Un message du Caucus des gens de couleur et de la Rainbow Alliance arc-en-ciel
Crédit photographique : Uranranebi Vizuals
Le 3 juillet dernier, pendant la parade de la Fierté gaie de Toronto, les organisateurs de Black Lives Matter (BLM) ont tenu un puissant sit-in en l’honneur des membres des communautés gaies racialisées qui ont été tués, qui ont perdu la vie ou dont la vie a été mise en danger par la violence policière.
« Nous sommes fiers du travail effectué par Black Lives Matter – Toronto (BLM). Nous tenons à remercier cet organisme pour avoir reconnu l’histoire de nos combats et de notre résistance », a déclaré Elizabeth Ha, vice-présidente du Caucus des gens de couleur du SEFPO (CGC), « et pour nous avoir donné l’espace pour méditer sur la Fierté gaie et réexaminer ses origines de mouvement populaire engagé à remettre en question les systèmes de brutalité et de violence. » “
« Quand les gens disent que la Fierté gaie est une partie de plaisir et n’a rien à voir avec la politique, nous devons les corriger et leur dire que la Fierté gaie a toujours été une question de justice sociale, de lutte contre la violence policière et la criminalisation des communautés gaies et racialisées », a ajouté Robert Hampsey, co-président de la Rainbow Alliance arc-en-ciel.
Cette année, la parade de la Fierté gaie marquait près de cinquante ans depuis les émeutes de Stonewall du 28 juin 1969. La Fierté gaie est une commémoration des manifestations conduites par les clients transgenres, transsexuels, sans abri et autres clients homosexuels du Stonewall Inn contre les descentes policières. Les émeutes avaient créé un endroit pour exprimer la fierté gaie à une époque où la police descendait systématiquement dans les bars et les saunas, où la loi interdisait les relations entre partenaires du même sexe et où les membres des communautés LGBTTIAHQB étaient agressés et criminalisés dans les établissements pénitentiaires et psychiatriques. On estime que les émeutes de Stonewall ont largement été responsables du déclenchement du mouvement des droits civils duquel les groupes de défense comme le Gay Liberation Front et la Fierté gaie ont émergé.
« Si l’on songe à notre histoire d’activisme et de résistance, nous devons nous demander comment nous pouvons oser rester silencieux sur des questions de profilage racial, discrimination raciale dans la police et législation hostile à l’immigration et discriminatoire dans les communautés gaies », a déclaré Peter Thompson, président du Caucus des gens de couleur. « Hier seulement, un autre jeune homme noir, Alton Sterling, s’est fait tiré dessus à plusieurs reprises par la police tandis qu’il était maintenu à terre, et aujourd’hui, Philando Castile s’est lui aussi fait tiré dessus par la police pendant un contrôle routier de routine. »
Le CGC avait déjà parlé du décès par balles d’Andrew Loku, Jermaine Carby, Sandra Bland et Eric Garner, de problèmes tels que la ségrégation raciale dans la main-d'œuvre en Ontario et de législation discriminatoire comme le projet de loi antiterroriste, dont les critères d’arrestation et de détention sont si bas que presque n’importe qui peut faire l’objet d’une enquête sur présomption d’activités terroristes. Pour plus d’information, cliquez ici.
« Ne vous y trompez pas, nous sommes en pleine crise avec la montée des politiques d’extrême-droite et anti-immigrants; il suffit de songer à Donald Trump ou à des groupes de droite tels que PEGIDA (Patriots of Canada against the Islamization of the West/Patriotes du Canada contre l’islamisation de l'Ouest) », a encore dit Monsieur Thompson.
PEGIDA a récemment organisé un rassemblement raciste dans un quartier de Toronto pour demander le rétablissement des « valeurs canadiennes », utilisant des épithètes racistes explicites pour parler des réfugiés syriens et autres. (Voir l’article ici : https://www.thestar.com/news/gta/2016/06/26/bloor-west-village-rally-counters-racism-with-a-celebration-of-tolerance.html.)
« La question n’est pas de savoir si le BLM a le droit d’aborder ces questions à la Fierté gaie », a dit Peter Thompson, « mais plutôt comment nous pouvons ne pas parler du racisme et de la haine dans la communauté gaie à ce stade-ci de notre histoire? »
« Le fait est que toutes les vies n’ont pas la même valeur; certaines sont considérées plus précieuses que d’autres. Les gais racialisés ne le savent que trop bien », a déclaré Jannet Geddes, co-présidente de la Rainbow Alliance arc-en-ciel. « Nous appuyons le BLM parce que le profilage racial et la haine raciale sont des questions qui affectent tous les membres de la communauté LGBTTIAHQB et qui exigent notre attention immédiate », a encore dit Jannet. « Ces questions ne sont pas distinctes de la vie et des politiques gaies. Nous ne pouvons plus nous permettre de laisser aller les choses comme ça sans rien faire. »
« En l’espace de 30 minutes, le BLM est parvenu à soulever des questions cruciales telles que la relation entre la communauté gaie et la police, et l’accessibilité des personnes handicapées, des Autochtones et des membres racialisés aux activités de la Fierté gaie », a déclaré Elizabeth Ha. « Nous appuyons les demandes du BLM, parce qu’il est temps de réexaminer ces relations. Une simple excuse de la police pour leurs descentes à la Bath House, à Toronto, ne suffit pas. Notre histoire de lutte ne peut plus être ignorée aussi facilement, ni être effacée. »