Scandale SNC-Lavalin : une occasion en or d’assécher le bourbier de la privatisation

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Les « on-dits » du scandale SNC-Lavalin forment un acte de théâtre politique irrésistible. Mais si, en tant que Canadiens, nous regardions au-delà du drame quotidien mis en scène par le camouflage maladroit de Justin Trudeau, nous pourrions saisir l’occasion en or de vraiment améliorer nos vies.

De meilleurs hôpitaux, de meilleures routes, de meilleures écoles. Un moins gros déficit et moins d’impôts sur le revenu. Tout cela pourrait nous appartenir si nous reconnaissons que l’affaire SNC-Lavalin n’est pas juste une histoire de bagarres au sein du Parti libéral fédéral, et que c’est en fait l’histoire tragique de ce qu’on perd quand on vote pour des politiciens enlisés dans le bourbier de la privatisation.

SNC-Lavalin est un des principaux acteurs de ce drame, mais ce n’est certes pas le seul. EllisDon. Carillion. Serco. Pendant des années, ces sociétés, et tant d’autres comme elles, corrompent nos politiciens et s’infiltrent de plus en plus dans la sphère publique, nous volant des recettes fiscales, forçant notre déficit et nous dérobant nos services et infrastructures de qualité, payés avec de l’argent durement gagné, sorti droit de nos poches.

Je ne veux pas dire que les entreprises de construction ne devraient pas construire nos hôpitaux et nos routes. C’est comme ça que ça a toujours été. Toutefois, une fois la construction terminée, le rôle de l’entreprise de construction était lui aussi terminé. Nous retenions la propriété, la responsabilité et le contrôle de ces infrastructures. Et si l’on tirait des recettes du projet, on les gardait, elles aussi.

Tout a commencé avec la gourmandise des entreprises retenues pour faire le travail. Nos millions ne suffisaient plus pour construire des hôpitaux et des routes, elles voulaient nos milliards pour les gérer ou même les posséder.

Grâce à une enquête publique sur la corruption dans l’attribution des marchés publics au Québec, nous savons désormais que SNC est allé chercher ces milliards en nouant certains liens intimes, en contribuant illégalement à des campagnes électorales, en signant des ententes secrètes et en participant à des pots-de-vin et à de l’escroquerie purs et simples.

Et tandis que le scandale se propage jusqu’à Ottawa, nous voyons bien l’étendue du succès de la compagnie SNC. Monsieur Trudeau, et tous les autres le long de l’échelle libérale du fédéral, et même de grands patrons de la fonction publique, essaient autant qu’ils peuvent de tirer le rideau sur toute cette corruption.

Mais rappelez-vous, cette histoire NE s’arrête PAS à notre gouvernement fédéral libéral. SNC entretenait déjà des liens avec les conservateurs de Stephen Harper. Et l’histoire ne s’arrête pas non plus à SNC.

Ici en Ontario, ça fait plus de trente ans qu’EllisDon, le géant de la construction, entretient des relations intensément incestueuses avec les politiciens de la province.

Le fondateur de la société EllisDon, Donald Smith était président et agent de financement en chef du Parti libéral provincial. L’épouse de M. Smith, Joan, était ministre à l’époque du gouvernement de David Peterson. Le fils de M. Smith, Geoff, était président du Fonds libéral de l’Ontario.

Geoff est un promoteur de la privatisation tout particulièrement agressif, et EllisDon a récolté les fruits de ses efforts, soit des centaines de millions de dollars publics dans des douzaines d’ententes de privatisation à l’époque des gouvernements McGuinty et Wynne.

Et où est le problème exactement? Commençons par le fait qu’en 2015 la vérificatrice générale avait découvert que la population de l’Ontario avait été surchargée de plus de 8 milliards de dollars pour des projets de construction privatisés.

Ajoutez-y les milliards de dollars que nous avons perdus avec la vente de l’autoroute 407 (qui appartient en partie à SNC), les milliards de dollars perdus dans le scandale de l’usine à gaz et les milliards de dollars que nous perdons avec la liquidation d’Hydro One… inutile de vous faire un dessin! La privatisation nous dessaisit de notre propre richesse.

Imaginez ce que nous pourrions faire avec tous ces milliards de dollars.

Imaginez l’aide que nous pourrions offrir aux enfants autistes. Imaginez des rues et des trottoirs déblayés et des salles de classe qui ne sont pas surpeuplées. Imaginez l’argent que nous pourrions verser pour réduire le déficit.

Malheureusement, le bourbier de la privatisation est tellement grand que nous en sommes venus à l’accepter.

Tandis que Doug Ford s’apprête à ouvrir tout grand la porte sur la privatisation des soins de santé, j’ai entendu trop de gens dire bien humblement : « Les soins de santé sont déjà en partie privatisés, alors à quoi bon nous battre? »

C’est comme si on disait, « il y a déjà un pouce d’eau dans le sous-sol, alors à quoi bon réparer la fuite dans les fondations? »

Plus nous ignorons la fuite et plus la pourriture va se propager.

De même, plus nous permettons à l’industrie de la privatisation de corrompre nos politiciens et plus on vous soutirera de l’argent, à vous, à votre famille et à votre communauté.

Le scandale SNC est une occasion en or d’épouser un changement. Au cours des prochaines élections fédérales et provinciales, transformons cette histoire de « on-dits » en une histoire de « nous avons dit »… nous avons dit « Ras le bol des projets de privatisation corrompus! Mettons-y fin! ».  Nous ne nous en porterons tous que mieux.

Solidairement,

Smokey

Warren (Smokey) Thomas
Président, Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario
@OPSEUSmokey
facebook.com/OPSEUSmokey

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