On peut à présent décrypter les résultats des dernières élections partielles : des résultats pleins d'espoir et de bon augure pour l'avenir. Comme on pouvait s'y attendre, les stratèges en communications des partis politiques ont fait de leur mieux pour présenter les résultats sous un angle positif. Laissons leur langue de bois de côté pour examiner trois thèmes émergents.
Premièrement, les électeurs ontariens ont envoyé un message clair aux libéraux et à leur chef. Ils ne tolèrent plus la malhonnêteté et les intérêts politiques partisans. Ils ont indiqué à la première ministre Wynne qu'ils souhaitent qu'elle abandonne la politique d'austérité qui avait été mise de l'avant par ses prédécesseurs. Les coupures draconiennes qui paralysent l'économie de l'Union européenne sont considérées par les électeurs de l'Ontario pour ce qu'elles sont : un moyen qui permet aux riches de s'enrichir encore plus.
Deuxièmement, les gens sont fatigués des jeux politiques et des politiciens qui parlent à coups de petites phrases.
Tim Hudak, qui illustre bien ces deux aspects, était tout sourire pendant la campagne électorale. Il s'est laissé aller à des jeux politiques pour minimiser les attentes, tout en espérant que la tendance annoncée par les sondages d'opinion lui ouvrirait le chemin du succès. Il croyait que son parti ferait des gains importants. En examinant les résultats, on s'aperçoit qu'il s'est trompé au même titre que ses conseillers et que les instituts de sondage.
Pourquoi la droite a-t-elle eu tout faux sur toute la ligne? Tout a commencé avec la publication des ridicules livres blancs du Parti progressiste conservateur, qui s'attaquaient aux droits syndicaux et qui sont inspirés d'un personnage tout aussi ridicule et ultra-conservateur, Randy Hillier. Pour couronner le tout, les cinq candidats conservateurs de l'équipe Hudak étaient tous des hommes bien représentatifs de ces idées politiques : réduire les impôts, éliminer les syndicats, démanteler les services publics et faire en sorte que les petits copains à la tête des sociétés obtiennent tout ce qu'ils veulent.
Résultat final : un seul candidat conservateur élu. C'est grâce à la notoriété de leur candidat, le maire-adjoint de Toronto (qui s'était mis en congé) appuyé par les frères Ford, si les conservateurs ont décroché cette victoire dans la RGT. L'ironie de la chose c'est que Tim Hudak a tout fait pour se tenir à l'écart des fameux frères Ford depuis le scandale de la vidéo montrant Rob en train de fumer du crack.
Le lendemain des élections, Hudak a même prononcé un discours de victoire très étrange. Écrit à l'avance en fonction des résultats escomptés, son discours était loin de refléter la réalité et les résultats des élections. Tim était en pilote automatique jusqu'à la dernière ligne. Je parlerai d'une situation vraiment embarrassante.
Hudak, défait dans quatre circonscriptions sur cinq, a déclaré ce qui suit lors des conférences de presse :
« Nous avons remporté le plus grand nombre de votes dans la province, le plus grand nombre de voix dans la ville de Toronto et ça va se traduire par des gains importants lors des prochaines élections. » Mais aussi : « Ces résultats montrent que les électeurs de l'Ontario veulent du changement, c'est-à-dire davantage d'emplois, de meilleurs salaires et un plus grand respect pour les contribuables. »
Vous dites langue de bois! À l'exception d'une seule circonscription, les résultats du vote sont fortement en faveur des néo-démocrates qui ont fait élire leur candidat avec 61 % des voix dans la circonscription de Windsor. Le discours de Hudak est loin de refléter la réalité – le candidat conservateur n'ayant obtenu que 20 % des voix. Ainsi, l'élection de deux candidats néo-démocrates contre un pour les conservateurs montre que la population estime que les politiques néo-démocrates sont les meilleures. Il y a là matière à réfléchir Tim!
Troisièmement, les Ontariens ont reconnu et récompensé un travail décent et bien fait.
