La présidente de l’OPSEU/SEFPO, JP Hornick, a participé au Bill Kelly Show sur la chaine CHML AM900 à Hamilton ce matin pour parler de l’impact de la Loi 124 sur les services publics et sur les employées et employés du secteur public.
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Mme Hornick et l’hôte Bill Kelly ont discuté :
- À quel point le gouvernement Ford gaspille les fonds publics en appelant de la décision de la Cour supérieure selon laquelle le projet de loi 124 est inconstitutionnel
- À quel point les réductions de salaires imposées par le projet de loi 124 ont dévasté les employées et employés du secteur public en période d’inflation galopante
- À quel point le gouvernement Ford, avec le projet de loi 124, a ciblé la main-d’œuvre principalement féminine du secteur public et a touché de manière disproportionnée les travailleuses et travailleurs racialisés et plus jeunes, tout en soutenant les professions dominées par les hommes
- À quel point le gouvernement Ford prive les services publics de financement et crée une crise de dotation en personnel, tout en étant assis sur un excédent de 22 milliards de dollars
- À quel point les coupes dans le secteur public touchent l’ensemble des travailleuses et travailleurs, y compris celles et ceux du secteur privé qui ont besoin de services publics, comme les soins de santé et l’éducation.
Transcription :
Bill Kelly (BK): L’une des mesures législatives les plus controversées du gouvernement Ford – et nous en avons beaucoup parlé dans cette émission, évidemment – c’est le projet de loi 124, qui a essentiellement gelé les salaires de milliers et de milliers d’employées et employés du secteur public. Et il a été renversé. Je veux dire, la Cour supérieure de l’Ontario a statué que cette Loi était inconstitutionnelle. Ça aurait dû être la fin de l’affaire. Mais maintenant, le gouvernement persiste et signe, et il en appelle de cette décision. Et cet appel a commencé hier.
Un certain nombre de personnes étaient présentes pour exprimer leur mécontentement, et je pense que ce n’est pas peu dire lorsque j’exprime leur mécontentement à ce sujet. L’une d’entre elles est notre prochaine invitée. JP Hornick est présidente de l’OPSEU/SEFPO. JP, merci tout d’abord. Je sais à quel point vous êtes occupée. Merci de passer du temps avec nous aujourd’hui à parler de cette très importante question. Quelles sont vos pensées au début de cette procédure d’appel aujourd’hui?
JP Hornick (JPH): Merci beaucoup de m’avoir invitée, Bill.
Le projet de loi 124, adopté en 2019, comme vous l’avez dit, imposait une période de modération salariale sur trois ans qui limitait la rémunération de l’ensemble du personnel du secteur publique à 1 % par année. Et cela n’a pris en compte ni l’inflation ni le coût de la vie. Aussi, lorsque nous regardons les personnes qui sont obligées de subir cela pendant cette flambée du coût de la vie et de l’inflation que nous avons vue au cours des deux dernières années, pouvez-vous imaginer ce que cela leur fait, en particulier aux jeunes travailleuses et travailleurs, aux femmes et aux travailleuses et travailleurs racialisés qui sont touchés de manière disproportionnée. Cela aura une incidence exponentielle au cours de leur vie professionnelle.
Lorsque le projet de loi a été annulé en novembre 2022, il a été déclaré nul et sans effet. Comme vous pouvez l’imaginer, l’ensemble du personnel du secteur publique a célébré. Un peu de contexte : dans mon seul syndicat, l’OPSEU/SEFPO, cela a touché 166 000 personnes. Lorsqu’il a adopté cette Loi, le gouvernement savait qu’elle était inconstitutionnelle.
BK : Mmm- hmm.
JPH : Lorsque la Loi eut été renversée, le gouvernement a attendu un certain temps, jusqu’à la toute dernière minute, pour en appeler. C’est une pure perte de temps et d’argent des contribuables une attaque directe contre les employées et employés de la fonction publique, qui sont principalement des femmes.
BK : Et ce n’est pas la première fois. Nous en avons parlé maintes fois dans cette émission. Ce gouvernement Ford n’a pas une très bonne feuille de route devant les tribunaux. Vous vous souvenez, évidemment – nous en avons beaucoup parlé – que lorsqu’il a été élu la première fois, l’une des premières choses que le gouvernement a faites a été de jeter le dispositif de quotas d’émission cessibles que le gouvernement précédent avait mis en place. Et cela a été jugé invalide, en passant Mais il l’a porté jusque devant la Cour suprême, ce qui a coûté beaucoup d’argent. Et encore s’est-il fait taper sur les doigts pour cela. Et semble-t-il qu’il répète l’histoire à nouveau.
JPH : Oh, absolument! Vous pouvez même considérer un exemple plus récent : le projet de loi 28 de l’automne dernier. Le gouvernement avait fondamentalement essayé de dire que les travailleuses et travailleurs de l’éducation du CSCSO ne pouvaient faire la grève. Il s’agit d’un gouvernement – je vais le dire carrément – qui n’attaque pas toutes les travailleuses et travailleurs. C’est un gouvernement qui est déterminée à les diviser et à les conquérir.
