Dans notre syndicat, comme dans bon nombre d'autres, nous dirigeons naturellement notre attention sur les événements qui affectent directement nos membres. Les coupures à la FPO, les fermetures de prisons, le financement inadéquat des services aux personnes atteintes d'un handicap de développement, les problèmes dans les SAE, la santé mentale, la privatisation… toutes ces questions et bien d'autres tiennent nos militants occupés et engagés à l'égard de la protection des droits et de l'amélioration des services.
Notre syndicat est également constamment en négociations de nouvelles conventions collectives. Par exemple, la convention collective du personnel de soutien des CAAT expire le 31 août prochain. Bien des gens pensent que dans un tel climat économique, il ne pourrait y avoir de pire moment pour négocier un nouveau contrat. Toutefois, c'est dans un tel climat que nous devons redoubler de vigilance et veiller à ce que nos actions collectives, ou nos inactions, n'entraînent pas d'irréparables dommages dans l'avenir.
Nous devons faire l'effort de voir plus loin que le bout de notre nez pour examiner les conflits auxquels font aussi face d'autres travailleurs. La grève du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) en est un parfait exemple. Un des points majeurs sur lesquels l'employeur et le syndicat sont en désaccord est l'instauration d'un système de rémunération à deux niveaux. Si la Société canadienne des postes obtient ce qu'elle veut, les nouveaux employés des postes gagneront 30 pour cent de moins que leurs collègues qui font le même travail.
Ce concept, accompagné du remplacement des bons emplois à temps plein par des emplois moins bien payés à temps partiel ou en sous-traitance, constitue une des menaces les plus sérieuses que le mouvement ouvrier aura jamais dû braver. Gardons à l'esprit que la proposition d'un système de rémunération à deux niveaux de la Société canadienne des postes n'affecte aucun des travailleurs actuellement sur le piquet de grève. Ce pour quoi ces travailleurs se battent, c'est l'avenir des emplois à la Société canadienne des postes et l'avenir de nos enfants!
C'est à une situation semblable que nous devrons sans doute faire face dans le cadre des négociations du personnel de soutien des CAAT. Selon Statistique Canada, le secteur de l'éducation compte pour huit pour cent de tous les emplois au Canada, mais il compte aussi pour 22 pour cent de tous les emplois temporaires à contrat. Les collèges embauchent de plus en plus souvent des employés à temps partiel, des étudiants en enseignement coopératif et des contractuels. Le résultat est une perte des bons emplois à temps plein dotés de salaires décents.
Voici ce à quoi nos enfants et nos jeunes font face aujourd'hui et feront face dans un avenir très proche : trouver un emploi dans un marché complètement privé de bons emplois. Nos jeunes gens vont quitter leurs études et entrer sur le marché du travail pour réaliser que les postes de commis aux admissions dans les collèges ou d'employé des postes ne correspondent pas du tout à ce qu'ils s'attendaient en faisant leurs études voire même à ce qu'ils auraient pu imaginer. Mais comme pour bien d'autres jeunes gens avant eux, ces emplois devraient être des emplois de qualité, qui leur permettront de faire carrière et de s'engager à fournir une vie de services dévoués.
C'est pour cela que nous devons nous battre aujourd'hui pour les travailleurs de demain. Nos jeunes doivent eux aussi jouir de la perspective de bons emplois qui paient bien. En tant que citoyens canadiens, nous méritons de bons emplois bien rémunérés pour soutenir et contribuer à des pensions, à des soins de santé et à une économie communautaire viables et solides.
Mais ce n'est qu'ensemble que nous pourrons gagner. Nous devons défendre les bons emplois bien rémunérés et faire un sacrifice dans le court terme, au besoin, pour nous protéger tous et toutes dans le long terme. Nous le devons à nos enfants, à nos jeunes et à leur avenir.
Solidairement,
Eduardo (Eddy) Almeida
1er vice-président/trésorier, SEFPO
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