Chers amis,
Les marchés boursiers sont désormais plus puissants que les États. Les gouvernements, qui suivaient autrefois les règles de la démocratie, se plient désormais aux volontés de la nouvelle « privilègecratie ». Les renflouements ont remplacé les bulletins de vote.
Des États, comme la Grèce et l’Italie, ont cédé devant les menaces et les gouvernements élus ont été remplacés par des cabinets de technocrates. Leur mandat est simple : mettre en place les coupures que demandent ceux qui nous ont mis dans le bourbier.
Et quelles sont les personnes visées par les coupures? Les gens ordinaires, comme vous et moi, qui ont travaillé d’arrache pied pour concrétiser leurs rêves, acheter leur maison, mettre en place des services, ou profiter de leur retraite. Oublions notre idéal qui visait à faire en sorte que la prochaine génération vive mieux que la précédente. On a compris que les marchés financiers avaient une toute autre vision de la société. Dans de nombreux pays, ils ont déjà fait main basse sur le pouvoir.
Cette soi-disant économie de marché concerne une multitude de personnes, mais seuls quelques privilégiés décident et tirent les ficelles. Qui sont-ils?
Des spéculateurs financiers de tous poils se sont emparés du pouvoir. De quoi glacer le sang de tous ceux qui estiment que les pays démocratiques et indépendants ont pour mission de servir leurs citoyens plutôt que de les asservir. L’interdépendance des marchés financiers mondiaux menace la survie des démocraties et leurs valeurs de liberté, de justice et d’équité sociale. C’est pour cette raison que nous devons être très vigilants. Aujourd’hui, les marchés sont manipulés par quelques privilégiés qui tirent les ficelles.
Les crises engendrent presque toujours des changements. Pour certains, la crise actuelle peut être un prétexte pour renforcer les principes injustes du système capitaliste. Afin d’éviter l’instauration d’une nouvelle forme de terrorisme – le terrorisme économique – nous devons rester vigilants et nous poser les bonnes questions.
Nous connaissons tous le message que nous répètent sans cesse les médias, les porte-paroles d’entreprises, et les gouvernements : nos problèmes découlent de la « crise financière ». On peut y ajouter récession, dépression, correction, inflation et déflation – des symptômes tous plus alarmants les uns que les autres. Pour soigner ces maux, nos dirigeants proposent qu’un remède soit administré aux travailleurs, ceux qui sont syndiqués en particulier.
Pour justifier un tel remède, ils nous expliquent d’abord que le fossé entre la classe moyenne et les plus démunis ne cesse de grandir. Ensuite, ils nous promettent que les coupures dans les services et que d’autres mesures d’austérité nous ramèneront la prospérité – que la classe moyenne connaissait dans le passé.
Plus la qualité de vie de la classe moyenne se détériore, plus ils insistent pour nous convaincre que leur remède est le bon. Les citoyens de la classe moyenne, qui souhaitent que l’on trouve des solutions, (et qui n’ont que très peu de pouvoir) sont les victimes de cette situation, bien malgré eux. Ils restent convaincus qu’en faisant quelques sacrifices et en se serrant la ceinture, ils pourront retrouver leur niveau de vie. La simplicité de la solution séduit les gens, mais au bout du compte, les résultats sont toujours décevants. Les marchés dégringolent. Les emplois disparaissent. Les maisons perdent de leur valeur et les retraites diminuent comme peau de chagrin.
Peut-être bien que le marché rebondira un jour prochain. Si oui, les perdants auront été fous de ne pas avoir investi « à long terme ». Les gagnants engrangeront leurs bénéfices et le fossé entre les nantis et les gens ordinaires continuera de se creuser.
Les gouvernements subissent d’intenses pressions afin de réduire les dépenses et les services. Les entreprises du secteur privé à but lucratif guettent afin de tirer profit des services publics qui seront privatisés. Pour faire du profit, elles réduiront les services procurés et les salaires de leurs travailleurs.
