La présidente de l’OPSEU/SEFPO, JP Hornick, exhorte le ministère des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires (MSESSC) à résoudre la crise de dotation en personnel à la St. Lawrence Youth Association (SLYA) de Kingston en Ontario en fournissant un financement de base accru et ainsi s’assurer que les jeunes femmes en détention bénéficient des services et des programmes auxquels la loi leur donne droit.
Mme Hornick a décrit en détail la situation de crise à la SLYA dans une lettre au directeur – est du MSESSC :
Le 9 août 2023
Jeff Gill, directeur, Région de l’Est
Ministère des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires de l’Ontario
Demande de réunion pour régler la crise de dotation urgente à la St. Lawrence Youth Association
Monsieur,
Je vous écris au sujet d’une situation urgente et très troublante au programme Sundance de la St. Lawrence Youth Association (SLYA), un établissement de détention et de garde en milieu fermé de 10 lits et l’un des trois derniers établissements de la province.
L’OPSEU/SEFPO représente environ 46 travailleuses de la SLYA qui fournissent un soutien aux jeunes délinquantes qui sont en détention et qui soutiennent les jeunes à risque en probation dans la communauté. Comme vous le savez, en mars 2021, le ministère des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires a fermé simultanément des programmes de garde et de détention pour les jeunes dans 25 établissements de détention pour les jeunes, créant ainsi un manque de places à l’échelle de la province. Des établissements de détention fermés en 2021 en Ontario, la SLYA est l’un des trois qui demeurent. Les autres établissements sont en crise depuis lors et luttent pour retenir du personnel qualifié et combler les besoins des jeunes vulnérables sans financement adéquat. Cette situation est insoutenable.
Le Ministère ne saurait s’attendre à ce que l’on fournisse le niveau de soins prescrit sans obtenir un financement adéquat après 17 ans sans augmentation du budget de base. L’OPSEU/SEFPO recommande des augmentations du financement de base pour résoudre la crise à la St. Lawrence Youth Association afin de :
- aligner les taux salariaux sur les taux de la fonction publique de l’Ontario afin de conserver et de former du personnel qualifié et engagé
- augmenter le ratio de dotation en personnel et embaucher plus de personnel pour améliorer la programmation et la sécurité
- créer des postes à l’interne pour offrir du soutien psychologique et en santé mentale aux jeunes
- augmenter l’allocation de fonds pour la nourriture et les besoins personnel des clientes.
Des salaires chroniquement faibles et des conditions de travail à haut risque ont produit une crise du personnel qui a eu de graves répercussions à la fois sur le personnel et les jeunes de la résidence en détention fermée. Votre Ministère a reconnu le problème au printemps, en fournissant un financement temporaire pour embaucher du personnel d’une agence externe pendant deux mois et en offrant des primes de maintien en poste à court terme. Cette aide temporaire ne permettra pas de remédier à la crise du personnel et aux conditions de travail dangereuses sans augmentations permanentes du financement.
Je tiens à partager avec vous l’angoisse que le personnel rapporte dans son travail diligent auprès des jeunes traumatisées, sans avoir de soutien financier ou de ressources adéquats. Les jeunes de Sundance ont des besoins complexes et des antécédents de traumatismes importants; la majorité sont Noirs et Autochtones. Certains jeunes s’automutilent sérieusement, d’autres ont été victimes de la traite et la plupart ont des antécédents de crimes violents. Comme il y a moins de lits disponibles dans la province, bon nombre de ces jeunes sont loin de leur collectivité et n’ont pas accès au soutien familial. Les jeunes Autochtones sont transportés loin de leur collectivité, ce qui ajoute des coûts de transport exorbitants, et elles purgent souvent des peines plus importantes en raison des difficultés liées à l’organisation du transport.
La norme du Ministère est de deux employées ou employés pour dix lits. Et pourtant, le personnel lutte pour répondre aux besoins des jeunes, accomplir toutes les tâches requises et fournir une programmation sécuritaire avec le ratio actuel. Cela crée un besoin continu d’heures supplémentaires, d’épuisement professionnel et de stress menant à des problèmes de santé mentale. Les jeunes recevaient moins de temps pour la gymnastique et les activités physiques, le programme artistique, le groupe de préparation à la vie active et le temps de plein air dans la serre, avant de faire venir du personnel temporaire. Les gestionnaires sont régulièrement intervenus pour travailler aux côtés du personnel afin d’assurer la sécurité des jeunes et du personnel. Des membres des services communautaires ont été appelés à l’établissement pour travailler dans la résidence, accompagner les jeunes à l’hôpital, transporter les jeunes dans le cadre de notre programme de services d’huissier et cuisiner les fins de semaine. C’est inacceptable et non durable.
Les budgets pour les besoins personnels des clientes et pour la nourriture ont été gelés aux taux de 2006. Cela non plus n’est ni durable ni acceptable. Le budget des besoins personnels des clientes vise à couvrir les éléments liés à la programmation pour les jeunes et aux besoins ayant une dimension culturelle. Le budget aide également à couvrir les coûts de base des soins dentaires. Les coûts pour ces derniers ont tous augmenté, et pourtant les clientes manquent de ressources.
Il est consternant, compte tenu du coût de la nourriture aujourd’hui et de l’importance d’une bonne alimentation dans le cadre de la promotion du bien-être général, que le budget alimentaire soit gelé. Le programme n’a pas été en mesure de retenir une cuisinière ou cuisinier à temps plein en raison du faible salaire. L’employeur a eu recours à l’embauche d’une travailleuse du système de justice pour les jeunes qui travaille à temps partiel comme cuisinière et à temps partiel dans la résidence avec les jeunes.
Les membres du personnel partent, et l’employeur a du mal à attirer de nouvelles employées. Plusieurs membres du personnel ayant des personnes à charge occupent deux emplois parce qu’ils ne peuvent se permettre de vivre avec le salaire inadéquat de leur emploi à temps plein à la SLYA. Une autre travailleuse avec plus de 20 ans d’ancienneté, ayant effectué un quart de nuit, a démissionné sur place, citant le surtravail et le sous-salaire alors qu’elle essayait d’élever trois enfants. Encore une fois, c’est inacceptable et non durable. Les fonctionnaires de l’Ontario effectuant le même travail gagnent 13,96 $ de plus par heure.
Je vous exhorte à intervenir immédiatement et à accorder des augmentations de financement permanentes pour que les jeunes bénéficient des services et des programmes auxquels elles ont droit en vertu de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. Je crains qu’il n’y ait des conséquences potentiellement dangereuses pour les jeunes et le personnel à moins que la dotation ne soit réglée immédiatement par une augmentation du financement de base. Il n’y a aucune excuse pour des raccourcis vers la programmation pour cette population vulnérable.
Je voudrais vous inviter à rencontrer les représentantes du personnel de première ligne de la SYLA, membres de la section locale 427 de l’OPSEU/SEFP, pour trouver une solution à ces problèmes urgents à la SYLA. Veuillez communiquer avec Cindy Filman, spécialiste du soutien communautaire et présidente de la section locale 427 de l’OPSEU/SEFPO, à cindy@staff.slya.ca pour fixer un rendez-vous.
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de ma considération respectueuse.
JP Hornick
Présidente
Ontario Public Service Employees Union/Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (OPSEU/SEFPO)