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Présentation de Warren (Smokey) Thomas au Comité permanent des finances et des affaires économiques à Queen's Park

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Cliquez ici pour regarder Warren (Smokey) Thomas, président du SEFPO, faire une présentation devant le Comité permanent des finances et des affaires économiques dans la salle de comité 151 du bâtiment principal de l'Assemblée législative, à Queen's Park, Toronto, le 1er février 2016, relativement au budget 2016-2017 de l'Ontario.

Voici la transcription complète de ses commentaires.

Bonjour! Je m’appelle Warren (Smokey) Thomas et je suis le président du Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario. Je suis accompagné aujourd’hui de notre économiste politique, Randy Robinson.

Nous sommes ici aujourd'hui pour représenter 130 000 travailleurs ontariens. 

Ceux et celles d’entre vous qui sont en politique depuis quelque temps sont sans doute au courant du travail que font les membres du SEFPO.

Nous savons comment faire redémarrer votre cœur. Nous effectuons les tests de diagnostic du cancer.

Nous empêchons les adolescents de se suicider. Nous protégeons les femmes et les enfants contre la violence au foyer.

Nous veillons à ce que tout se déroule bien dans les tribunaux. Nous veillons à la salubrité de l’eau potable. Nous veillons à la sécurité des milieux de travail.

Nous surveillons les personnes accusées de crimes et celles coupables de crimes.

Si vous voulez devenir journaliste ou mécanicien de machinerie lourde, nous vous donnons l’enseignement. Si votre enfant a besoin d'un prêt étudiant, nous pouvons vous aider.

Et je pourrais citer bien d’autres choses, mais ce que je cherche à dire ici, c’est que nos membres utilisent leurs compétences dans une variété incroyable d’emplois. Le travail qu’ils font s’insère dans le tissu de nos vies dans cette province. Je ne pourrais être plus fier que je le suis de les représenter.

En votre qualité de députés provinciaux, votre tâche la plus importante consiste à faire en sorte que ces personnes aient le soutien dont elles ont besoin pour continuer de servir les Ontariens. Et c’est ici que le budget provincial doit intervenir.

Je répète la même rengaine depuis le début de ma carrière, mais aujourd’hui, je suis forcé de me demander si ça vaut vraiment la peine!

Je parle à des gens ordinaires chaque jour. Et ce que je vois est un sérieux écart entre les besoins des Ontariens et les actions du gouvernement.

Dans une étude effectuée en 2014 sur l’influence politique, deux universitaires américains ont examiné près de 1 800 changements de politiques apportés par le gouvernement américain. Ce qu’ils ont découvert est choquant :

« Non seulement les citoyens ordinaires n’ont aucun… pouvoir substantiel sur les décisions stratégiques, ils n’ont que peu ou pas d’influence du tout sur les politiques. »[1]

Vous voyez donc pourquoi Bernie Sanders est si populaire en ce moment. Il exploite la prise de conscience croissante chez de nombreux Américains qui dit que ce que les gens ordinaires pensent ne compte tout simplement pas.

Et je suis triste de dire que nous avons le même problème ici en Ontario. Si vous avez besoin d'un exemple, ne cherchez pas plus loin que Hydro One.

Quatre-vingts pour cent des Ontariens s’opposent à la privatisation de la distribution de notre électricité.[2] Ils n’apprécient guère la perte de contrôle et de surveillance publics. Ils s’inquiètent au sujet des prix. Ils s’inquiètent de perdre les recettes que nous apporte Hydro One.

Et si l’on en croit ce que dit notre directeur de la responsabilité financière, ils ont bien raison de s’en faire. En octobre dernier, Stephen Leclair nous a dit que la vente d’Hydro One ne permettra pas à la province de gagner de l’argent; plutôt, elle lui en coûtera. Ce n’est pas une bonne idée.

 

Sur le site Web de consultation budgétaire du gouvernement, ne pas vendre Hydro One est en deuxième position parmi les idées soumises par la population.[3] Et malgré cela, le gouvernement procède à la vente.

Bien entendu, cela ne me surprend guère quand je sais que le premier ministre suppléant de l’Ontario est un ancien banquier du nom d’Ed Clark.

Un homme qui estime que les employés à temps plein dans les magasins de la LCBO gagnent trop parce qu’ils font des heures supplémentaires la fin de semaine. Entre temps, sa pension mensuelle se monte à 200 000 $.[4]

Il faut avoir du culot! Mais du culot, c’est quelque chose dont la classe dirigeante ne manque pas en Ontario.

J’ai déjà parlé de l’écheveau complexe de liens qui existent entre ce gouvernement et le parti libéral et les compagnies les plus riches du Canada. Je n’insisterai pas là-dessus aujourd’hui; pour en savoir plus, lisez notre brochure intitulée « C'est dans leur ADN ».[5]

Mais voici le message clé : il y a une classe élite dans cette province qui contrôle les grandes lignes du budget provincial.

