Bienvenue en 2018. Comme si cela ne suffisait pas que le premier PDG du Canada gagne d’ici midi ce que nos travailleurs les moins bien payés gagnent toute l’année, certaines grosses boîtes se permettent de réagir de façon scandaleuse à l’augmentation du salaire minimum en Ontario.
Tim Hortons a mené l'assaut en souhaitant la Bonne Année à ses employés. La marque autrefois iconique associée aux trous de beigne (Timbits) et familles de hockeyeurs a unilatéralement décidé de couper sur les salaires et avantages sociaux des travailleurs de l’industrie des services, citant des coûts croissants et une diminution des profits. Pire encore, les coupables, co-propriétaires d’un magasin Tim Hortons de Cobourg, descendent directement des co-fondateurs de la société, Ron Joyce et Tim Horton, l’ancien joueur des Maple Leaf. Les Ontariens ne se sont pas laissé berner et ont en grand nombre envoyé Jeri Horton-Joyce et Ron Joyce Jr sur le banc des pénalités de l’opinion publique.
Suite à cette malheureuse décision, quelques autres magasins Tim Hortons ont annoncé qu’ils élimineraient les pauses payées de leurs employés et leur demanderaient de payer entre la moitié et les trois quarts du coût de leurs avantages sociaux, selon leurs états de service. Les reproches n’ont pas tardé et ces magasins sont désormais sous le regard réprobateur du mouvement syndical entier, pour ne pas mentionner des clients qui règlent les comptes de ces établissements.
Dans le cas de Tim Hortons, cette petite ruse qui consiste à donner d’une main et à reprendre de l’autre vient de franchises qui jouissent de l’appui d’une grosse multinationale qui a entassé des centaines de millions de dollars de profits rien que dans le troisième trimestre de l’an dernier. Pourquoi cherchent-ils à pénaliser un serveur qui a de la peine à joindre les deux bouts avec un salaire de subsistance? Eh bien, c’est parce qu’ils pensaient qu’ils pourraient le faire impunément.
Toutefois, les temps ont changé. La vie des travailleurs change lentement mais sûrement. La grève de cinq semaines du personnel scolaire des CAAT a mis le travail précaire sur l’écran radar comme jamais auparavant. La convention collective de la Division des employés de la Régie des alcools de l'Ontario a touché une corde sensible en ce qui concerne la question de l’équité salariale pour les travailleurs à temps partiel. Et notre campagne de syndicalisation des employés à temps partiel membres du personnel de soutien des CAAT, la plus grande de l’histoire du Canada, finalement arrivée à ses fins après une longue lutte contre un employeur tyrannique, prouve que les droits des travailleurs et le mouvement syndical sont en plein rebond. Je suis si fier du rôle de notre syndicat dans ce renouveau.
Les gens posent désormais les questions importantes qui doivent se poser sur l’égalité. Qu’en est-il de l’équité? Et de l’écart salarial? Quel genre de société voulons-nous laisser à nos enfants et petits-enfants?
Nous avons repoussé d’habiles slogans de la droite. Nous avons renforcé l’idée qu’on ne peut faire plus avec moins. On peut seulement faire moins avec moins. Le secteur privé ne le fait pas toujours mieux. Le succès de notre campagne Ça nous appartient prouve que les services publics sont importants, qu’un salaire de subsistance est essentiel pour chacun et chacune d’entre nous et qu’il est temps que tout le monde paie sa juste part pour la société que nous voulons tous.
Sans le savoir, Tim Hortons joue peut-être un rôle très important ici. En mettant en évidence l'avarice de certains, ils ont fait la lumière sur l’importance de l’équité. Les descendants des familles fondatrices ne s'attendaient certes pas à cette réaction. Ils s'attendaient à faire ce qu’ils ont toujours fait, contrôler le jeu. Mais pas cette fois. D’une voix forte, le peuple de l’Ontario a dit : « Vous ne nous aurez plus! Votre jeu de puissance est terminé. Nous voulons l’équité au travail. Nous demandons l’équité. »
Mais nous devons rester vigilants. Nous devons continuer d’avancer ensemble parce que la lutte pour les travailleurs n’est jamais vraiment finie. Célébrons toutefois nos victoires, sachant que nous faisons une différence. À la façon du SEFPO. En se serrant les coudes.
Solidairement,
Eduardo (Eddy) Almeida
Premier vice-président/trésorier, Syndicat des employés de la fonction publique de l'Ontario
@OPSEUEddy
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