Quand le point d’eau s’assèche, le berger oblige souvent son troupeau à suivre un programme politique droitiste. Triste vérité! C’est pourtant dans les moments difficiles que nous devrions faire preuve d’unité et de solidarité. Ce principe a permis au SEFPO de traverser avec succès les temps les plus difficiles.
Nous devons aujourd’hui faire face à la collusion. La droite sait pertinemment que les difficultés économiques se traduisent souvent par une réponse conservatrice. Pour atteindre son but et propager son idéologie politique, elle fabrique une crise économique.
Comme je l’ai souvent dit, le mouvement syndical souhaite pour tous ce que nous désirons pour nous-mêmes. C’est notre exemple à suivre pour bâtir une société juste et équitable pour chacune et chacun d’entre nous.
Ce n’est pas la résolution de nos opposants – un cartel de multinationales et d’amis élitistes. Dans leur monde, l’exemple à suivre est bien différent. Dans leur monde, pouvoir rime avec argent. Des histoires récentes illustrent cette triste réalité.
Le récent scandale du LIBOR montre clairement que les riches ont la mainmise sur nos vies. Le LIBOR, c’est-à-dire le London Interbank Offered Rate, devrait être le taux d’intérêt moyen estimé par les principales banques à Londres, en d’autres mots le taux d’intérêt que paye une banque quand elle emprunte de l’argent à d’autres banques.
Ça c’est la théorie, mais la réalité est bien différente. Le scandale montre que des banques ont manipulé le taux d’intérêt pour augmenter massivement leurs profits.
Le LIBOR est lié au fonctionnement d’un marché interbancaire mondial de près de 350 billions de dollars. Cela représente environ 50 000 dollars pour chaque humain de la planète.
Des banques importantes comme Lloyd’s of London, HSBC et la Royal Bank of Scotland sont compromises dans ce scandale de manipulation du taux d’intérêt. Manipuler les taux d’intérêt a en outre des conséquences considérables sur les importants placements d’argent, comme les fonds de retraite. Quel meilleur moyen de saper les fonds de pension que de réduire leurs gains qu’en manipulant les taux d’intérêt?
Les conséquences peuvent être immédiates – et désastreuses. La première, par exemple, sera que les gens devront travailler plus longtemps avant de recevoir leur retraite, comme jusqu’à 67 ans. Étrangement, ça correspond à certaines des mesures annoncées par notre gouvernement fédéral de droite. N’est-ce pas Monsieur Harper.
Nos régimes de retraite du secteur public contiennent nos économies et futures pensions et on ne peut pas tolérer ces manigances, à l’instar du transfert de ces pensions dans des fonds supervisés par des « professionnels » du secteur financier « en qui on a confiance ».
Jamais! Pour préserver nos retraites et la gestion fiduciaire commune que nous avons obtenue de haute lutte dans les années 1990, nous combattrons ces changements avec vigueur. Nous ne tolérerons pas que des soi-disant professionnels, appartenant à la même famille que ceux qui ont manipulé le LIBOR, ruinent nos économies.
De plus, la banque HSBC a mis de côté 1,3 milliard de dollars pour dédommager les clients et les petits entrepreneurs pour la couverture des taux d’intérêt. Après des profits de 12 milliards de dollars, c’est une somme ridicule à payer. On doit toujours se souvenir qu’une partie de leur profit provient du recyclage d’argent. Difficile à croire, mais la banque HSBC a été mise en cause parce qu’elle permettait à des clients peu scrupuleux venant de pays impénétrables et corrompus de faire des transactions par le biais de sa banque internationale. La banque HSBC s’est rendue complice de blanchiment d’argent en laissant entrer des fonds occultes dans l’économie légitime, comme les fondations poreuses d’une maison laissent passer l’eau. C’est bien là le cœur du problème. Nos fondations, qui reposent sur l’actuel système financier, sont poreuses. L’équité et la justice ont laissé la place à un système corrompu où seul compte le gain à court terme.
D’autres indicateurs virent au rouge. Des rapports montrent que les personnes les plus riches au monde détiennent plus de 240 billions de dollars dans des comptes off-shore. À la fin de 2012, les entreprises canadiennes auront mis de côté plus de 520 billions de dollars – de l’argent qui pourrait être investi pour bâtir une économie plus forte.
Une partie de cette somme est l’argent des contribuables qui leur a été donné pour stimuler l’économie. Le pire est que l’argent des entreprises et des riches provient d’économies réalisées sur le dos des travailleurs qui ont contribué à créer la prospérité.
Alors que les salaires stagnent depuis plus d’une décennie, les Canadiens doivent puiser dans leurs économies et prendre des lignes et cartes de crédit pour joindre les deux bouts. Ils payent tout au long de leur vie et au-delà des taux d’intérêt fixés par les banques. Les banques prospèrent en jouant les intermédiaires pour ce club d’élite du milieu des affaires.
Elles subtilisent l’argent de la classe moyenne et des personnes dans le besoin pour mieux les en priver. Partager la richesse? Jamais. Parce que les travailleurs pauvres ne deviennent pas des consommateurs riches, la crise continuera. Pendant ce temps, on continuera de blâmer les travailleurs et leurs syndicats.
Comme un point d’eau peut cacher des sables mouvants, l’idéologie conservatrice peut dissimuler la cupidité.
Cela nous ramène à l’introduction de mon article : « Quand le point d’eau s’assèche, le berger oblige souvent son troupeau à suivre un programme politique droitiste … »
Solidairement,
Warren (Smokey) Thomas, président
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