Ça peut expliquer pourquoi le fils d’Ed Clark, Bert Clark, peut se servir de son poste à Infrastructure Ontario pour dépenser 8 milliards de dollars de trop en déversant les deniers publics dans des partenariats public-privé, et ne pas le perdre.

Tout l’argent que nous perdons en vendant les biens de la province et sur les P3 se transforme en profits. Des profits soutirés des services publics.

Si je retourne au site Web de consultation budgétaire du gouvernement, l’option la plus populaire choisie par les Ontariens est que nous devrions financer pleinement les soins de santé dans cette province.

Notez que cela dit « financer », pas « réparer ».

Et pourtant, ce gouvernement détruit les soins de santé. Nous sommes classés au dernier rang en ce qui concerne le financement des hôpitaux publics par habitant,[6] et nous restons à la traîne dans tous les autres domaines. J’ai des membres dans le secteur des soins à domicile qui gagnent 17 $ pour une visite à domicile qui peut durer deux heures.

Dans chaque domaine des soins de santé, les opérateurs privés grouillent comme des mouches. Ils absorbent des profits qui devraient aller aux travailleurs et aux patients. La privatisation nuit à la qualité des soins.

Mais les problèmes budgétaires ne sont pas réservés au secteur des soins de santé. L'Ontario a les dépenses de programmes globales par habitant les plus faibles de toutes les provinces canadiennes.[7]

Le gouvernement s’en vante; franchement, il devrait avoir honte. Nous devrions chercher à avoir les meilleurs services publics au Canada, pas les moins chers.

La situation en matière de financement des services publics est tellement désespérée que certains collèges doivent ouvrir des campus en Arabie saoudite, enfreignant ouvertement notre code provincial des droits de la personne, tandis que le gouvernement ferme les yeux.

C’est ridicule et inutile, et plus particulièrement à une époque où l’argent coule à flot.

J’ai mentionné l’an dernier qu’au début de 2015, l’Ontario avait brisé le record précédent en matière de produit intérieur brut par habitant. C’est un fait : nous avons plus d'argent dans cette province, par personne, que jamais auparavant.[8]

Et pourtant, les gens sont fauchés et sont endettés jusqu’au cou. Le gouvernement est fauché et croule sous les dettes.

Pendant ce temps, toutefois, la Nation Ed Clark prospère.

En 2014, les 100 premiers PDG au Canada gagnaient près de 9 millions de dollars par année, en moyenne.[9]

Les liquidités énormes des sociétés canadiennes ne semblent pas être investies dans la création d'emplois; en fait, le dernier budget ontarien montrait que l’investissement des entreprises était si bas qu’il faisait reculer la croissance économique.[10]

Ainsi, dans les communautés où vivent mes membres, nous voyons les salaires stagner, les services publics s’affaiblir et les espoirs s’éteindre. Ce gouvernement marche bien pour les Ed Clarks du monde, mais pas pour le reste d'entre nous.

Les inégalités croissantes sautent aux yeux. Nos concitoyens d’Ontario au travail et du Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées en sont victimes chaque jour. J’espère sincèrement que ce comité recommandera une augmentation considérable de l’aide accordée aux assistés sociaux, afin qu’ils puissent au moins se nourrir, eux et leurs familles. Et je ne parle pas de six dollars par mois!

Notre première ministre se dit progressiste. Par exemple, le 23 janvier dernier, elle a envoyé un tweet qui disait « Ensemble, nous pouvons refermer l’écart salarial entre les sexes » (traduction libre)

Eh bien, laissez-moi vous dire ce qu’elle fait à propos de l’écart salarial entre les sexes.

Tout d’abord, elle l’élargit en réduisant les salaires réels dans le secteur le plus féminin de l’ensemble de l’économie : le secteur public. Les libéraux le font depuis plus de cinq ans.

Ensuite, le montant d’argent qu’elle économise en coupant dans les services publics correspond au montant d’argent supplémentaire qu’elle transvase dans l’infrastructure.[11] La part du lion de cet argent va au secteur de la construction, un secteur à 88 pour cent masculin.[12]

Aussi, le gouvernement de Madame Wynne réduit les salaires des femmes en mettant fin au financement de l’équité salariale pour les femmes dans le secteur public.

Le SEFPO compte 180 unités de négociation dans lesquelles les libéraux ont arrêté de financer l’équité salariale. Des centaines d'autres unités sont dans la même position.

Des dizaines de milliers de femmes, la plupart à revenus modérés, se voient refuser de l’argent qui leur est dû, de par la loi. Un grand nombre d’entre elles n’atteindront jamais l’équité salariale promise par la loi avant leur retraite ou leur décès.

