Crise de la main-d'œuvre et du financement dans les centres pour les jeunes du Sud-Ouest de l'Ontario : Message de la présidente Hornick au MSESSC

JP Hornick, présidente de l’OPSEU/SEFPO, exhorte le ministère des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires (MSESSC) à se pencher sur la crise de la main-d’œuvre et du financement qui sévit dans quatre centres pour les jeunes de l’Ouest de l’Ontario et à augmenter le financement de base, afin que les jeunes placés dans des établissements de garde en milieu fermé et ouvert bénéficient des services et des programmes auxquels ils ont droit en vertu de la loi.

Les quatre centres sont le centre Craigwood, le centre Arrell, le centre Peninsula et le centre George R. Force. Les travailleurs de ces centres pour les jeunes sont représentés par les sections locales 166 (Craigwood) et 216 (Arrell, Peninsula, et George R. Force) de l’OPSEU/SEFPO.

JP Hornick a décrit la situation de crise dans ces quatre centres dans une lettre adressée à la directrice du MSESSC pour la Région de l’Ouest :

Le 22 janvier 2023

Eden Cantkier, directrice – Région de l’Ouest
Ministère de l’enfance, des Services sociaux et communautaires de l’Ontario

OBJET : Demande de réunion pour aborder la crise de main-d’œuvre urgente aux Craigwood Youth Services, Arrell Youth Centre, Peninsula Youth Centre et George R. Force

Madame,

Je vous écris au sujet d’une situation urgente et très inquiétante dans trois centres de garde pour jeunes en milieu fermé et un établissement de garde en milieu ouvert de la région de l’Ouest de l’Ontario, dont le personnel est représenté par l’OPSEU/SEFPO : Craigwood Youth Services (CYS), Arrell Youth Centre, Peninsula Youth Centre et George R. Force.

La section locale 166 de l’OPSEU/SEFPO représente les travailleurs de l’unité de sécurité Woodview du centre Craigwood, qui offrent un soutien aux jeunes délinquantes en détention. La section locale 216 de l’OPSEU/SEFPO représente les travailleurs qui offrent un soutien aux jeunes délinquants de sexe masculin aux centres Arrell et Peninsula, qui sont des centres de détention pour jeunes en milieu fermé, et au centre George R. Force, un centre de garde en milieu ouvert.

La santé et la sécurité des jeunes, du personnel et de la communauté sont gravement menacées par le manque de fonds et d’effectifs. Depuis la fermeture de plus de 25 établissements correctionnels réservés aux jeunes en 2021, les autres organismes sont en pleine crise, luttant pour retenir leur personnel qualifié et pour combler les besoins de jeunes gens vulnérables sans financement adéquat. La situation est insoutenable.

Le ministère ne peut s’attendre à ce qu’on offre le type de soins prescrit sans le financement adéquat, après 17 ans sans augmentation du budget de base. L’OPSEU/SEFPO recommande une augmentation du financement de base, afin de pouvoir répondre à la crise dans ces centres de détention pour les jeunes, en :

  1. alignant les taux de salaire aux taux de la Fonction publique de l’Ontario, afin de conserver et de former du personnel qualifié et engagé;
  2. augmentant le ratio de personnel et en embauchant plus de personnel pour améliorer la programmation et la sécurité;
  3. créant des postes à l’interne pour offrir du soutien psychologique et en santé mentale aux jeunes;
  4. augmentant l’allocation de fonds pour la nourriture et les besoins des clients/personnels.

Les jeunes clients de ces centres ont des antécédents variés, des besoins complexes et ont souvent souffert de graves traumatismes. Certains jeunes s’infligent de graves blessures, d’autres ont été victimes de trafic, et la plupart ont des antécédents de crimes violents. Comme il y a moins de lits disponibles dans la province, bon nombre de ces jeunes sont loin de leurs communautés et n’ont pas accès au soutien de leur famille. En particulier dans les établissements de détention en milieu fermé, les jeunes sont transportés loin de leurs communautés, ce qui ajoute des coûts de transport exorbitants et les oblige à purger de plus longues peines en raison des défis liés à l’organisation du transport.

Il y a des différences énormes entre les centres pour jeunes dirigés par une agence et ceux qui relèvent directement de la Fonction publique de l’Ontario. Les salaires constamment bas et les conditions de travail dangereuses dans les centres de jeunesse relevant d’une agence ont donné lieu à une crise de la main-d’œuvre qui fait qu’il est difficile de satisfaire les besoins des jeunes et de leurs familles. Il n’y a pas assez de personnel pour administrer les médicaments, préparer les repas, gérer les cas, faire l’entretien ménager et offrir des programmes sécuritaires tout en assurant la sécurité de tout le monde. Les heures supplémentaires nécessaires contribuent à l’épuisement du personnel et à un stress qui entraîne des problèmes de santé mentale.

Le manque de fonds alloués par le ministère pour les programmes et les ressources dans les centres pour les jeunes et les foyers de groupe relevant d’une agence a un impact néfaste sur leur population. Les jeunes qui se trouvent dans des établissements bénéficiant de paiements de transfert ont moins souvent accès à des programmes de gymnastique et autres activités physiques, programmes d’arts, d’aptitudes à la vie quotidienne et autres, dont profitent les jeunes dans les établissements exploités directement par la Fonction publique de l’Ontario. Les budgets consacrés à la nourriture et aux besoins personnels, qui comprennent les soins dentaires, les articles liés aux programmes pour les jeunes et les besoins culturels, sont gelés depuis des années, malgré des coûts qui ont grimpé en flèche.

Les centres pour les jeunes et les foyers de groupe bénéficiant de paiements de transfert ont de la difficulté à attirer et à retenir de nouveaux employés en raison de leurs salaires inadéquats. Au centre Craigwood-Woodview, on voit des travailleurs avec plus de 15 ans de service quitter le centre en raison de surmenage et de salaires insuffisants malgré des journées de plus de 13 heures dans certains cas et de 32 heures d’affilée dans d’autres. Certains travailleurs avec des personnes à charge sont obligés d’avoir deux emplois parce qu’ils n’arrivent pas à joindre les deux bouts avec le salaire inadéquat de leur emploi à temps plein. Les travailleurs qui effectuent le même travail avec les mêmes jeunes à la Fonction publique de l’Ontario (FPO) gagnent 20 $ de plus de l’heure.

Je vous demande d’intervenir immédiatement et d’accorder des augmentations de financement permanentes pour que les jeunes bénéficient des services et des programmes auxquels ils ont droit en vertu de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. Je crains de graves conséquences pour les jeunes et pour les travailleurs si l’on ne règle pas immédiatement le problème du manque d’effectif en augmentant le financement de base. Rien ne justifie de prendre des raccourcis dans les programmes offerts à cette population vulnérable.

J’aimerais vous inviter à rencontrer quelques représentants des travailleurs de première ligne membres des sections locales 166 et 216 de l’OPSEU/SEFPO, afin de trouver une solution à ces questions urgentes dans ces quatre établissements pour les jeunes. Veuillez communiquer avec Jonathan Guider, président du secteur des Services correctionnels du SP, pour fixer un rendez-vous.

Veuillez agréer, Madame, mes salutations distinguées.

JP Hornick
Présidente de l’OPSEU/SEFPO

 

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