l'attention des inégalités et de l'amère réalité. En bref, ils font comme Hudak lorsqu'il renonce à débattre publiquement avec moi.
Alors que de probables élections printanières approchent, le SEFPO ne se laissera pas réduire au silence. Nous parlerons d'une seule et même voix. Nous croyons que nos principes font partie de ce qui fait la grandeur de l'Ontario. Nous souhaitons discuter avec Ken Georgetti et Sid Ryan aussi bien qu'avec Kathleen Wynne, Tim Hudak et Andrea Horwath. Au lieu de se quereller pour des questions de leadership, faisons plutôt en sorte de dire la vérité à tous les Ontariens et Ontariennes avant qu'ils n'aillent aux urnes.
En toute solidarité.
Warren (Smokey) Thomas
Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario