La semaine dernière, j'ai eu le privilège d'être invité à une réunion d'activistes du SEFPO à Sault-Ste-Marie. Comme on dit souvent, le chemin à parcourir importe parfois autant que la destination. Et ce fut le cas pour moi pendant ce voyage.
Lors de mon vol à destination de Sault-Ste-Marie, j'ai eu le plaisir de faire la connaissance d'un jeune homme marié depuis peu. Lui et sa conjointe voulaient fonder une famille. Après quelques propos aimables banals, nous nous sommes mis à parler de nos occupations. Le jeune homme, un avocat d'entreprise. Moi, le vice-président d'un syndicat. À priori, nos différences semblaient faire de nous une paire bien étrange. Mais l'étions-nous vraiment?
J'ai vite compris que les personnes qui lui avaient servi de mentors dans le monde des affaires avaient imprégné en lui le message suivant : « Les syndicats sont superflus ».
Après en avoir dit autant, il s'est arrêté et a ajouté, presque d'un air contrit, « N'est-ce point vrai? »,
Une fois cette porte ouverte, j'ai poliment fait irruption avec ma réponse : « Eh bien mon cher, pas exactement… »
Une occasion sans précédent s'offrait à moi : l'occasion de renseigner; celle de répandre la bonne nouvelle sur la réalité du mouvement ouvrier pour les travailleurs; celle d'expliquer comment le mouvement ouvrier contribue à créer une classe moyenne solide. L'occasion aussi d'expliquer ce que font les syndicats pour ceux et celles qui cherchent à entrer dans la classe moyenne. Une simple occasion dont j'ai su profiter pendant une heure et demie.
À la fin de la conversation, si j'avais pu offrir une carte d'adhésion syndicale à ce jeune homme, il l'aurait volontiers acceptée et signée.
Mes amis, c'est ainsi que nous parviendrons à convaincre les gens. En leur disant la vérité. En les aidant à la comprendre et à l'accepter. Une personne à la fois; une simple conversation après l'autre. Après tout, les travailleurs syndiqués jouissent d'avantages qui profitent à tout le monde. Nous n'avons pas besoin de nous excuser de vouloir un salaire suffisant pour vivre, de bons avantages sociaux, des conditions de travail sûres et des pensions décentes. Ce sont les ingrédients d'une société saine et d'une économie florissante.
Des travailleurs responsabilisés sont plus productifs. Des travailleurs responsabilisés contribuent à un puissant moteur économique. Des travailleurs responsabilisés fondent des collectivités saines. Ce que nous voulons pour nous-mêmes, nous le voulons pour tout le monde.
Les grandes entreprises n'embauchent que les travailleurs qui contribuent à leur rentabilité. Elles ne créent pas d'emplois supplémentaires et ne redistribuent pas leurs richesses. Pour le faire, il faut qu'elles en soient obligées. Et c'est là que nous faisons notre entrée.
En Europe, des millions de travailleurs sont descendus dans les rues pour protester contre l'austérité. Pourquoi? Ils ont compris que les entreprises aiment l'austérité. L'austérité réduit les attentes des travailleurs, diminue le coût de la main-d'œuvre et contribue à des profits record pour les entreprises.
Les États-Unis se dirigent vers un « précipice budgétaire », une expression sexy qui désigne les hausses d'impôts au sein de la classe moyenne et les réductions dans les dépenses publiques. Nos cousins américains comprennent bien ce que cette expression signifie vraiment : Austérité. Et ils ont clairement dit à leurs dirigeants politiques de « régler le problème ».
Dans ces juridictions, ce sont les syndicats qui ont lancé la conversation. Nous suivons cette voie ici même en Ontario. Vous vous souvenez de ces t-shirts du SEFPO qui disaient non à l'austérité et oui à la prospérité? Le message a trouvé écho.
L'augmentation des salaires est la réponse. L'équité du régime fiscal est la réponse. Le partage des richesses est la réponse. La vitalité des syndicats est la réponse.
Le vieux stéréotype d'extrême-droite qui dit que notre travail consiste à protéger les travailleurs paresseux et incompétents ne tient pas debout. Nous ne sommes pas des rapaces. Les faits ne soutiennent simplement pas un tel mensonge. Nous défendons plutôt les droits et les responsabilités. Nous tenons à ce que chacun et chacune fasse sa part des choses. Et ce, afin que nous ayons tous et toutes une part équitable des richesses de la société.
Tout cela en l'espace d'un vol vers Sault-Ste-Marie! À mon arrivée, j'étais gonflé à bloc. Et nos membres à Sault-Ste-Marie l'étaient tout autant.
Chères consœurs et chers confrères, nous devrons toujours lutter. Arborez cet insigne avec fierté. Nous ne lâcherons pas prise. La justice est de notre côté. Et ça vaut la peine d'en parler.
Pour terminer, je tiens à remercier ma famille au SEFPO et ma propre famille qui m'ont appuyé pendant cette période difficile d'adieux à mon père bien-aimé. Je n'oublierai pas votre bienveillance. Mon père, Antonio Almeida, a immigré au Canada à la recherche d'une vie meilleure. Cet homme, marié depuis 57 ans avec ma mère, Maria, a élevé quatre garçons courageux.
Cet homme, qui a toujours donné à sa communauté, m'a inculqué un esprit combatif. En portugais, il disait toujours, « Eduardo, cultive un corps solide et un grand cœur, écoute plus que tu parles et ne baisse jamais les bras ».
Repose en paix papa. Que Dieu te bénisse.
Solidairement,
Eddy
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