C’est la raison pour laquelle, les forces du marché devraient être contrôlées. Les forces du marché n’ont que faire de la démocratie, encore moins des gens ordinaires. Elles s’intéressent seulement à l’argent et au profit. C’est pur et simple.
Que pouvons-nous faire? Nous avons d’abord besoin d’un système fiscal équitable. Si les travailleurs payent des impôts pour chaque dollar qu’ils gagnent, pourquoi est-ce que les plus nantis n’en paieraient-ils pas? Pourquoi est-ce que les patrons de sociétés profitent de niches fiscales qui leur donnent la possibilité d"éviter de payer la part d’impôt qui leur revient, alors que la plupart des contribuables n’en bénéficient pas ?
On doit ensuite instaurer des pénalités et des mesures incitatives dans le système du marché boursier afin de mettre un terme à cette culture du pari et du gain. Une taxe sur les opérations boursières constituerait un bon début.
Enfin, les gouvernements doivent persévérer afin de demander l’instauration d’un code de déontologie et de principes entourant ces pratiques. Les gouvernements doivent assumer ce rôle de réglementation, car ils constituent l’unique contre-pouvoir aux marchés privés. De plus, on estime que l’instauration d’une réglementation rendrait service aux marchés dans l’avenir.
On voit actuellement les conséquences de ces procédés, à l’instar de la situation à l’usine d"Electro Motive Diesel, appartenant à la multinationale Caterpillar, à London. Il n’y a pas longtemps, le premier ministre du Canada, Stephen Harper, tenait une conférence de presse à l’usine afin de souligner l’importance des investissements de l’employeur dans le secteur de la fabrication. Aujourd’hui, le même employeur met ses employés en lockout en leur demandant de choisir entre une réduction de moitié de leurs salaires et avantages sociaux ou leur emploi. Une telle situation se produit alors que Caterpillar engrange d’énormes profits. Il faut préciser que les travailleurs d"Electro Motive Diesel ont des salaires équivalents à ceux de leurs homologues de l’industrie lourde dans la région. Il s’agit de réduire les salaires et les avantages sociaux afin d’acquérir toujours plus de pouvoir.
Au bout du compte, les responsables devront passer devant la justice. Nombre de gens ordinaires ont tout perdu à cause du dernier effondrement du marché. Nous savons que les banquiers et les investisseurs n’ont aucuns scrupules à jouer avec l’argent des autres. Comment peut-on accepter que des citoyens, qui respectent les lois soient jetés à la rue, à cause de l’appât du gain de certains? Si les voleurs à l’étalage passent devant les tribunaux, comment se fait-il que les plus grands voleurs et escrocs de l’histoire échappent à la justice?
Nous traversons une période tumultueuse, avec beaucoup d’incertitude et d’instabilité, dont tous les fiascos sont le fruit de décisions prises à huit clos par un petit nombre, mais puissants de privilégiés. Nous devons être conscients du fait que notre liberté, le trésor pour lequel les gens ordinaires se sont battus, est en danger.
La démocratie et un capitalisme réglementé doivent aller de pair – comme le pain et le beurre, l’un ne va pas sans l’autre. Le capitalisme sauvage engendre un système totalitaire qui ne profite qu’à un petit nombre au détriment du plus grand nombre. En s’isolant et en devenant de plus en plus vicié, un tel système ne répond plus aux besoins de la société.
On connait l’opinion des élites privilégiés, à l’instar de celle de l’épouse d’un roi de France, qui face aux protestations du peuple affamé avait déclaré : « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche! ». Une déclaration qui a déclenché une révolution.
Face aux pressions économiques et politiques qui s’accentuent, nous devons faire front ensemble afin d’affronter les menaces et les changements à venir. Chaque membre du SEFPO a un rôle à jouer. Il est temps de passer à l’action.
Les membres du SEFPO peuvent s’impliquer en participant aux travaux de la Commission sur la qualité des services publics et l"équité fiscale et en consultant www.standupontario.org. La Commission tiendra des audiences et assemblées publiques afin que les Ontariennes et les Ontariens puissent avoir leur mot à dire.
En toute solidarité,
Warren (Smokey) Thomas
Président, Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario
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