Bienvenue en Ontario en 3D, avec Don, Dalton et Dwight. C'est surprenant de voir comment l'intrigue rebondit lorsque les libéraux font campagne de la gauche et fonctionne de la droite. Ce genre de combine a déjà marché, oui, et plus d'une fois. Dalton appelle ça du leadership.
Un leadership où le premier ministre remet les pouvoirs de ses députés à un banquier retraité. Vraiment? Après tout, ce sont des banquiers comme Drummond qui ont été responsables d'amener le monde au bord du gouffre financier. Mais Drummond comprend les gros chiffres… des chiffres comme ceux qui ont récemment causé l'effondrement et détruit la vie de millions de personnes en prenant des milliards des poches des travailleurs pour racheter les péchés des riches. Quel régime, autre que le capitalisme, permet à ceux et celles qui fabriquent une crise de cette ampleur de violer la loi en toute impunité? Quel autre régime va en fait jusqu'à offrir à ces gens les protections juridiques nécessaires?
Drummond connaît les lois que lui et des gens comme lui ont mises en place par l'entremise des politiciens qu'ils conseillent. Ils savent aussi que le malheur de gens ordinaires comme vous et moi peut faire le bonheur des banquiers et des prêteurs. Et c'est ce qui se passe lorsqu'ils s'emparent des ressources des gens qui ont atteint leur limite d'emprunt et ne peuvent plus s'acquitter de leurs obligations.
Nous ne devrions pas nous étonner non plus si le chef du Parti conservateur de l'Ontario, Tim Hudak, appuie Drummond sans réserve. Certain que l'austérité nous conduira à la prospérité, les coupures devraient être encore plus profondes selon Tim. Suivant les lois du capitalisme, oui, effectivement, l'austérité peut conduire à la prospérité, mais seulement pour ceux qui sont déjà riches!
La ténacité de la droite est ahurissante. Les électeurs et partisans de Tim Hudak devraient ouvrir les yeux. Le rapport de Drummond met fin au soutien de l'industrie des courses de chevaux, réduit le nombre de casino à Niagara Falls et remet en question la préférence accordée aux vins ontariens à la LCBO. Ces mesures attaquent bien des gens dans la circonscription de Tim Hudak. En appuyant Drummond, le chef du PC laisse entendre qu'il peut se passer de ces gens. Les communautés rurales de l'Ontario, une bonne base de soutien pour le PC, seront elles aussi durement affectées. Les coûts y sont déjà élevés, et les frais d'utilisation que recommande Drummond auront un grave impact sur ces communautés.
Cet assaut est basé sur des hypothèses pessimistes relativement à la croissance économique future de l'Ontario. Il a émis des hypothèses très pessimistes, remises en cause par de nombreux économistes, qui jettent les bases de son attaque « multifronts » : moins d'enseignants, plus de machines à sous, moins d'hystérectomies, moins de chirurgies du genou et moins de césariennes. Drummond préconise la privatisation et décharge le Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées (POSPH) sur des municipalités déjà à court d'argent. Ses attaques sont soutenues par une augmentation des taxes sur les vices, des péages et des frais d'autobus scolaire dans les régions rurales. Drummond met l'accent sur les fermetures et la réduction des effectifs.
Il ne tient même pas compte de la possibilité de générer plus de recettes en augmentant les impôts ou, tout au moins, en mettant en place un système fiscal équitable. Pour l'instant, on offre échappatoires fiscales, arrangements spéciaux et abris fiscaux à ceux qui ont les moyens de payer. Il faut savoir que même si de telles exemptions disparaissaient, les riches resteraient riches.
Drummond déclare que toutes les recommandations de son rapport doivent être exécutées? Avec cette déclaration, Drummond réduit l'Assemblée législative et « nos » représentants au silence. Cela nous mènera tout droit à la catastrophe, pas au succès.
De nombreux programmes seront supprimés à travers la province. Les pires de ces suppressions affecteront les jeunes, pour qui l'éducation est importante. Une bonne éducation secondaire est à la base d'un diplôme collégial ou universitaire, d'une carrière dans les métiers ou de toute autre contribution précieuse au sein de la communauté.
