Un chemin toujours glissant

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Au début, ils ne savaient pas trop quoi penser, même s’ils se doutaient bien que quelque chose ne tournait pas rond.  Puis, les Ontariennes et les Ontariens ont compris que la roue ne tournait plus dans le sens de la justice. L'argent et le pouvoir avaient pris le pas sur la qualité de vie des gens.

Dans les années 1930, les Américains ont connu un énorme changement dans leur niveau de vie avec la mise en œuvre du New Deal, un ensemble de programmes économiques, en réponse à la Crise de 1929. http://en.wikipedia.org/wiki/Great_Depression_in_the_United_States De nos jours, le Canada et les États-unis connaissent un autre changement important.

Le commentateur Dylan Ratigan l'a baptisé le « communisme corporatif ». D'après Ratigan, la collusion provient du fait que les sociétés ont pris le contrôle des gouvernements et, en conséquence, des politiques qui protègent leurs intérêts. À l'instar de ce qui s’est passé en Union soviétique, les sociétés deviennent alors moins compétitives et innovatrices et la population en paie le prix.

« Le concept de communisme est vilipendé à juste titre pour la simple raison qu'il méconnait la nature de l'homme, permettant à un petit groupe d'individus (sociétés) d'avoir la mainmise sur un système qui contrôle tous les autres en les obligeant à respecter sa loi. Pendant un demi-siècle, de nombreux Américains ont perdu la vie pour combattre un tel système de gouvernement. Alors, pourquoi le défendons-nous aujourd'hui? » (traduction libre)

En dépit du fait que le Canada ne soit pas les États-unis, le « communisme corporatif » a fait son chemin en Ontario. Des sociétés se lient avec des politiciens d'extrême droite. Pendant qu'ils mènent grand train, le reste d'entre nous est mis à la diète.

Cette mainmise se traduit par la disparition de milliards de dollars, souvent placés dans des comptes à l'étranger, plutôt que d'être réinvestis dans l'économie. De l'argent mort qui nuit à la société humaine en entrainant des réductions de salaires et en creusant les inégalités de revenus. Aujourd'hui, 9 Canadiens sur 10 stagnent à moins de 80 000 $ par année alors que les 10 pour cent du haut de l'échelle continuent de s'enrichir. Un tel système détruit non seulement l'équité dans notre société, mais également notre qualité de vie.

Voulons-nous que les sociétés cachent leur argent ou que les travailleurs gagnent un salaire décent? Que les travailleurs gagnent un salaire décent bien sûr! Ce ne sont pas les réductions d'impôts qui créent des emplois, mais les travailleurs avec des revenus décents.

Une autre stratégie du « communisme corporatif », défendue par les idéologues de droite est connue sous le nom de  « Affamer la bête ». La stratégie « Affamer la bête » se déroule en quatre étapes : (1) réduire les impôts, (2) attendre que le déficit budgétaire devienne un problème, (3) réduire les dépenses afin de faire face au déficit budgétaire, puis (4) répéter l'étape un.

La stratégie des sociétés pour l'Ontario a reposé sur cette même idéologie de droite. Il a s'agit « d'affamer la bête » en abaissant les impôts, en faisant stagner les salaires, en réduisant les taux d'intérêt et en facilitant l'accès au crédit.

Voyons comment les étapes successives ont affecté l'Ontario :

Cette stratégie a engendré la stagnation des salaires. Certains ont pensé que le gouvernement avait sous-estimé le fait que la stagnation des salaires entrainerait une baisse des recettes fiscales et des déficits plus importants. Le gouvernement connaissait bien les effets comme le montre la deuxième étape de cette stratégie.

La baisse des taux d'intérêt, qui a facilité l'accès au crédit, a permis de stimuler la consommation pendant un certain temps. Puis en 2008, les niveaux d'endettement élevés ont engendré le pire effondrement financier international depuis la Crise de 1929. Aujourd'hui, en 2013, on entend toujours des avertissements concernant le taux d'endettement des Canadiens. En 1995, le taux d'endettement du ménage canadien moyen par rapport au revenu était de 100 pour cent. En 2010, il a augmenté pour se situer à près de 155 pour cent et la dette des particuliers atteint des niveaux sans précédent.

