Mes amis, nous menons une lutte cruciale pour protéger les droits que nous confère la Charte.
Beaucoup d’entre vous connaissent la vague de manifestations anti-trans, camouflées par une rhétorique de division « droits des parents » et organisées il y a quelques semaines par l’extrême droite. Nous avons organisé des contre-manifestations, et nous avons été nombreux à affirmer notre amour et notre solidarité.
Marchant dans leurs pas haineux, le gouvernement de droite de Scott Moe en Saskatchewan a déclaré la guerre à la Charte des droits et libertés – et il se sert des enfants trans comme armes dans sa guerre culturelle fictive. Plus tôt cette année, la Saskatchewan a tenté d’adopter une Loi obligeant le corps enseignant à divulguer aux parents que des élèves utilisaient des pronoms différents à l’école – mettant en danger la vie des jeunes trans qui ne vivent pas dans des espaces sûrs. Cette exigence va à l’encontre de précédents juridiques bien établis en matière de droits des enfants.
Le 29 septembre, un juge local a accordé une injonction pour bloquer temporairement cette législation. En réponse à cette injonction, le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a rappelé la Législature plus tôt, le mardi 10 octobre, pour invoquer la clause dérogatoire de la Charte et ainsi contourner l’injonction et outrepasser nos processus démocratiques pour faire adopter au plus vite cette Loi préjudiciable.
Plus récemment, peut-être se souvient-on que M. Ford a évoqué l’usage de la clause dérogatoire pour bafouer, de façon préventive, le droit de grève du personnel de l’éducation du SCFP. Le recours à la clause dérogatoire signifie que le gouvernement est pleinement conscient qu’il viole les droits et libertés de la population canadienne par le biais de Lois. M. Moe et son gouvernement espèrent que cette dernière tentative passera inaperçue et soulèvera peu de résistance. En conséquence, il nous faut nous organiser pour soutenir les enfants trans – et il faut le faire dès maintenant.
Le gouvernement de la Saskatchewan prévoit invoquer la clause dérogatoire contre une population minoritaire au motif que l’opinion publique l’exige. La Charte canadienne des droits et libertés vise précisément à empêcher que cela ne se produise. Dans une démocratie, les droits des groupes visés par l’équité ne devraient pas être pris en otage par l’opinion publique – et encore moins pour marquer des points politiques.
Si cette Loi est adoptée sans contestation, il est probable que nous verrons des mesures semblables de la part des gouvernements provinciaux à travers le pays au cours des prochaines semaines. Cette tactique est présentée sous le couvert de la « protection des enfants », mais nous savons toutes et tous qu’elle vise à amener les gens à se retourner contre les communautés marginalisées, dans ce cas, la communauté trans. Elle mérite tout notre soutien et notre solidarité.
Mais le problème est plus grand que la communauté trans en Saskatchewan. Nous avons déjà entendu des rumeurs de mesures législatives semblables dans d’autres provinces, dont l’Ontario. Si le premier ministre Moe réussit, on s’engage dans une voie dangereuse qui mènera à une érosion supplémentaire des droits d’autres groupes visés par l’équité et ceux des syndicats comme le nôtre. C’est pourquoi nous devons élever la voix et manifester notre solidarité dès maintenant. S’il s’en tire, qui sait quelle communauté sera attaquée ensuite? C’est une tactique conservatrice classique pour souligner et exploiter nos différences – afin de nous diviser. Au lieu de cela, nous nous mettrons au plus dur travail d’accueillir nos points communs.
La facilité avec laquelle le gouvernement provincial invoque la clause dérogatoire constitue une menace pour tous les syndicats. L’ensemble du système de protection des droits de la personne et des libertés, y compris les droits du travail – comme les droits de se rassembler et de manifester – est menacé ici. Nous devons faire preuve de solidarité chaque fois qu’un gouvernement menace d’invoquer la clause dérogatoire pour attaquer nos droits et outrepasser les délais judiciaires et les processus démocratiques.
Une attaque contre l’un de nous est une attaque contre nous toutes et tous!
La lutte pour les droits des enfants trans en Saskatchewan est importante en soi, mais elle est maintenant devenue beaucoup plus importante que cela. Tous les droits des minorités sont menacés. Tous les syndicats sont à risque. L’ensemble des travailleuses et travailleurs et des familles est en danger. Nous devons exploiter notre pouvoir collectif en tant que syndicats et travailleuses et travailleurs et en tant que communautés pour y résister. L’avenir de nos droits et libertés en dépend.
Nous l’avons déjà fait, et nous pouvons le refaire. Nous avons combattu le gouvernement Ford forts du pouvoir de la solidarité ouvrière – et nous AVONS GAGNÉ! Il y a trois jours, la population du Manitoba ont dit non à un parti raciste, anti-queer et transphobe et a élu un gouvernement néo-démocrate inclusif et diversifié. Quand nous nous réunissons avec amour et solidarité, nous GAGNONS!
La présidente du Congrès du travail du Canada (CTC), Bea Bruske, a demandé aux affiliés du CTC d’appuyer la manifestation prévue de la Fédération du travail de la Saskatchewan à l’Assemblée législative le 10 octobre à midi. C’est le jour où le premier ministre Moe a rappelé l’Assemblée législative pour invoquer la clause dérogatoire.
Nous encourageons l’ensemble de nos amis et alliés à envoyer autant de représentantes et représentants que possible pour assister au rassemblement et fournir le plus de soutien possible pour montrer au gouvernement Moe, et aux gouvernements du pays, que le mouvement syndical ne restera pas les bras croisés lorsque les droits de quiconque seront attaqués. Nous vous accompagnerons par solidarité. Allez au-delà de vos réseaux habituels : amenez vos amis, amenez votre famille. Peut-être s’agit-il d’enfants trans en Saskatchewan aujourd’hui, mais demain, il s’agira de nous toutes et tous.
Nous connaissons notre histoire. Nous savons à quel point il est facile de garder le silence face aux attaques contre des communautés dont nous ne sommes pas membres. Mais il faut se rappeler qu’en reconnaissant nos erreurs passées, et où cela mène, nous devons également en tirer des leçons. Il faut s’organiser maintenant et s’exprimer ensemble pour changer notre avenir.
Pour plus d’informations, visitez https://egale.ca/
Voir ici pour demander au gouvernement fédéral d’agir en matière de sécurité queer : https://www.momentumcanada.net/act4queersafety
Cliquez ici pour accéder à « Travailleuses et travailleurs en transition » – le guide du CTC pour les représentantes et représentants syndicaux et les membres trans syndicaux : https://congresdutravail.ca/guide-travailleuses-et-travailleurs-en-transition/
Avec amour et en toute solidarité,
JP Hornick et Laurie Nancekivell