Les étudiants réussissent mieux lorsque le système peut s'adapter à eux. Plutôt que la souplesse, Drummond insiste sur l'efficacité. Il recommande un paiement supplémentaire pour les étudiants qui, pour améliorer leurs résultats scolaires, décident d'étaler le programme actuel de 4 ans sur 5 ans. La question qu'on se pose est la suivante, qu'arrivera-t-il si l'enfant (ou ses parents) n'a pas les moyens de payer? En outre, Drummond veut éliminer la limite actuelle imposée aux coûts de l'éducation postsecondaire.
Comparons ces coupures gouvernementales à l'approche passive qu'il réserve à ses amis des niveaux supérieurs de l'administration gouvernementale. Personne ne devrait s'étonner qu'il ait, comme les politiciens, laissé tranquille les rangs gonflés de la haute direction, malgré la disparité énorme qui existe entre le nombre de dirigeants et le nombre de fournisseurs de services de première ligne.
Drummond n'a pas tiré de leçon des tentatives de privatisation passées. Un exemple récemment médiatisé est celui du service d'ambulances aériennes de l'Ontario et de sa transition à ORNGE. Nous voyons maintenant les résultats; l'argent destiné aux services de première ligne avait été détourné pour rémunérer et récompenser les dirigeants.
Nous devons voir Drummond pour ce qu'il est, un banquier à la retraite avec une pension généreuse. Il ne fait partie ni de la classe moyenne ni de la classe pauvre. Il s'est présenté et a été positionné comme un expert en tout. Quelques parties de son rapport ont du sens, mais la grande majorité n'en ont pas. Les pépites raisonnables disparaissent sous son approche du tout ou rien.
L'économie ontarienne a subi les effets néfastes énormes de nombreux défis, du libre-échange et de la globalisation. Durant tous ces changements, syndicats et groupes communautaires n'ont pas cessé de sonner l'alarme. On a noyé l'alarme dans les médias avec les intérêts particuliers des entreprises, qui déclaraient que les syndicats tenaient simplement à sauver les emplois des travailleurs syndiqués, à gonfler leurs coffres et à améliorer les prestations des travailleurs. Ils ont dit qu'il était injuste que les travailleurs syndiqués puissent obtenir, grâce à ce processus collectif, des conditions de travail meilleures que les autres travailleurs non syndiqués.
Et je réponds : « Coupable! ». Imaginez donc, des gens protégés par une convention collective, qui œuvrent pour le bien de la société tout entière plutôt que pour les intérêts de quelques-uns. Quel concept!
Même avec ces avertissements, nous nous retrouvons dans un pétrin collectif avec Drummond, qui fait ce que les banquiers ont toujours fait, soit protéger les intérêts des riches. Que nos dirigeants politiques lui aient accordé un tel pouvoir est effarant. En fait, ils lui ont confié la responsabilité de résoudre les problèmes que lui-même et ses pairs ont contribué à créer.
J'estime qu'un plan de relance ne devrait pas venir d'un individu ou groupe particulier. Nous devrions écouter différentes voix, y compris celle du mouvement des Indignés (Occupy). Contrairement aux dires de quelques-uns, leur message ne pouvait être plus clair. Ils ont reconnu le fossé entre les 1 pour cent et les 99 pour cent. Un fossé qui nous a permis de voir clairement où nous nous trouvons aujourd'hui : à un endroit où la distance qui sépare les riches des pauvres est toujours plus grande.
Les gens ont besoin d'un emploi intéressant avec un salaire et des avantages sociaux qui sont équitables et qui leur permettent de pourvoir à leurs besoins essentiels. Au Canada, ces besoins essentiels devraient comprendre un film en famille et un repas au restaurant de temps en temps – et ça, c'est sans compter les imprévus de la vie. Avec les actions d'individus comme Drummond et le manque d'action de certains de nos députés provinciaux, notre joie de vivre périclite.
L'Ontario peut faire mieux. Il est temps que les secteurs de l'économie aient une conversation d'adulte sur l'avenir. Sans elle, nous serons forcés de répéter les erreurs du passé. Cette conversation doit inclure les entreprises, les syndicats et le gouvernement. Un grand nombre de pays adoptent cette approche. Ensemble, en travaillant avec respect et d'égal à égal, on trouvera la voie de la prospérité. Si ça nous concerne tous, nous devrions alors tous avoir notre mot à dire sur la voie à suivre.
Solidairement,
Eduardo (Eddy) Almeida
Premier vice-président/trésorier
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