La situation s'est aggravée avec l'instauration des prochaines étapes du plan. De nouvelles réductions d'impôts ont suivi et le chômage a continué à augmenter. Deux conséquences qui ont réduit les revenus du gouvernement. Tandis que les réductions d'impôts nous donnaient l'illusion qu'on avait davantage de revenus disponibles, de nombreux services communautaires disparaissaient pendant que d'autres étaient vendus au secteur privé. L'instauration de frais d'utilisation ont annulé l'avantage que les particuliers avaient gagné grâce aux économies d'impôts. Par contre, les sociétés ont profité de l'aubaine de la privatisation des services.

Comme prévu, on a demandé aux gens de faire plus avec moins. On a monté les travailleurs les uns contre les autres et diabolisé les syndicats en les traitant de cupides et déraisonnables. Ce qui a provoqué une baisse du taux de syndicalisation de la main-d'œuvre active au Canada. La baisse du taux de syndicalisation a engendré l'érosion des salaires dans le secteur privé et attiré l'attention sur les salaires dans le secteur public. Aucunes preuves factuelles ne justifient ce fait puisque des études ont prouvé que les salaires sont respectivement les mêmes dans les secteurs public et privé.

La stratégie a consisté ensuite à s’attaquer aux coûts des services publics même si ces derniers n'étaient pour rien dans les déficits budgétaires. Les déficits avaient été causés délibérément par les réductions des taux d'intérêt, l'augmentation de la dette des particuliers, les réductions d'impôts, la stagnation des salaires et la cupidité des sociétés.

À quelle fin? En dépit du fait que les gouvernements de droite se disent les champions de la responsabilité fiscale, ils laissent rarement les finances publiques en meilleure situation qu'ils les ont trouvées. Que dire du gouvernement Harris en Ontario, qui après avoir imposé de nombreuses et profondes coupures, a laissé l'Ontario avec un déficit de plusieurs milliards de dollars.

Une autre aberration est survenue en 2008, lorsque la bulle financière a explosé. Les sociétés ont fait appel aux gouvernements prétendant que le système capitaliste allait s'effondrer si on ne le renflouait pas avec l'argent des contribuables. Ils ont obtenu l'argent des contribuables et personne n'est allé en prison. Wall Street et Bay Street ont continué à s'enrichir.

Ces étapes ont servi à fixer le cap que suit l'Ontario aujourd'hui. En l'espace de deux décennies, la cupidité des sociétés, financée par les contribuables, a mis à mal notre prospérité économique qui reposait sur des augmentations de salaires. Ces renflouements ont pesé lourd sur les finances du gouvernement et entrainé une réduction des dépenses publiques. Les gens ont perdu sur deux fronts : les salaires et les services publics.

Voilà l'histoire du « communisme corporatif » en Ontario. Les riches ont fait équipe pour faire main basse sur le gouvernement. Désormais, l'argent passe directement de nos poches aux leurs. Tout cela a un impact considérable à la table de négociation. On ne parle plus que de menaces de licenciements, de réductions des effectifs et de baisses des salaires. La population, souvent mal informée, appuie souvent ces discours. Beaucoup de gens ne connaissent pas encore les tenants et les aboutissants de cette crise économique complexe.

On approche du jour où la vérité éclatera. Les gens sauront que le mouvement syndical n'a pas causé la crise financière. Les travailleurs des secteurs public et privé, qui n'ont rien à se reprocher, seront mis hors de cause.

Je constate que c'est apparemment très facile pour les politiciens de passer du gouvernement à un emploi très bien rémunéré sur la rue Bay, comme le montrent les exemples de l'ex-politicienne Pupatello et de l'ancien ministre des Finances Duncan. Les fonctions gouvernementales permettent donc de se construire un nid douillet dans le secteur privé. Les membres syndiqués et le public, qui critiquent une équipe de négociation ou un syndicat pour leur position, devraient plutôt diriger leur colère à l'endroit des dirigeants d'entreprise et des responsables politiques qui appuient la mainmise des sociétés.

Les temps changent. Le SEFPO a mis en évidence l'importance de l'équité fiscale, de l'égalité des revenus et du bien-fondé des services publics de qualité. Nous sommes de plus de plus nombreux à être conscients du fait que l'Ontario doit changer de cap. Il nous reste encore du travail à faire, mais nous continuerons à révéler la vérité. Ensemble, nous lutterons pour le changement de cap – à la manière du SEFPO – en allant toujours de l'avant

Solidairement,

Warren (Smokey) Thomas

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