Tourne tourne mon moulin. Plus ça change, plus c'est pareil. Mais pourquoi?
Pourquoi une crise fabriquée de toutes pièces débouche-t-elle toujours sur la même réponse de nos politiciens « de vitrine »? Pourquoi faut-il constamment que la classe moyenne et les travailleurs encaissent la perte de droits et libertés démocratiques qui leur appartiennent?
Sommes-nous une démocratie sociale ou non? Parlons donc de l'avant-projet de loi des libéraux appelé Loi protégeant les services publics.
Si adoptée, cette loi donnera au gouvernement le pouvoir de passer en revue et d'approuver chaque convention collective au sein du secteur public de la province. S'il arrive que le gouvernement n'aime pas ce qu'il voit, il pourra le changer. Les membres d'un syndicat concernés n'auraient bien sûr aucun recours. Cette loi mettrait essentiellement fin à la négociation collective en Ontario. Rien à propos de cette loi n'est « gratuit ». En fait, c'est l'intersection entre Queen's Park et le Kremlin.
Et parlons d'une appellation trompeuse. Tandis que le premier ministre et ses acolytes colportent ces bêtises, des milliers de travailleurs et fonctionnaires contribuables ont reçu leur avis de licenciement. Les mises à pied et la privatisation se poursuivent. Le projet de loi aurait plutôt dû être appelé : Loi pour sauver la peau du premier ministre.
Ces propos ambigus et décevants ne fonctionneront pas.
Les Ontariens souscrivent au principe de l'équité. Ils accordent une grande importance à la loyauté. Ils sont dégoûtés par un premier ministre qui reste là à rien faire tandis que son collègue Chris Bentley, le ministre de l'Énergie, sombre pour avoir induit en erreur l'assemblée législative. McGuinty décline toute responsabilité pour l'entente secrète et lucrative conclue avec les propriétaires des centrales électriques à qui l'on a soudainement demandé de déménager l'usine à moitié construite d'Oakville.
Des centaines de millions de dollars des contribuables ont été utilisés pour acheter ce siège d'Oakville pendant la dernière élection. Entre temps, avec la Loi protégeant les services publics que le gouvernement se propose d'introduire, les travailleurs qui fournissent des services qui touchent la vie de presque tous les Ontariens n'auront plus le droit de négocier collectivement. Le pire est que cette action à motivation politique ignore les droits établis dans la Charte canadienne des droits et libertés!
Il est incompréhensible qu'une décision de gaspiller des millions de dollars des contribuables, de l'argent qu'on aurait pu utiliser pour financer des services nécessaires, n'ait été prise que par Bentley, l'humble ministre de l'Énergie. La piste finira nécessairement par mener au bureau du premier ministre ou tout au moins à ses gourous de campagnes. Ce n'est qu'à ce niveau que ce genre de décision peut être prise.
McGuinty a établi une tendance troublante. Chaque ministre qui aurait pu un jour diriger son parti a été jeté sous les roues du gros camion rouge. Pour commencer, parlons des victimes de CyberSanté : Les ministres Caplan et Matthews. Et maintenant, avec le prochain scandale, Bentley passe lui aussi sous les roues. Si l'on regarde en arrière, les anciens ministres Smitherman et Bryant, à leurs heures les plus sombres, ne se sont pas non plus vus jeter une bouée.
Parlez de couper des ponts politiques! Il suffit d'examiner la relation des libéraux avec les enseignants ontariens. Les enseignants ont inondé les bureaux de campagne des libéraux ces dernières semaines après que le lourd marteau législatif de McGuinty ne tombe avec fracas. On les a accueillis avec le message sévère suivant : « Merci les amis… on en a fini avec vous! » Ce n'est pas un hasard. C'est machiavélique.
Et voici une autre coïncidence. La même gang d'extrémistes de droite responsables de plusieurs décès et maladies à Walkerton nous sert désormais le scandale de la viande contaminée. Les anciens ministres du PC, tels que Baird, Clément et Flaherty, prennent ces décisions haut perchés sur la colline parlementaire.
Leur mandat est le même, maudite soit la réglementation, les marchés sont mieux à même de juger la situation. Ils assureront notre sécurité.
C'est pourquoi Tim Hudak, le chef du Parti conservateur, réclame maintenant, en échange de son soutien à l'avant-projet de loi des libéraux, l'élimination de milliers d'emplois au sein du secteur public. Après tout, qui a besoin d'inspecteurs, de travailleurs scientifiques, d'infirmières, de travailleurs sociaux, d'agents de correction, d'enseignants, de professeurs ou même des autres professionnels de première ligne qui permettent à notre province de tourner? L'Ontario a besoin d'eux. Un point c'est tout.
Le plan économique des conservateurs a été baptisé « Les voies de la prospérité ». Pour la grande partie des travailleurs et de la classe moyenne, il aurait été préférable de l'appeler « Les voies de la pauvreté ». Après tout, comme les libéraux, les conservateurs s'alignent aux côtés des 1 pour cent plutôt que des 99 pour cent. Cet écart économique croissant a été porté à l'attention du public il y a un an avec le mouvement des Indignés.
Tandis que nous nous préparons à contrer une autre attaque injustifiée de ces tyrans, je sais que la vérité, la justice, la démocratie et le bon sens prévaudront. On ne peut bâtir une économie durable en la démolissant. On ne peut protéger des services publics en les démantelant. Ça nous concerne tous. Nous ne devons pas suivre la voie de la pauvreté du PC, mais plutôt nous attacher aux plans établis par le SEFPO.
On ne peut pas susciter la loyauté en jetant nos amis sous les roues d'un gros camion rouge. D'Ottawa à Queen's Park, les roues tournent lentement. Une chose est certaine, on récolte toujours ce qu'on a semé. Alors Dalton, rendez-vous aux moissons!
Solidairement,
Warren (Smokey) Thomas
Président
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