Prospérité : À l'angle de la rue de M. Toulemonde et du chemin de la Solidarité?

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D’après certains, nous sommes tous logés à la même enseigne. Mais le sommes-nous vraiment? Des tendances troublantes ont dilué le concept de la démocratie, avec désormais un ensemble de règles qui s'applique aux riches et un autre qui s'applique au reste. Comment en sommes-nous arrivés là?

Ça commence et ça finit avec l'inégalité économique. L'argent est toujours rattaché au pouvoir politique. L'argent a conféré un certain style de démocratie aux 1 pour cent, avec l'autocratie des entreprises s'appliquant au reste. On peut résumer tout ça en plus pour eux et moins pour nous.

Comment arrêter tout ça? Ce n'est qu'en aplanissant les disparités qu'on résoudra l'inégalité. Mais ce n'est pas facile, pas quand ce sont eux qui contrôlent les règles. Examinons maintenant la situation en Ontario.

Malgré son intention déclarée de démissionner, le premier ministre recourt à toutes sortes de duperies et illusions pour fermer la porte à la législature. Une telle mesure s'apparente davantage au pouvoir absolu. McGuinty peut désormais faire ce qu'il veut sans avoir à répondre à l'assemblée législative ou aux électeurs. C'est ce qu'on appelle de la démocratie à la Dalton.

Son décret de prorogation a fourni à son gouvernement minoritaire la majorité qu'il ne pouvait gagner ou acheter lors des élections générales ou des élections partielles de Kitchener-Waterloo.

N'ayant pas à faire face à la législature, il évite les questions et interrogatoires, et il n'a plus à assumer ses responsabilités. Il empêche la prise de toutes mesures démocratiques. Les députés provinciaux sont bahutés de gauche à droite par un gouvernement qui nage dans le scandale et la mauvaise gestion. Si ceux pour qui nous avons voté sont sans pouvoir, est-il surprenant que les travailleurs soient isolés du processus politique?

Ainsi, tandis que nous attendons la reprise économique, l'élite économique continue de jouer la carte de la crise pour nous garder en place. Le message : ne faites pas de vagues; ne demandez pas votre part équitable; gardez la tête basse. Après tout, les temps sont durs! Non?

Mais à quel point sont-ils durs? Et bien, juste la semaine dernière, les médias parlaient de la mise aux enchères d'une bouteille de scotch de 55 ans pour plus de cinquante mille dollars. Pour les 1 pour cent, les temps n'ont jamais été meilleurs. Pour le reste d'entre nous, oui, les temps sont durs.

Notre société est de plus en plus une société des « nous et eux », avec la gauche et la droite; les travailleurs et les patrons; les 1 pour cent qui maltraitent les 99 pour cent. C'est la recette de la crise. Quand ça arrive, certaines mesures et réactions sont inévitables.

La crise compromet les libertés de la majorité et l'accable de règles et de mesures intrusives. On nous dit que les besoins raisonnables des gens du peuple ne peuvent être satisfaits tant que nous avons un déficit. On ne cesse d'entendre qu'on ne peut plus se permettre de recevoir des « avantages », mais on ne nous dit pas vraiment de quels avantages il s'agit. Et bien, devinez quoi? Il semble que ce soit de l'alimentation, du logement, des emplois et peut-être même de nos pensions qu'on parle.

Les mêmes règles ne s'appliquent jamais à la classe privilégiée. Ils se dépeignent comme de grands créateurs d'emplois. Ils demandent qu'on réduise la paperasserie, qu'on leur accorde plus de libertés, qu'on se mêle moins de leurs affaires et qu'on élimine la réglementation. Ils clament à grands cris que quand ils prospèrent, nous prospérons avec eux. Quand le cheval mange de l'avoine, les oiseaux se réjouissent! On lui dira!

En fait, comparée aux nations, l'entreprise moyenne a une durée de vie d'une mouche d'alose. Elles naissent, elles vivent quelque temps, puis elles disparaissent… et elles ont l'audace d'exiger que le gouvernement soit dirigé comme elles. Non merci!

Et au deuxième niveau, on gèle le salaire des travailleurs, on leur impose des réductions, on leur offre des emplois précaires et on leur donne le droit de travailler jusqu'à un âge avancé, pour autant que leur santé leur permette d'arriver jusque-là.

Pour vous dire à quel point la droite est dérangée, dans un récent gazouillis, Danielle Smith, chef du parti conservateur albertain de Wild Rose, disait que c'était honteux de gaspiller toute la viande contaminée par la bactérie E. coli de la dorénavant célèbre usine XL. Elle est allée jusqu’à suggérer que nous donnions cette viande aux pauvres et sans abri de la province. Il suffit apparemment de très bien la cuire. Qui a besoin d'inspecteurs qualifiés pour garantir la sécurité alimentaire quand des gens affamés sont prêts à manger n'importe quoi? La droite est vraiment brillante et pleine d’égards pour autrui.

Pour la plupart d'entre nous, une telle attitude est vraiment difficile à comprendre. Ce que nous voulons pour nous-mêmes, nous le voulons pour tous. Ça fait contraste avec leurs convictions, selon lesquelles ce qu'ils veulent pour eux, ils le veulent tout pour eux.

Nous voulons satisfaire des besoins et ils veulent satisfaire leur avarice. Leur attitude déborde sur leur vue du monde. Notre monde en est un d'espoir infini; le leur en est un de désespoir pour certains. Avec nous, tous les navires devraient monter quand la marée monte. Avec eux, nous devrions nous contenter de patauger dans leur sillage.

Oui, nous avons du pain sur la planche. Nous devons continuer de nous serrer les coudes. Lorsque des gouvernements élus démocratiquement peuvent systématiquement fermer leurs portes, c'est que quelque chose ne va pas. C'est que quelque chose doit changer!

Le changement s'en vient. Mais suivra-t-il une révolution ou une résolution? Regardez dans le monde les sociétés qui luttent contre l'austérité. Leurs rues sont couvertes de sang. C’est possible.

Mais prenons un peu de recul, la démocratie et le capitalisme peuvent aussi co-exister. L'un n'annule pas l'autre. Mais pour cela, notre système doit reposer sur l'équité. On ne peut pas fausser le jeu. C'est là que le gouvernement, par la propriété publique, la réglementation et l'imposition, peut jouer un rôle. Ces pouvoirs peuvent aplanir les disparités et assurer l'équité.

Nous savons qu'au Canada et en Ontario, on a saboté l'équité fiscale, alors que beaucoup prétendent qu'il serait préférable d'avoir moins de règlements. Pourquoi? Bay Street, Wall Street et leurs amis régressifs ont eu leur tour. Ils l'ont vendu. Ils se sont aussi trompés à chaque tournant.

La solution à l'inégalité politique et économique viendra des travailleurs qui estiment qu'en collaborant, la société s'en trouvera plus forte, plus heureuse et plus sûre. C'est cette voix qu'on entendra à l'angle de la rue de M. Toulemonde et du chemin de la Solidarité, où vit la démocratie et où se rassemblent les travailleurs. C'est là que la prospérité croît. Le moment d'agir est arrivé.

Solidairement,

Warren (Smokey) Thomas, président

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