Détourné. Un mot qui décrit bien comment le Parti progressiste-conservateur (PC) , jadis fier comme un paon, s'est métamorphosé en aile néolibérale du mouvement américain « Tea Party ». Mais qu’est-il donc arrivé?
Les véritables conservateurs de l'Ontario sont devenus paresseux. Ils n'ont pas accepté qu'après plus de 40 ans au volant de la grosse machine bleue ontarienne, leur pouvoir leur soit retiré par les électeurs et dérobé par les libéraux de David Peterson et, plus tard, par Bob Rae et son Nouveau Parti démocratique.
Le PC de Frost, Robarts et Davis a cédé le parti à des gens de l'espèce de Harris, Hudak et Hillier. J'aurais aussi pu mentionner Ernie Eves, notre premier ministre à court terme par défaut. Toutefois, provisoire était son surnom, vu qu'il était plutôt de la lignée des conservateurs traditionalistes Robarts/Davis. Ainsi, Eves s'est rapidement effacé, balayé tant par l'aile droite de son parti que par les électeurs ontariens.
En quoi croyaient les conservateurs traditionalistes? C’est simple, ils croyaient en un Ontario inclusif.
En dépit du fait que les syndicats se soient fréquemment opposés aux conservateurs de l'époque, on ne peut nier que ces leaders étaient au moins fiers des institutions ontariennes. La manière dont ils traitaient la fonction publique et les personnes qui en faisaient l'une des fonctions publiques parmi les plus professionnelles et les plus respectées au monde le prouvait nettement. Le PC croyait alors en la paix, l'ordre et un bon gouvernement.
Plus tard, avec Mike Harris, le mantra est devenu famine et destruction des services, organismes et structures gouvernementaux. Au lieu d'améliorer les ressources communautaires, ils ont cherché à les éliminer.
Après son arrivée au pouvoir, il avait annoncé que pour réduire les dépenses de santé, des centaines de travailleurs d'hôpitaux seraient mis à pied. Harris avait comparé la situation à ce qui était arrivé aux fameux hula-hoops, au début des années soixante, disant que, « de la même façon que les hula-hoops ont disparu et que l'usine et l'entreprise qui les fabriquait a dû se transformer pour concevoir autre chose qui plairait, la même chose doit arriver au gouvernement…”
Harris avait clairement exprimé sa position en disant que son parti « n'était pas là pour gouverner, mais plutôt pour réparer le gouvernement ».
Et il n'y est pas allé de main morte! Les résultats sont clairs, la tragédie de Walkerton, la privatisation de la 407, Accenture and Andersen Consulting, les programmes de travail obligatoire ratés et les autres projets de privatisation. Ces « rafistolages » ont entraîné décès, destruction, gaspillage, dépenses inutiles et grabuge. À la fin de son mandat, il nous laissait en héritage un déficit de 6 milliards de dollars. Et tout cela dans une des périodes économiques parmi les meilleures pour l'Ontario.
Le 5 décembre 2012, l'ancien juge en chef et fidèle conservateur Harry McMurtry appuyait la candidature d'Eric Hoskins, candidat à la tête du Parti libéral, au poste de premier ministre de l'Ontario. Oui, vous avez bien entendu… un conservateur endurci qui appuie un libéral à la candidature de premier ministre de l'Ontario!
Hmm… Monsieur McMurtry semble avoir bien compris ce qui se passe. Les progressistes-conservateurs se sont égarés. Acharnés à détruire, sans aucune idée de la façon de reconstruire l'Ontario, les conservateurs du jour ne sont capables que de démolir.
Détruire le mouvement ouvrier; attaquer le statu quo; éliminer les pensions; déréglementer et privatiser. Vendre, blâmer et diviser plutôt qu'unir. Exclure plutôt qu'inclure d'autres personnes et pensées. Ils semblent détester tout ce qui touche à l'idéologie des anciens chefs conservateurs.
Les politiques de Tim Hudak ne sont pas des politiques conservatrices. Elles viennent du mouvement américain « Tea Party ». Les exemples sont clairs. Vendre la LCBO. Égorger la poule aux œufs d'or qui pond chaque année 1,6 milliard de dollars pour payer les programmes et services publics. Comment une telle vente peut-elle profiter à l'Ontario?
Sans parler des profits qu'elle réalise, la LCBO emploie des milliers de gens. De plus, afin de protéger nos communautés, les employés de la Régie des alcools sont formés pour vendre les alcools de façon socialement responsable.
La vente de la LCBO ne serait profitable qu'à l'entreprise qui l'achèterait en partie ou en entier, un peu comme ça s'est passé avec l'autoroute 407, en 1999.
Le gouvernement Harris avait loué l'autoroute à un conglomérat d'entreprises privées pour 3,1 milliards de dollars. L'entente comprenait un contrat de location de 99 ans, un contrôle illimité sur l'autoroute et ses péages et une restriction en vertu de laquelle le gouvernement ne pourrait pas construire d'autoroute à proximité qui pourrait nuire à la rentabilité de l'autoroute à péage électronique 407. Ouah! Quelle entente formidable pour les contribuables!
Les élections américaines de 2012 ont rejeté le type de conservatisme « Tea Party » préconisé par Hudak. Des millions de gens, marginalisés par cette idéologie, ont rejeté son message. Mis au pied du mur, je crois que l'Ontario suivra le même chemin.
En tant que leader au sein du mouvement ouvrier, je sais combien il est important de se mobiliser. Quelques règles toute simples régissent un tel comportement. Et la plus importante est que la passivité ne donne jamais rien. C'est une leçon importante tant pour les conservateurs traditionalistes que pour les militants syndicaux.
Aux conservateurs traditionalistes qui se souviennent de Davis et Robarts, nous disons: « Récupérez votre parti! ». L'Ontario ne s'en portera que mieux. Nous aurons sans doute un dialogue politique plus civilisé, avec un meilleur équilibre et plus d'égards pour autrui.
Cela ne signifie toutefois pas que je décide de soutenir votre parti un jour. Mais je peux vous dire qu'un appel aux armes pour récupérer le PC conduira à un Ontario plus prospère, généreux et humanitaire. Je vous mets au défi de prendre cette mesure.
Après tout, un Ontario plus prospère, plus généreux et plus humanitaire serait un endroit que tonton Bill Davis serait fier de revoir.
Solidairement,
Warren (Smokey) Thomas
Président
Afficher tous les messages du président : de 2009 à aujourd'hui