Donc, quand vous regardez les travailleuses et travailleurs qu’ils appuient, vous voyez les professions qui sont dominées principalement par les hommes. Quand vous regardez les travailleuses et travailleurs qu’ils attaquent, comme celles et ceux de l’éducation ou du secteur publique, vous parlez de secteurs où il existe a un écart entre les sexes dans ce qu’ils font. Ils sont réprimés. J’ai besoin d’être très claire à ce sujet. Mais ce que le gouvernement ne réalise pas, c’est que les travailleuses et travailleurs que nous représentons sont hyper bien organisés et qu’ils sont enragés. Ce que nous entendons dans les soins de santé et l’éducation, c’est ce qui nous relie et nous permet de nous occuper les uns des autres. Il s’attaque à ce que j’appellerais les fondations de la démocratie.
Et cela touche également le personnel du secteur privé. Vous savez, quand le corps d’une ouvrière ou d’ouvrier de la construction commence à faiblir, il a besoin de soins de santé. Il a besoin de soins de santé publics, et il faut qu’ils soient accessibles et équitables. Lorsque nous envoyons nos enfants à l’école, nous avons besoin d’un système d’éducation publique bien financé et bien entretenu. Et c’est un gouvernement qui, je dirais, joue avec la vie de nous toutes et tous. En effet, il s’agit du même gouvernement qui est assis sur 22 milliards de dollars de fonds non dépensés. Et il prétend ne pouvoir se permettre ces choses. Pendant ce temps, la province est en feu, et il y a 50 équipages en moins de pompières et pompiers en Ontario en raison des décisions du gouvernement Ford.
Clairement, il s’agit donc d’un gouvernement qui ne s’intéresse pas à ce qui nous arrive à nous toutes et tous en Ontario mais bien d’un gouvernement très préoccupé par l’acheminement de l’argent vers les promoteurs et les sociétés.
BK : Permettez-moi de vous poser une question là-dessus. Parce que j’ai eu une conversation avec quelques collègues au sujet des 22 millions l’autre jour. Et ils soutiennent que ce que fait le gouvernement, c’est de mettre cet argent de côté, parce qu’il sait qu’il va perdre cet appel et qu’il va devoir payer. Et évidemment, ils se préparent à cela dès maintenant – de l’argent qu’il aurait dû dépenser pour d’autres choses, il va le mettre de côté. Ce n’est pas un cas de s’il perd cet appel, mais bien de quand il perdra cet appel. Cela semble manifestement injuste envers beaucoup de gens et beaucoup de programmes qui ont un besoin criant de financement à l’heure actuelle.
JPH : Oh, absolument ! En réalité, il s’agit en fait de 22 milliards de dollars d’excédent …
BK : Oh, désolé…
JPH : En effet. Et c’est de l’argent qui aurait pu être investi tout de suite dans la reconstruction d’une économie qui s’enracine dans le soutien aux services publics dont tout le monde a besoin, en particulier en sortie de pandémie. Il s’agit donc d’une question de choix du gouvernement et non de quelle quantité d’argent nous est disponible. Même lorsqu’on considère le projet de loi 124, ce n’est pas comme si les salaires de tout le monde étaient plafonnés à 1 %.
Nous parlons d’un gouvernement où des cadres de la fonction publique qui recevaient des augmentations de salaire. Nous parlons d’un gouvernement où ils n’ont pas réduit, permettez-moi de le dire, la rémunération des cadres. Écoutez, en 2019, ce gouvernement a offert 4,3 milliards de réductions d’impôts, soit 4,1 milliards en 2020 de plus que les économies annuelles réalisées par le projet de loi 124; 5,7 milliards de plus en 2021 que les économies annuelles; 7 milliards de dollars en 2022; et 3,8 milliards en 2023.
Donc, lorsqu’on considère la quantité d’argent qu’il économise, et qu’il nous dit ne pouvoir payer les employées et employés de la fonction publique, eh bien parlons-en justement. Durant la pandémie, les travailleuses et travailleurs de la santé qui étaient en première ligne chaque jour n’ont-ils mérité qu’une augmentation de 1%, alors que l’inflation grimpait en flèche? Mais en même temps, il pouvait distribuer des réductions d’impôt comme des bonbons?
Nous pourrions même prendre cette idée de récupérer Ontario Place et d’en faire un spa géant dont personne n’a besoin, plutôt que de s’assurer que c’est une terre disponible au public.
C’est un gouvernement qui ne travaille pas pour les gens.
BK : Eh bien, il travaille pour des gens … mais les gens pour lesquels il travaille sont apparemment leurs soutiens financiers et leurs donatrices et donateurs. Cela semble être le centre, et nous n’avons même pas aborder les dommages collatéraux qui viennent de ces affaires – le nombre de personnes dont vous venez de parler qui ont quitté leur vocation parce qu’elles ne pouvaient payer des factures. Elles sont trop excédées, elles sont trop exercées.
En conséquence, c’est alors que le gouvernement vient nous dire – vous en avez parlé par le passé : « Eh bien, nous allons simplement embaucher des gens du secteur privé pour faire cela » et « Bien sûr, nous allons leur payer une tonne d’argent » etc., etc. Donc cet élément est satisfait, mais le reste d’entre nous, on doit souffrir. On va en discuter davantage dans les jours à venir, et je suis certain que nous allons avoir d’autres entretiens dans les prochains jours. Je vous remercie d’avoir pris ce temps avec nous aujourd’hui, JP. Merci beaucoup et bonne continuation avec ce que vous faites.
JPH : Merci beaucoup, Bill.