Andrea Horwath et les néo-démocrates sortent renforcés au soir de ces élections. D'abord, ils ont remporté une victoire massive dans Windsor–Tecumseh, l’ancienne circonscription de Dwight Duncan, l'ancien ministre des Finances. Ensuite, ils ont gagné, avec une grande marge, à London–Ouest, l’ancienne circonscription de Chris Bentley, l'ancien ministre de l'Énergie. Ils sont en outre passés très près de décrocher une victoire quasi impossible dans Scarborough–Est.
Les néo-démocrates ont montré qu'avec le bon candidat, un bon message et le bon chef, ils peuvent gagner le vote des personnes qui souhaitent des changements progressistes. La gauche a visé juste. Je suis fier de dire que le SEFPO était aux côtés de ces candidats dans chacune des circonscriptions électorales.
Alors récapitulons! Les cinq sièges de députés en jeu dans les élections partielles du 1er août étaient détenus auparavant par d'anciens ministres du gouvernement libéral. Ont été élus deux libéraux, deux néo-démocrates et un conservateur. Parmi eux, il y a deux femmes, deux septuagénaires et un ex-adjoint de l'ex-premier ministre McGuinty.
En règle générale, les politiciens sont des gens très agréables. Ils doivent être capables, compte tenu des exigences de leur travail, de créer un lien de confiance avec les électeurs. Pour certains d'entre eux c'est une qualité déguisée, alors que pour d'autres c’est une qualité innée. C'est la raison pour laquelle je tiens à mentionner le candidat gagnant dans Ottawa–Sud, le libéral John Fraser. Oui, il est libéral, mais il est surtout un gars très sympa qui se dévoue corps et âme pour résoudre les problèmes.
On peut également tirer quelques autres enseignements de ces élections partielles. Alors que les médias du monde des affaires ont pris clairement position contre le NPD, la population de l'Ontario a fait tout le contraire.
On voit que le Toronto Sun (et ses autres publications satellites un peu partout ailleurs) appuie sans vergogne les conservateurs. De la même façon, le Globe et le National Post lui ont emboîté le pas. Quant au Toronto Star, on constate qu'il est un allié du Parti libéral. Même les petits journaux communautaires, qui sont sous le contrôle de sociétés, ne manquent jamais une occasion de mettre la photo d'un candidat ou d'un politicien de droite à la une.
En revanche, félicitons-nous que les gens se détournent de la presse partisane et cherchent à savoir ce qui se passe vraiment par le biais des médias sociaux. C'est pourquoi, malgré les obstacles, les néo-démocrates ont le vent dans les voiles.
En Ontario, le gâchis ne date pas de la dernière décennie. Depuis l'ère du gouvernement libéral Peterson, les scandales, la dérision et l'hostilité politique accablent l'Ontario. Peterson, Rae, Harris, Eves et McGuinty ont déçu. Ils ont joué à qui perd gagne en faisant des jeux politiques – donnant la priorité à la politique partisane afin de favoriser leur propres intérêts – prenant des décisions au détriment de la province et de sa population.
De nos jours, chaque chef de parti provincial essaie de se distancer de l'héritage de son prédécesseur. Pour la première ministre Wynne et Tim Hudak, tous les deux ayant servi dans les cabinets de premiers ministres qui ont abusé de leur pouvoir, prétendre être blanc comme neige sera difficile, voire impossible.
Andrea Horwath est la seule chef qui n'a pas de fantômes dans son placard. N'ayant rien à voir avec la période Bob Rae, elle est en outre une travailleuse infatigable. C'est-à-dire que le chemin est dégagé pour Andrea et son équipe (composée maintenant de 20 députés provinciaux).
Pour la population de l'Ontario et le NPD, honnêteté et compassion sont de nouveau en haut de l'affiche. Les élections du 1er aoûtviennent de le prouver.
Solidairement,
Eduardo (Eddy) Almeida
Premier vice-président/trésorier
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