Il s’agit d’une lettre ouverte – la liste de tous les signataires est au bas de la lettre.
Nous, les syndicats soussignés, représentant des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs de l’Ontario, demandons au premier ministre Ford et à la ministre Jones de revenir immédiatement sur leur décision mortifère de fermer 10 sites de consommation supervisée (SCS). Dans le contexte d’urgence de santé publique, nous demandons au gouvernement de l’Ontario de soutenir et de financer les services de soins de santé qui sauvent des vies, comme l’indiquent les données probantes.
En tant que travailleuses et travailleurs dans de nombreux secteurs et communautés de l’Ontario, nous sommes tous touchés par la dévastation de la crise des drogues toxiques, que ce soit par la perte d’un être cher ou par la détresse et les tensions qui accablent nos collectivités à cause de la mauvaise gestion continue de cette crise. Au lieu de jeter de l’huile sur le feu avec des coupes dévastatrices, le gouvernement de l’Ontario doit immédiatement soutenir et développer les SCS dans toute la province afin d’en faire les services d’intervention d’urgence dont la province a besoin.
La fermeture des SCS se traduira pas davantage d’appels au 911, aux ambulanciers paramédicaux, pompiers et policiers, qui auraient pu être évités. C’est-à-dire davantage de patients et des temps d’attente plus longs dans nos services d’urgence qui sont déjà surchargés. C’est-à-dire plus de surdoses sur nos chantiers, dans les parcs publics, les centres communautaires et les toilettes des bibliothèques, où les travailleurs doivent régulièrement faire face à des urgences sanitaires absolues.
Chaque jour, 10 personnes perdent la vie en Ontario, parce qu’elles ont consommé des drogues illégales toxiques.
Plus de 21 000 personnes sont mortes depuis l’élection du gouvernement Ford en 2018, causant un chagrin, une perte et une détresse incommensurables. Les décès liés aux drogues toxiques grimperont en flèche avec l’inaccessibilité aux SCS et à d’autres mesures de réduction des méfaits à grande échelle.
On doit tenir compte des données probantes et des faits et laisser l’idéologie et les préjugés de côté lorsqu’on élabore des politiques publiques – il existe quatre décennies de données probantes qui montrent que les SCS et les programmes de distribution de matériel d’injection neuf portent fruit. Les lignes directrices en matière de santé publique, y compris le rapport annuel du médecin hygiéniste en chef et de l’expert désigné par le gouvernement provincial pour faire rapport, préconisent l’expansion des SCS.
Les SCS aident les gens à stabiliser leur vie et à accéder aux soins de santé primaires, aux services de désintoxication et de médecine de la toxicomanie, et aux vaccins; ils dispensent des services de santé de base, comme le soin des plaies; le dépistage et les soins du VIH et de l’hépatite C. En Ontario, les SCS ont orienté plus d’un demi-million de personnes vers des services de santé et des services sociaux. Pour chaque dollar dépensé dans un SCS, on économise plus de cinq dollars en coûts de soins de santé futurs.
En fermant 10 des 17 SCS en Ontario et en interdisant toute nouvelle ouverture d’un SCS ou réinstallation d’un service existant, le gouvernement Ford compromet gravement la santé et la sécurité des travailleuses et travailleurs à un moment où l’Ontario est en pleine crise des drogues toxiques.
Les fermetures annoncées des SCS sont particulièrement dévastatrices pour les communautés du Nord de l’Ontario, où le taux de mortalité par opioïdes est trois fois plus élevé que dans le Sud. Le seul SCS restant dans le Nord de l’Ontario, où se trouvent 80 % des communautés des Premières Nations, devrait maintenant fermer à Thunder Bay, où le taux de mortalité lié aux opioïdes est 4,25 fois plus élevé que la moyenne provinciale. Le gouvernement Ford a refusé de financer les SCS à Timmins et à Sudbury, où des sites étaient déjà établis et exploités après des années d’investissement communautaire et d’expérience de la main-d’œuvre – forçant ces deux sites, et un troisième à Windsor, à fermer. Si le gouvernement Ford maintient sa décision, il n’y aura plus aucun SCS entre Ottawa et Winnipeg.
Peu importe où on vit ou qui on est en Ontario, chacune et chacun d’entre nous mérite d’avoir accès à des soins et à des soutiens qui sauvent la vie.
Nous rejetons la rhétorique erronée selon laquelle il est « dangereux » d’avoir des SCS à proximité des écoles et des garderies. Les SCS contribuent à garder nos rues plus sûres, offrent un espace fermé et sûr pour la consommation de drogues et fournissent un espace aux personnes pour établir des liens avec le personnel. La réalité est que les personnes qui consomment des drogues font partie de nos communautés et méritent d’avoir accès à des services de santé. Exiger une distance de deux terrains de football entre une école ou une garderie et un établissement de santé, comme un SCS, dans une zone urbaine dense, c’est nuire à l’accessibilité, accroître la stigmatisation et rendre les choses impossibles.
Le 22 août 2024, la ministre Jones a déclaré que « des personnes ne perdront pas la vie » à la suite de la fermeture des SCS. Grâce au dévouement, aux soins et aux ressources de travailleurs qualifiés et formés, les SCS de l’Ontario ont traité près de 22 000 surdoses sans un seul décès. Madame la ministre Jones et Monsieur le premier ministre Ford, des gens mourront à cause de votre proposition. Les carrefours d’aide aux sans-abri et de lutte contre les dépendances annoncés par le gouvernement ne sont pas des établissements adéquats pour remplacer les SCS, avec un financement conditionnel qui exclut les services de santé fondés sur des données probantes.
Le premier ministre Ford et la ministre Jones doivent revenir immédiatement sur leur décision de fermer 10 des 17 SCS en Ontario, veiller à ce que tous les SCS restent opérationnels, étendre les services des SCS partout où c’est nécessaire et assurer l’équité dans la disponibilité des services dans les régions, particulièrement dans les collectivités du Nord.
Nous exhortons le gouvernement de l’Ontario à « agir de manière sensée » – à soutenir et étendre les services de santé assurant la survie, au lieu de les fermer.
Signataires :
Section locale 79 du SCFP (travailleuses et travailleurs de la ville de Toronto, y compris The Works staff)
Section locale 4948 du SCFP (travailleuses et travailleurs des bibliothèques publiques de Toronto)
Section locale 5399 du SCFP (travailleuses et travailleurs du Centre de santé communautaire Riverdale-sud)
Section locale 7797 du SCFP (y compris les travailleuses et travailleurs de la santé dans la rue)
SCFP-Ontario
Fédération du travail de l’Ontario (FTO)
Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario (AIIO)
Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO)
Ontario Library Workers Committee (OLW)
Ontario Municipal Workers Committee (OMW)
Conseil des syndicats des conseils scolaires de l’Ontario (CSCSO)
OPSEU/SEFPO
Section locale 744 de l’OPSEU/SEFPO (travailleuses et travailleurs du Centre de santé communautaire NorWest)
Section locale 5115 de l’OPSEU/SEFPO (travailleuses et travailleurs du Centre de santé communautaire de Regent Park)
Social Service Workers Coordinating Committee (SSWCC)
Sections locales 175 et 633 des TUAC (y compris les travailleuses et travailleurs du Centre de santé communautaire Parkdale Queen Ouest)