Élevons le débat!

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Justin Trudeau a récemment admis qu'il avait fumé de la marijuana depuis qu'il est député au parlement – une révélation à se décrocher la mâchoire. Cette révélation a même fait fureur et déclenché un débat national. Il est temps qu'on change de débat car cette histoire a fait couler assez d'encre. On peut avoir envie de nier la réalité, mais il faut bien revenir sur terre à un moment donné et voir la vérité en face.

Les médias de droite sont arrivés à convaincre de nombreux gens qu'ils doivent s'estimer heureux, se contenter de ce qu'ils ont et accepter leur sort. La baisse des salaires, des taux d'intérêt, de la densité syndicale et des attentes des gens se traduit par un sentiment inéluctable de fatalisme. Alors que l'économie continue de croître, la classe moyenne et les travailleurs à faible revenu continuent de subir. Cette ségrégation a réduit la majorité des gens au silence.

Mais on commence à voir des éclaircies apparaître entre les nuages. Les commentateurs des médias se rendent enfin compte qu'en paupérisant la classe moyenne, on appauvrit les consommateurs. Ils ont compris que l'accroissement de la classe moyenne engendre de la prospérité. On peut lire de plus en plus de manchettes du genre : « Mauvaises nouvelles pour la classe moyenne, encore pires pour l'économie. »

Alors, pourquoi faisons-nous toujours du surplace? C'est tout simplement une question d'argent. Des taux d'intérêt faibles sont une aubaine pour les riches. Les banquiers, ou « les argentiers » comme je préfère les appeler, ont convaincu la classe moyenne et les travailleurs à faible revenu que les bas taux d'intérêt, et non pas les augmentations de salaires, constituent le meilleur remède pour lutter contre les difficultés économiques. Cela a conduit à un système d'emprunts à bon marché. Tandis que les riches accumulent toujours plus d’investissements, le crédit bon marché remplace les véritables augmentations de salaire pour la classe moyenne, les familles et les travailleurs à faibles revenus.

Les bas taux d'intérêt peuvent détruire les régimes de retraite à prestations déterminées. De nombreux Canadiens estiment aujourd'hui que ceux qui pensent qu'on devrait avoir une retraite décente fument probablement les mêmes substances que Justin Trudeau. Encore une fois, c'est faux! Une retraite décente n'est pas un luxe, mais une nécessité.

Les investisseurs financiers profitent des stratégies qui favorisent les bas salaires. D'abord, ils exagèrent la distinction entre les nantis et les démunis. L'argent qui aurait dû servir à réduire l’écart entre une société avec des bas salaires et une société avec des salaires suffisants finit par se retrouver dans les coffres des riches.

Des bas salaires se traduisent par de faibles revenus pour le gouvernement, qui reçoit moins d'argent pour procurer les services publics. Pour aggraver les choses, on a bridé notre système d'impôt progressif. Le taux d'imposition le plus élevé (à un taux qui n'est pas d’ailleurs pas si élevé), qui s'applique à un revenu annuel de 135 000 $, est identique pour tous les revenus au-dessus de ce seuil, contrairement à de nombreux pays où les personnes qui gagnent de très hauts revenus sont soumises à des taux d'imposition plus élevés.

Les partisans du président républicain Reagan avaient un nom pour cette approche : « Affamer la bête ». En d'autres termes, ils réduisaient la taille de l’État en diminuant les impôts et en le privant de recettes. Cette politique avait entrainé l'aggravation de la dette publique et le gouvernement avait été accusé publiquement de gaspiller l'argent et de créer des déficits. Les gens avaient fini par comparer cette politique à un comportement compulsif aussi grave qu'une dépendance au crack ou à la cocaïne. Au lieu de favoriser l'équité et la prestation de services publics pour toutes et tous, le gouvernement était perçu comme gaspilleur et inefficace.

On a désormais des attentes bien plus modestes. Quand on est malmenés, opprimés et exploités économiquement, il est difficile de lutter. Ceci est aussi vrai quand on sape la crédibilité d'organisations comme les syndicats. Les syndicats peuvent contrer le pouvoir des riches et des privilégiés et doivent maintenir leurs efforts afin que les gens comprennent que les syndicats sont de leur côté. La Fête du travail est l'occasion de soutenir ces efforts. Pour le SEFPO, le lundi 2 septembre est le jour où on célèbre l'apport du passé et le début d’une autre année de réussite. En informant et en mobilisant, nous avons réussi à changer le discours public et nous sommes devenus un exemple à suivre. C'est pourquoi le SEFPO est le syndicat de l'Ontario dans un monde qui change.

Il est à nouveau permis de défendre la classe moyenne, les familles et les travailleurs à faibles revenus. Les gens se rendent compte que les riches sont à la tête de notre province. Motivés par la cupidité et l'intérêt personnel, ils sacrifient le bien-être des travailleurs pour s'emparer de ce qu'ils estiment être leur dû.

Plutôt que de débattre de la fumette de Justin Trudeau, parlons plutôt d'augmentations de salaires, de nouvelles attentes, de l'amélioration des normes de travail et d'une meilleure place pour les travailleurs au sein de la société. Avec plus d'équité, notre économie pourra croître comme une mauvaise herbe – et créer de la prospérité pour toutes et tous.

Solidairement,
Eduardo (Eddy) Almeida
Premier vice-président/trésorier

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