L’éditorial suivant du président du SEFPO, Warren (Smokey) Thomas, a été publié dans le Toronto Sun le mardi 13 avril 2021.
Message du président Thomas à l’AHO — Pour la relance en Ontario, nous devons arrêter de parler et passer aux actes
La troisième vague de COVID-19 est arrivée et nombreux sont ceux et celles qui se demandent comment le système de soins de santé entier de l’Ontario — et notre économie — peut être paralysé avec entre 400 et 600 cas de COVID-19 dans nos unités de soins intensifs.
C’est incroyable et c’est certainement insoutenable; avec une population de 15 millions d’habitants, notre capacité hospitalière devrait être beaucoup plus élevée. Les conséquences de l’inaction sont mortelles.
Se pose dès lors la question suivante : Où se trouve le porte-parole de l’Association des hôpitaux de l’Ontario, et l’AHO a-t-elle rempli son mandat de servir les hôpitaux de l’Ontario en construisant un meilleur système de soins de santé?
Disons simplement que la crise de capacités hospitalières dans laquelle nous nous trouvons ne s’est pas produite du jour au lendemain. C’est une catastrophe qui fut annoncée il y a une trentaine d’années. Le mot « crise » n’est pas réservé à la COVID-19. C’est la réalité quotidienne de milliers de travailleurs hospitaliers de première ligne et des patients qu’ils soutiennent.
À l’OPSEU/SEFPO, nous avons sonné l’alarme. Et pas seulement cette année, mais chaque année depuis 30 ans, depuis le début de la « Révolution du bon sens », dans les années 1990, tandis qu’on entreprenait le pillage de notre système de soins de santé.
Anthony Dale, président et directeur général de l’AHO, était déjà là à l’époque, servant de collaborateur au premier ministre Mike Harris, le roi de la coupe, et sa ministre de la Santé et des Soins de longue durée, Elizabeth Witmer.
Les profondes coupures et la restructuration coûteuse de leur gouvernement ont contribué à dépouiller le système des soins de santé et à tracer la voie de l’austérité, laquelle a duré 30 ans et entraîné la crise dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui.
Le cocktail de coupures de M. Harris nous a mené tout droit au désastre. Nous savions où nous allions. Comment un hôpital peut-il faire face à la progression de la pandémie quand il lui manque les ressources et le personnel nécessaire pour faire face à une simple grippe saisonnière?
Nous sommes dans une situation désespérée depuis longtemps, et on n’a pas besoin d’un médecin pour nous dire pourquoi.
Aujourd’hui, M. Dale lance un avertissement pour dire que le système des soins intensifs de l’Ontario est sur le point d’atteindre son « point de saturation ». La saturation, c’est quand la capacité est à zéro. Et il a raison. Nous sommes près de l’effondrement dans l’ensemble du système. Il a également raison sur quelques autres points.
Les hôpitaux de l’Ontario ne peuvent pas fonctionner à pleine capacité à long terme. Nous avons besoin d’une plus grande réserve de capacités ou, en d’autres termes, d’une marge de capacité suffisante.
Nous devons vacciner les gens et mettre l’ensemble du public en confiance en ce qui concerne le vaccin. Nous avons besoin de congés de maladie payés pour les travailleurs essentiels et nous devons tous et toutes suivre les mesures de santé publique prescrites afin de contribuer à la réduction de l’impact de cette troisième et, espérons-le, dernière vague.
Et bien sûr, nous devons absolument investir dans le personnel et la formation afin de remédier aux pénuries de personnel des soins intensifs et dans tous les autres services de santé, qui sont tous à un seuil critique.
Nous sommes entièrement d’accord. Ça fait 30 ans qu’on le répète, aux premières lignes de la lutte pour protéger et améliorer notre système de santé publique, sur le terrain et dans les couloirs du pouvoir à Queen’s Park.
Mais récemment, lorsque notre syndicat a demandé à l’OHA de prendre des mesures et de soutenir la distribution du vaccin dans les hôpitaux en éliminant les obstacles pour le personnel de première ligne, en demandant aux hôpitaux de donner à leurs travailleurs le temps de se faire vacciner, tout ce que nous avons entendu, c’était le son des grillons.
Les actions ont plus de poids que les mots, ce qui soulève la question : Qu’est-ce que l’AHO a réellement fait?
L’AHO s’est absentée sans permission et est sans leadership. Cela doit changer. On a fait suffisamment d’erreurs et personne n’a fait un travail parfait.
Il est temps d’adopter une nouvelle approche, une approche consultative et constructive. Il est temps que l’AHO prenne place autour d’une table avec les syndicats afin d’aborder la crise des capacités de front, ensemble.
On a assez parlé de la reconstruction de notre système de santé. Il est temps de passer à l’acte. Et soutenir les travailleurs essentiels de première ligne est à la base de la reprise économique dans notre province.
Hier. Aujourd’hui. Demain.
Warren (Smokey) Thomas est le président de l’OPSEU/SEFPO