Soumission de l’OPSEU/SEFPO sur le budget de l’automne 2020

Page de couverture bleue avec le titre de la soumission prébudgétaire du SEFPO
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L’OPSEU/SEFPO représente plus de 170 000 membres dans l’ensemble de l’Ontario et du secteur public, dont beaucoup ont été en première ligne depuis le début de la pandémie de COVID-19. Nous sommes conscients du fait que la pandémie [1] a creusé le déficit provincial, mais nous souhaitons mettre en garde contre l’instauration dommageable de mesures d’austérité dans le prochain budget de novembre 2020. Nous avons besoin d’investir davantage dans les services publics, en particulier dans les soins de santé. Selon un sondage Nanos effectué plus tôt cette année, la majorité des Ontariennes et Ontariens interrogés croient que le gouvernement devrait investir dans les emplois du secteur public pour stimuler une relance rapide de l’économie [2].

En raison des restrictions concernant la longueur des soumissions écrites, nous encourageons le ministère à examiner la soumission de l’OPSEU/SEFPO sur les consultations prébudgétaires de l’hiver dernier [3]. Dans cette soumission, l’OPSEU/SEFPO a présenté des recommandations dont nous nous faisons à nouveau l’écho dans la présente, comme :

  • Investir dans les services publics pour résoudre les problèmes de sous-effectif, de postes vacants, de charges de travail et professionnelles intenables. Les augmentations budgétaires devraient être plus élevées que le taux d’inflation – dans les secteurs de la santé en particulier.
  • Mettre fin aux privatisations (y compris aux P3 – les partenariats public-privé) et ramener les services qui avaient été privatisés dans le secteur public.
  • Abroger le projet de loi 124, qui est inconstitutionnel et engendre une véritable réduction des salaires des travailleurs du secteur public en raison de l’inflation.
  • Investir les financements nécessaires pour instaurer l’équité salariale, des charges de travail supportables et des postes permanents au personnel scolaire et de soutien dans les universités et collèges de la province.
  • Investir pour mettre en place des inspections et instaurer/faire appliquer une règlementation sévère afin de garder la population ontarienne en santé et en sécurité.

L’OPSEU/SEFPO représente des travailleurs dans l’ensemble du secteur parapublic, dont beaucoup ont dû travailler sur les lignes de front pour dispenser des services pendant la pandémie. Le gouvernement a mis en œuvre la prime liée à la pandémie de 4 $/heure pour certains de ces travailleurs, mais un grand nombre d’entre eux n’ont pas été admissibles. La prime liée à la pandémie a aidé ces travailleurs à faire face à l’incertitude durant cette période, notamment parce que beaucoup d’entre eux ont été soumis à des ordonnances d’urgence ayant des répercussions sur leur vie personnelle, comme leurs droits aux vacances. La prime liée la pandémie a pris fin et de nombreux travailleurs sont maintenant frappés par l’épuisement. Cela montre que cette prime devrait non seulement être étendue à d’autres travailleurs du secteur public, mais également permanente. Le gouvernement a terminé l’année 2019 en adoptant le projet de loi 124, qui a une incidence directe sur les salaires des travailleurs du secteur public qui ont dispensé des services durant toute la pandémie. En ce qui concerne les recommandations budgétaires et les orientations politiques spécifiques pour tous les secteurs de l’OPSEU/SEFPO, dans le secteur parapublic et à la FPO, nous encourageons le gouvernement à examiner notre soumission de l’hiver dernier [4]. Ci-dessous, nous soulignons quelques recommandations clés en réponse au questionnaire sur les consultations sur le budget et aux lacunes systémiques qui touchent notre système de santé.