Comme en Arabie saoudite, c’est une infraction aux droits de la personne, pure et simple. Et elle contribue à élargir le fossé salarial entre les sexes.

Nous devons lutter contre l’inégalité dans notre société, pas seulement entre les hommes et les femmes, mais entre les classes sociales aussi. La Nation Ed Clark nous vole nos services publics, nos biens publics et nos dollars publics.

Nous devons les récupérer.

Et la façon de le faire est simple. Le déséquilibre de nos finances est dû à vingt ans de réductions d'impôts dans cette province. Le résultat net est que nos coffres publics perdent des recettes de 20 milliards de dollars par année.[13]

Les réductions d’impôts devaient tous nous rendre riches. Au lieu de ça, nous en sommes réduits à nous battre pour quelques miettes.

Ça ne peut plus durer. Ce budget doit inclure des augmentations considérables des recettes afin de ressusciter nos services publics. Et ces recettes doivent venir des particuliers et des sociétés qui ont profité si largement de leur position sur le perchoir fixé au-dessus de la chaîne alimentaire.

Merci. Nous nous ferons maintenant un plaisir de répondre à vos questions.

 

Notes:

[1] Gilens, Martin et Benjamin I. Page (2014). « Testing Theories of American Politics: Elites, Interest Groups, and Average Citizens. » Perspectives on Politics, vol. 12, no 3, septembre, 564-581.

[2] Environics Research Group (2015). « Ontario Attitudes on Hydro One Privatization. » Toronto : Keep Hydro Public, le 3 septembre. Disponible à l’adresse : http://keephydropublic.ca/wp-content/uploads/2015/09/2015-09-11-Environics-Keep-Hydro-Public-Ontario-IVR-Poll-Report.pdf

[3] Gouvernement de l'Ontario (2016). Parlons budget : exprimez-vous. Site Web : https://talks.ontario.ca/fr/content/parlons-budget-exprimez-vous.

[4] Alexander, Doug (2014). « TD’s Clark to Get $2.23 Million Lifetime Pension. » Bloomberg News, le 21 février. Édition Web : http://www.bloomberg.com/news/articles/2014-02-21/td-s-clark-to-get-2-23-million-lifetime-pension.

[5] Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (2015). C’est dans leur ADN : l’arbre généalogique des libéraux. Toronto : Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario. Disponible à l’adresse : https://sefpo.org/sites/default/files/2015-04_fr_its_in_our_dna_report_b.pdf.  

[6] Institut canadien d'information sur la santé (2014). Base de données sur les dépenses nationales en santé.

[7] Charles Sousa. Favoriser l’essor de l’Ontario : Documents du budget de l'Ontario 2015. Toronto : Imprimeur de la Reine pour l'Ontario, 198.

[8] Statistique Canada (2016). Tableaux CANSIM 384-0038. 051-0001.

[9] Mackenzie, Hugh (2016). Staying Power: CEO Pay in Canada. Toronto : Centre canadien de politiques alternatives. Disponible à l’adresse https://www.policyalternatives.ca/ceo2016.

[10] Sousa, 235.

[11] Le Centre canadien de politiques alternatives calcule que les dépenses annuelles pour les services publics en Ontario se montent à 6,9 milliards de dollars de moins par année, en termes réels, qu’elles ne l’étaient en 2010. Les dépenses d’infrastructure en Ontario dans les neuf premières années de ce siècle se sont montées en moyenne à 5 milliards de dollars par année. Depuis le budget de stimulation de 2009-2010, toutefois, les dépenses en infrastructure se sont montées en moyenne à plus de 13,3 milliards de dollars par année, soit une augmentation de 8 milliards de dollars. Sources :

— Block, Sheila et Kaylie Tiessen (2015). « Short-term gain for long-term pain: Ontario’s 2015 Fall Economic Statement.” Toronto : Centre canadien de politiques alternatives, le 26 novembre. Blogue : http://behindthenumbers.ca/2015/11/26/short-term-gain-for-long-term-pain/.

— Ministère de l'Infrastructure de l’Ontario (2011). Construire ensemble : Emplois et prospérité pour les Ontariennes et les Ontariens. Toronto : Imprimeur de la Reine pour l'Ontario, 1. Disponible à l’adresse http://www.moi.gov.on.ca/pdf/fr/buildingtogether_fr.pdf.

— Antunes, Pedro et Jacqueline Palladini (2013). « The Economic Impact of Ontario’s Infrastructure Investment Program. » Toronto : Conference Board of Canada, le 5 avril, 3. Disponible à l’adresse http://www.conferenceboard.ca/e-library/abstract.aspx?did=5425.

[12] Statistique Canada (2016). Tableau CANSIM 282-0078.

[13] Block, “Short-term gain for long-term pain.”

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