Pour commencer, la question concernant l’enseignement postsecondaire qui était posée dans les consultations sur le budget a manifestement été rédigée de manière à justifier l’intention du gouvernement de lier la majorité du financement de l’enseignement postsecondaire aux indicateurs de performance, auxquels l’OPSEU/SEFPO s’oppose fermement. Les collèges et les universités de l’Ontario reçoivent le financement par étudiant le plus faible au pays [5], ce qui oblige les universités et les collèges à augmenter les frais de scolarité et impose un fardeau plus lourd sur les étudiants qui font des études supérieures. Le gouvernement de l’Ontario doit augmenter le financement des universités et des collèges et offrir un soutien financier plus important aux étudiants (idéalement, la gratuité des frais de scolarité) pour leur permettre d’accéder à l’enseignement postsecondaire. Le gouvernement prend la direction opposée en menant des projets de privatisation et des partenariats avec des collèges privés qui prennent de plus en plus de place dans le réseau postsecondaire. Les fonds consacrés à la formation professionnelle et à l’enseignement postsecondaire devraient être versés aux collèges ou aux universités, et non pas à des profits privés.

Dans le secteur de la santé, les conséquences de plusieurs décennies d’un sous-financement chronique sont devenues encore plus apparentes durant la pandémie COVID-19. Dans le monde hospitalier, cela s’est traduit par l’aggravation de « la médecine de couloir ». Les problèmes de capacité des hôpitaux de l’Ontario sont aggravés par le nombre de cas de COVID-19, qui augmente de nouveau en Ontario. On doit accroître le financement de nos hôpitaux qui sont aux prises avec l’augmentation des coûts des soins de santé, mais aussi ramener à l’interne les services hospitaliers qui ont été privatisés ou sous-traités. Le gouvernement devrait également établir un plan de ressources humaines détaillé afin de s’attaquer aux problèmes de recrutement et de rétention du personnel, en particulier dans les laboratoires et services d’imagerie diagnostique où de nombreux travailleurs et travailleuses approchent de la retraite.

Ces problèmes sont exacerbés par les tentatives du gouvernement visant à réorganiser les soins de santé en Ontario. Le modèle des équipes Santé Ontario (ESO), que l’OPSEU/SEFPO a déjà abordé dans une soumission, est imparfait et ouvre la porte à des organismes privés qui auront encore plus d’influence et de contrôle sur des services qui devraient être du ressort des services publics. Dans les secteurs des soins de longue durée et des soins à domicile, les fonds publics sont canalisés vers des exploitants privés, dont une partie sert à payer les profits des actionnaires. Afin de faire des profits sur les services qu’ils dispensent, les exploitants privés rognent sur la qualité en réduisant le personnel et les autres ressources. Cela a eu des conséquences désastreuses bien documentées durant la pandémie de COVID-19 [6]. Les problèmes de dotation qui existent dans ces secteurs ne peuvent être résolus que par un financement accru.  Afin d’éliminer la précarité qui est enracinée dans le secteur, jusqu’au cœur même du secteur, les services de soins à domicile et de soins de longue durée doivent également être fondamentalement réorientés, financés et dispensés par le secteur public et par un personnel stable et bien rémunéré. Non seulement le modèle des équipes Santé Ontario (ESO) éloigne encore plus la province de cet objectif, mais il risque de creuser les inégalités d’accès aux soins.

[1] Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario, 2020.  Perspectives économiques et budgétaires : Mise à jour de l’évaluation de l’incidence de la pandémie de COVID-19. Extrait de : https://fao-on.org/web/default/files/publications/EBO%20Fall%202020/2020%20Fall%20EBO%20Presentation%20-%20FR.pdf

[2] https://www.sefpo.org/news/thomas-wide-ranging-poll-reveals-seismic-shift-in-how-ontarians-value-public-services-workers/107420/

[3] https://www.sefpo.org/news/opseu-2020-pre-budget-submission-to-the-standing-committee-on-finance-and-economic-affairs/100234/

[4] https://www.sefpo.org/news/opseu-2020-pre-budget-submission-to-the-standing-committee-on-finance-and-economic-affairs/100234/  

[5] Usher, A., 2019. The State of Postsecondary Education in Canada, 2019. Toronto : Higher Education Strategy Associates. p. 40. Extrait de : http://higheredstrategy.com/wp-content/uploads/2019/08/HESA-Spec-2019-Final_v2.pdf

[6] Veuillez, par exemple, consulter le rapport du sondage demandé par la Coalition pour la santé de l’Ontario sur les répercussions des questions de dotation en personnel dans les soins de longue durée : https://www.ontariohealthcoalition.ca/wp-content/uploads/LTC-staffing-survey-report.pdf

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